Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥♥]
Le jeune Eli est en proie à une maladie inconnue et débilitante qui l'oblige à vivre complètement isolé du monde extérieur. Après avoir épuisé toutes les options, ses parents décident de mettre leur confiance, et la vie de leur fils, entre les mains d’un médecin dont les traitements novateurs et expérimentaux semblent être le dernier espoir de guérison d'Eli. Mais au cours du processus thérapeutique particulièrement éprouvant, l'enfant commence à vivre des expériences étranges qui le hantent, et finit par se demander à qui il peut vraiment se fier et ce qui se cache dans cette maison.
Après Sinister 2, Eli marque le retour de Ciarán Foy au cinéma. Enfin presque, puisque Paramount, ne sachant trop comment vendre son bébé a préféré le refiler à Netflix. Tant mieux, puisque ce film d'épouvante pas comme les autres surpasse de loin les dernières sorties du genre chapeautées par la plateforme de SVoD.
Initialement prévu pour le début de cette année, c'est finalement – cela devient une habitude – par le biais de Netflix que débarque la dernière réalisation de Ciarán Foy. Cela fait quatre ans que l'on attendait son retour au "cinéma" après Sinister 2, second volet honorable d'un diptyque horrifique produit sous le giron de Blumhouse et surtout, Citadel, thriller paranoïaque et premier long-métrage qui laissait présager du très bon pour la suite. Ciarán Foy ayant développé un talent certain lorsqu'il s'agit de donner une épaisseur psychologique à son récit et à ses héros, on ne peut qu'apprécier, à l'instar d'un Andy Muschietti, une vraie valeur ajoutée sur des projets a priori peu enclins à quitter le chemin bien balisé par les prétentions commerciales des producteurs.
Ciarán Foy poursuit donc sur sa lancée et s'intéresse cette fois au parcours chaotique d'un enfant gravement atteint par un inexplicable dérèglement immunitaire que ses parents, désespérés, tentent de soigner par le biais d'un mystérieux traitement soi-disant miraculeux. Le cadre étant ainsi posé, on s'attend, à raison, aux traditionnelles histoires de savants fous, dans un hôpital angoissant hanté par les fantômes flippants d'anciens patients. Et en effet, sur place, le gamin découvre que le traitement n'a rien d'une sinécure mais, et c'est là que le film se détache efficacement du tout-venant, rien dans le comportement des fantômes, des parents, de la copine de l'extérieur et même du personnel de l'établissement, ne colle vraiment. Et pour cause, en même temps qu'Eli, le spectateur va voir se dessiner progressivement une réalité qui dépasse tout ce qu'il pouvait imaginer.
Sans être révolutionnaire, la mise en scène de Ciarán Foy fait le boulot en offrant de belles séquences transcendées par la photographie particulièrement soignée de Jeff Cutter (Esther, 10 Cloverfield Lane) et accompagnée d'un score inspiré signé Bear McCreary (Child's Play : La Poupée du mal, Happy Birthdead 2 You, The Boy). Des postes techniques essentiels qui ont tendance à élever ce récit définitivement pas comme les autres. En effet, le scénario signé David Chirchirillo (Cheap Thrills), Ian Goldberg et Richard Naing (The Jane Doe Identity) cherche véritablement à prendre le public à revers et bien qu'on retrouve les incontournables poncifs de l'épouvante que viennent renforcer d'évidents secrets, Eli propose une histoire moins monotone qu'on pouvait le craindre. Cette salade de mensonges, de non-dits et de dissimulations a tendance à susciter des réactions étonnantes chez les personnages, parfois même risibles, et il faudra attendre la dernière bobine pour mieux comprendre leurs motivations. De manière générale, Ciarán Foy parvient à maintenir un certain niveau de suspense, flanquant rarement, mais efficacement, la pétoche et s'appuyant sur l'évolution de ses personnages pour relancer l'intrigue à chaque fois que le vernis des apparences commence à craqueler.
Pour rendre crédible ce jeu de faux-semblants, il vaut mieux avoir une distribution en béton armé. Heureusement, c'est le cas. Le jeune Charlie Shotwell (Captain Fantastic, The Nightingale), dans le rôle-titre, surprend et porte littéralement le projet sur ses épaules, parvenant à hisser le film bien au-delà des attentes. C'est la non moins talentueuse Kelly Reilly (Sherlock Holmes, Flight) qui lui donne la réplique. Sans atteindre sa performance dans Eden Lake – qui a traumatisé bon nombre de couples amateurs de camping sauvage – elle incarne avec conviction cette mère impuissante, rongée par la peur de ne pas pouvoir guérir son enfant. Max Martini (Colombiana, Pacific Rim) interprète le père qui a tout misé sur le traitement de la dernière chance. Sans oublier Lili Taylor (Six Feet Under, Conjuring : Les Dossiers Warren) en docteure froide et bizarre et Sadie Sink (Stranger Things 2) dans le rôle de la voisine de l'extérieur.
S'il peut sembler parfois un peu confus, présentant des personnages aux comportements à première vue incohérents, c'est surtout que l'intrigue se construit, au-delà de l'arc narratif propre à Eli, à partir des mensonges de son entourage qui viennent apporter une lumière nouvelle au fur et à mesure qu'ils sont dévoilés. Des éléments qui s'éclaircissent lors d'une dernière bobine explosive, plutôt inattendue. Après, libre au spectateur de poser ses limites en termes de poncifs, mais de ce côté, il ne faudra effectivement pas rechercher autre chose que les codes actuels du cinéma horrifique, récités à la lettre.
N.F.T.
EN BREF
titre original : Eli
distribution : Charlie Shotwell, Kelly Reilly, Max Martini...
pays d'origine : États-Unis
budget : N.C.
année de production : 2019
date de sortie française : 18 octobre 2019 (SVoD - Netflix)
durée : 98 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 3.5/5
† EXORCISME †
▲ Réalisation soignée
▲ Récit surprenant
▲ Charlie Shotwell convaincant
- DÉMYSTIFICATION -
▼ Des réactions de personnages parfois peu crédibles
▼ Pas de sortie en salle
▼ Se cantonne aux poncifs du genre
LE FLIP
Eli coursé par un fantôme dans un couloir sombre...
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