[Critique] STRANGER THINGS 2 (2017 - VOD) de Matt et Ross Duffer

Évaluation du dossier : 4.5/5 []

Un an après les évènements surnaturels enregistrés à Hawkins, Will garde des séquelles de sa captivité dans le monde à l'envers, Dustin s'attache à une mystérieuse bébête, Mike souffre de l'absence d'Eleven, sa sœur Nancy a des problèmes de conscience depuis la disparition de Barbara et Lucas nourrit des sentiments pour la petite nouvelle, Max, qui elle, est tourmentée par son demi-frère Billy. Pour le shérif Hopper, le quotidien est bouleversé par de nouvelles responsabilités et son enquête sur la destruction de masse d'une plantation de citrouilles lui fait réaliser que le monde à l'envers reste une menace pour l'humanité...


Fort d'une première saison réjouissante aux audiences record, la mise en chantier d'une suite à Stranger Things semblait légitime. Le contraire aurait même fortement contrarié les fans de la première heure.

Comme nous, ils ont décelé derrière l’œuvre des frères Duffer, un hommage sincère et nostalgique à une époque, certes révolue, mais dotée d'un style et d'une vision du fantastique qui lui était suffisamment propre pour ne pas y voir l'unique volonté de surfer sur la vague régressive qu'inspire souvent les années du vidéoclip et du Minitel. Cependant, autant être clair de suite, le public qui n'a pas accroché à la première saison ne trouvera pas plus d'intérêt à cette séquelle. Pour les autres, ils seront cocoonés en terrain connu, où l'humour potache et les vannes faciles côtoient le drame et où l'épouvante et l'horreur flirtent avec le merveilleux... Car rien n'a vraiment changé dans ce domaine et la visite de ce musée eighties titillera la fibre nostalgique des trentenaires et au-delà, tout en embarquant les autres générations dans un univers fantastique riche et sophistiqué.


Cette nouvelle saison s'ouvre dans une salle d'arcade où nos jeunes héros s'évertuent à survivre au jeu vidéo Dragon's Lair. Dans cette nouvelle forme de jeu – qui remplace ici les parties endiablées de Donjons et Dragons dans le garage des parents de Mike – une évolution latente des personnages et de leur environnement se fait sentir. Cette saison sera celle de la quête personnelle initiatique pour chacun d'eux, en recherche d'identité et de place au sein d'un groupe dont la cohésion est mise à mal – une fois n'est pas coutume – à l’arrivée d'une nouvelle camarade de classe, générant un triangle amoureux inattendu. Leur unité est étroitement liée à leur survie et c'est là que l'on retrouve l'influence non négligeable de Stephen King, et notamment Ça, une autre péloche nostalgique cuisinée à la sauce 80 sortie cette année. Évidemment, derrière ces évènements graves percent quelques moments lumineux, donnant naissance à des scènes hilarantes. On retiendra la séquence des "Ghostbusters" source de répliques et situations irrésistibles ou encore des scènes plus touchantes, plus particulièrement lors du bal de fin d'année, voué à montrer que ces aventures font grandir les jeunes héros. Un regret vient cependant noircir légèrement le tableau, l'intrigue autour du groupe de rebelles de Pittsburgh clairement inspirée des Guerriers de la nuit de Walter Hill (48 heures), semble prématurément laissée de côté.

La mise en scène est toujours aussi soignée et Shawn Levy (La Nuit au musée, Real Steel), Andrew Stanton (Le Monde de Nemo, Wall-E) et Rebecca Thomas (Electrick Children) viennent prêter main-forte aux frères Duffer. On sent à l'écran, principalement dans les décors et les effets spéciaux dignes d'une grosse production, que le budget a été pour l'occasion revu à la hausse. Stranger Things 2, marche donc dans les pas de son prédécesseur, livrant un fantastique singulièrement haut de gamme pour une série télé, ce qui l'apparente davantage à un super film de huit heures si l'on est adepte du "Binge Watching", qu'à une production télévisuelle lambda. La patte artisanale omniprésente évoque toujours les productions Amblin de l'époque et l'ombre de Steven Spielberg ou de Stephen King ne plane jamais bien loin, à l'écran, mais aussi dans le récit dont les intrigues parfaitement dosées reprennent le principe des trames parallèles qui finissent par se rejoindre. Rien à dire non plus du côté du score, comme lors de la première saison, il fait la part belle aux sonorités électroniques sous la direction de Kyle Dixon et Michael Stein. Bien sûr, des tubes de l'époque viennent régulièrement donner une touche d'authenticité à l'ensemble.


Côté casting, de nouvelles têtes viennent gonfler les rangs. Sean Austin pour commencer, décidément abonné aux quêtes, le Mickey des Goonies ou le Sam Gamegie de la trilogie de l'anneau du Sieur Jackson (Fantômes contre Fantômes) interprète ici le nouveau petit ami de Joyce Byers. Paul Reiser (The Darkness, Aliens - Le Retour) intègre aussi la série, dans le rôle du Dr Owens. On relève aussi la présence sur deux épisodes de Pruitt Taylor Vince (L'Échelle de Jacob, Angel Heart - Aux portes de l'enfer), de Karen Ceesay (Le Cercle : Rings) ou encore James Landry Hébert (Super 8, Looper), sans oublier les apparitions éclaires de James DuMont (La Guerre des mondes, Seconds Apart) et Brett Gelman (Twin Peaks, saison 3) dans le rôle du journaliste reclus et traité comme un parano complotiste.
 
Stranger Things 2 s'affirme comme une série absolument cool, instantanément culte qui repose sur les codes d'une époque révolue, dont l'inépuisable revival tend, certes, à lasser, mais face à la qualité remarquable du filon des jumeaux Duffer il serait dommage de ne pas tenter l'expérience. Peut-être moins atmosphérique que la saison précédente, on plonge toutefois tête la première dans ce voyage dans le temps hors du commun, pour une proposition de  haut vol dénuée de prétention et du cynisme mercantile habituel. La saison 3 étant d'ores et déjà sur le pont – les contrats des acteurs les engagent sur 6 saisons – on y retrouvera les sales gosses d'Hawkins avec quelques centimètres de plus, à leur entrée au lycée. Il ne fait aucun doute qu'ils auront une nouvelle fois à faire au flagelleur mental...
N.F.T.



EN BREF
titre original : Stranger Things 2
distribution : Winona Ryder, David Harbour, Finn Wolfhard, Millie Bobby Brown, Gaten Matarazzo...
pays d'origine : États-Unis
budget : 8 000 000 $ par épisode
année de production : 2017
date de sortie française : 27 octobre 2017
durée : 458 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 4.5/5

† EXORCISME †
▲ Réalisation soignée
▲ Casting aux petits oignons
▲ Références 80

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Un an à attendre avant la saison suivante
▼ Les rebelles de Pittsburgh sous exploités
▼ La disparition de...

LE FLIP
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