[Critique] CITADEL (2012/2013 - DTV) de Ciaran Foy

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Tommy Cowley est un jeune père de famille, devenu agoraphobe suite à l'agression de sa femme par des jeunes marginaux cagoulés. Alors que cette bande de sauvages ultra-violents semble désormais vouloir s'en prendre à sa fille, Tommy s'associe à une infirmière et un curé pour se libérer de ses peurs. Car il va devoir affronter ses démons pour pénétrer le lieu qui l'effraie le plus au monde : la Citadelle.

Après la dramatique -et visuellement éprouvante- agression de son épouse, par ce qui, a priori, semble être une bande de gamins, qui vont tout de même la laisser sur le carreau, Tommy Cowley développe un sentiment de paranoïa tel, que celui-ci va finir par le handicaper.
À partir de là, le moindre contact avec l'extérieur devient une épreuve quasi insurmontable. Même passer la porte de son appartement nécessite tout un processus d'autosuggestion.

Voici, en gros, le nerf de la guerre en terme de réalisation : pour que le public entre dans l'histoire, il est impératif qu'il s'introduise dans la tête de ce jeune papa. Et en effet, la mise en scène se focalise principalement sur deux points de vue, qui consistent à parfaitement retranscrire l'état psychologique de son personnage, tout en entretenant le mystère sur la réalité ou non des événements du film. Alors qu'elle pourrait agacer au bout d'un moment, laissant craindre un twist de facilité, cette ambiguïté entre l'élément fantastique, tendance horrifique, et le thriller paranoïaque qui s'appuie sur la démence potentielle du personnage principal, est au contraire parfaitement maîtrisée. Sur fond de désertion de quartiers défavorisés, devenus infréquentables, le scénario relance régulièrement l'intrigue, parfois à coup de scènes choc, afin de montrer tout le sérieux de l'entreprise.


Le scénario de Ciaran Foy, qui réalise ici son premier long métrage, n'est certes, pas épais, mais le cinéaste maîtrise parfaitement son sujet. Les acteurs sont remarquables, et particulièrement le jeune héros campé par un Aneurin Barnard saisissant de vérité. L'impression globale de sobriété qui se dégage du film, accentue son impact psychologique et dramatique. Quelques effets de peur, souvent primaires, dont certains, liés à l'idée d'une intrusion dans l'appartement de Tommy, se révèlent ainsi quasi traumatisants malgré leur simplicité. Le malaise, lui, est omniprésent du début à la fin du métrage. Tout comme le héros, serré de près par une caméra à l'épaule, on finit par appréhender un danger potentiel permanent, et du coup, on se fait une idée très précise de son calvaire mental. Citadel démontre au passage qu'il n'est pas nécessaire de recourir à des fantômes, ou à la nuit pour effrayer les gens. La peur de l'inconnu, de l'étranger, de la solitude ou de la perte d'un être cher sont ici les uniques mécanismes, éprouvés dans nos sociétés, qui conduisent à la terreur.


Il n'est pas simple de créer un tel climat de tension paranoïaque et de le maintenir durablement. Cependant, Citadel réussit l'épreuve haut la main. Simple sur le fond mais efficace dans sa forme, l'école Polanski est passée par là puisqu'à l'image du Locataire ou de Répulsion, il parvient à plonger le spectateur dans la psyché vacillante de son héros, et maintenir un certain doute quand à la réalité des événements, jusqu'au dernier tiers du film. Une petite production indépendante à première vue inoffensive, mais qui se révèle au final, redoutablement efficace.
N.T.

Prix du Public lors du Paris International Fantastic Film Festival 2012

EN BREF
titre original : Citadel
pays d'origine : Irlande/Royaume-Uni
année de production : 2012
date de sortie française : 11 septembre 2013 (Collection Mad Movies)
durée : 85 minutes
budget : petit
adrénomètre : ♥♥
note gloable : 4/5

† HANTISE
▲ Petite production efficace
▲ Original
▲ Excellent casting

 -  DÉMYSTIFICATION -
▼ Simple sur le fond
▼ Rythme assez lent
▼ Sortie confidentielle !


LE FLIP
Un intrus rode dans l'appartement...

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