LE SECRET DES MARROWBONE (2017/2018) de Sergio G. Sánchez [Critique]

Évaluation du dossier : 3.5/5 []

Pour ne pas être séparés, Jack, 20 ans, et ses jeunes frères et sœurs décident de dissimuler le décès de leur mère qui les élevait seule. Ils se retrouvent livrés à eux-mêmes dans la maison familiale isolée où ils ont élu domicile quelques mois plus tôt. Mais bientôt, d’étranges phénomènes indiquent qu’une présence malveillante hante leur unique refuge…


Prenez les producteurs de L'Orphelinat et The Impossible, offrez le poste de réalisateur au scénariste de ces films et vous obtenez Le Secret des Marrowbone, une œuvre mélancolique globalement réussie, bien qu'avare en frisson.

Qu'il est compliqué de parler de ce type de film sans déflorer les secrets qui font leur principal argument. Impossible non plus de citer des références trop évocatrices qui risqueraient encore de trop en dévoiler sur l'histoire. Nous éviterons donc les comparaisons cinématographiques trop précises. On peut toutefois dire que Le Secret des Marrowbone est une nouvelle fois la preuve que les histoires de famille dysfonctionnelles inspirent le cinéma et que nos voisins espagnols n'ont pas fini de nous livrer des histoires aussi angoissantes qu'émouvantes. Si la menace n'est ici pas clairement identifiée pendant une bonne partie du film, elle se dévoile progressivement lorsqu'au décès de la maman, l'aîné fait la promesse de veiller sur ses frères et sœurs. Par la suite, tout semble indiquer que les choses ne se passeront pas comme prévu, le réalisateur brouillant dès lors habilement les pistes sur l'origine des maux de la fratrie fraîchement baptisée Marrowbone.


Sergio G. Sánchez, surtout connu pour son activité de scénariste sur The Impossible, L'Orphelinat et The End, livre une première œuvre de cinéma aboutie. Il nous embarque avec un indiscutable savoir-faire dans cette histoire de hantise empreinte d'une ambiance gothique à l'anglaise, voire à la française pour ceux qui ont un jour donné sa chance à Derrière les murs de Pascal Sid et Julien Lacombe. Bref, l'esprit d'Edgard Allan Poe ou Lovecraft pour la littérature et des Innocents de Jack Clayton ou Rebecca d'Alfred Hitchcock pour le cinéma, semble planer sur Le Secret des Marrowbone et son sujet central autour du deuil, de la hantise et de la menace d'un monstre insaisissable n'y est pas étranger. Bien que certains éléments pourraient perturber les plus aguerris, à la recherche d'émotions nouvelles, il faut bien avouer que le film est techniquement très réussi. Notamment la remarquable photographie de Xavi Giménez (Fragile, Darkness, La Secte sans nom) qui instaure d'entrée une certaine poésie mélancolique, fragilisée par une menace permanente que le réalisateur fait évoluer au sein d'un fantastique discret. Cependant, un des éléments majeurs du film, une fois dévoilé,  s'avère un peu plus gênant, tant il est devenu un poncif du genre ces dernières années. On reste également très circonspect face à ce qui a trait au grenier, et l'impossibilité, selon le cinéaste, de s'en échapper... des détails qui cependant n'altèrent pas complètement les qualités artistiques du métrage. D'autant que Le Secret des Marrowbone bénéficie d'un casting inspiré constitué de jeunes pousses aux carrières prometteuses. On retrouve ainsi Anya Taylor-Joy (The Witch, Split) dans le rôle de l'amie de la famille sur laquelle Jack, interprété par un George MacKay (22.11.63, Captain Fantastic) saisissant, a jeté son dévolu. Sans oublier les interprétations sans fausses notes de Charlie Heaton (Stranger Things, Oppression), Mia Goth (A Cure for Life, Suspiria), Kyle Soller (Fury, Monsters: Dark Continent) et du tout jeune Matthew Stagg (MacbethGuerre et Paix).




Si le sentiment de déjà-vu se renforce au moment où la vérité se révèle, Le Secret des Marrowbone aura heureusement eu le temps de parvenir à susciter l'adhésion du spectateur, l'attirant au cœur d'évènements mystérieux que Sanchez prend un plaisir évident a mettre en images, prenant bien soin de brouiller les pistes. Cependant, si ce pur thriller fantastique peut s'avérer un peu trop inoffensif, il n'en demeure pas moins doublé d'un drame familial juste et poignant dont la conclusion audacieuse apportera une réponse inhabituelle qui lui permet finalement de se démarquer. Il s'impose alors comme un excellent film de hantise que certains pourront qualifier d'académique alors que nous préférerons parler d'une démarche "à l'ancienne". Reste à savoir s'il laissera la même empreinte que ses modèles au fil des temps.
N.F.T.


EN BREF
titre original : Marrowbone
distribution : George MacKay, Anya Taylor-Joy, Charlie Heaton, Mia Goth, Matthew Stagg, Nicola Harrison, Kyle Soller...
pays d'origine : Espagne
budget : 8 000 000 $
année de production : 2017
date de sortie française : 7 mars 2018
durée : 111 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME †
▲ Ambiance générale du film
▲ Intrigue absorbante
▲ Casting convaincant

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Pas assez effrayant
▼ Impression de déjà-vu
▼ L'intrigue du grenier un peu légère



LE FLIP
Un trou dans le plafond qui mène au grenier...


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