[Critique] THE BOY (2016) de William Brent Bell

Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥♥]

Pour essayer d’échapper à son passé, Greta, une jeune Américaine, se fait engager comme assistante maternelle en Angleterre, dans une maison perdue en pleine campagne. À son arrivée, elle découvre qu’elle a été embauchée non pas pour s’occuper d’un petit garçon de 8 ans en chair et en os, mais d’une poupée de porcelaine grandeur nature. Seule dans la maison, loin de tout, Greta assiste à des événements tous plus étranges les uns que les autres. La poupée serait-elle vivante ? Il se trouve que Greta n’a pas seulement été engagée, elle a été choisie…

À peine remis des frasques de l'affreuse Annabelle et le temps de voir jaillir son inévitable séquelle, The Boy et son pantin de porcelaine débarque dans le monde merveilleux des poupées maléfiques.
Et autant être clair, il est difficile de parler de ce film de manière détaillée sans risquer d'en dévoiler la substantifique moelle.

Réalisé par William Brent Bell (Devil Inside, Wer), dont la filmographie semble, tel un bon pinard, se bonifier avec le temps, The Boy tend à démontrer la faculté du bonhomme à ingérer toute la culture horrifique des dernières décennies et s'en inspirer pour créer un matériau d'apparence neuf. Car de références, son métrage en est rempli.
  

Et même si loin de la démesure gothique de Crimson Peak, William Brent Bell provoque fatalement la comparaison en plaçant son intrigue dans un manoir aux boiseries sombres et aux couloirs inquiétants. L'impression organique qui s'en dégage renvoie directement à La Maison du Diable de Robert Wise ou plus récemment, au chef-d’œuvre de Guillermo del Toro. Le travail du chef décorateur John Willett, déjà employé sur Le Cas 39, Destination Finale ou encore Freddy contre Jason, est à ce titre assez remarquable.

Quelque part aussi entre Hansel & Gretel, version Pil-Sung Yim, Le Sous-sol de la peur, ou Esther notamment pour le traitement familial dysfonctionnel à l'origine d'un malaise (pour les autres points communs, on vous laisse apprécier au visionnage), The Boy parvient, malgré ce sentiment de déjà-vu persistant, à trouver sa propre voie et séduire par son argument très premier degré. Et finalement, on se félicite d'un humour très subtilement suggéré, le choix étant laissé aux spectateurs de se marrer ou non lors des scènes les plus cocasses. On songe par exemple au moment où l’héroïne découvre Brahms ou encore lorsque la mère montre à la nounou médusée, les gestes à adopter sur la poupée à l'heure du réveil.


Impossible de ne pas évoquer le casting plutôt efficace puisque la crédibilité du projet tient essentiellement sur les épaules de Lauren Cohan (The Walking Dead, Batman v Superman) dans le rôle de Greta, une nounou expatriée très vite dépassée par ce qu'elle pense n'être qu'un caprice de parents rongés par le chagrin. Elle donne la réplique à Rupert Evans (The Canal, The Incident) très juste en livreur lover prêt à tout pour s'attirer les grâces de la demoiselle. Le couple Heelshire, parents de Brahms est quant à lui interprété par Diana Hardcastle et Jim Norton. Des têtes d'acteurs peu connues en général mais qui démontrent bien qu'être issu du monde de la série télévisée n'exclue pas le talent.

Au final, on pourrait regretter que la nouvelle livraison de William Brent Bell, produite par l'équipe des Dossiers secrets du Vatican, empile ses influences à longueur de métrage, mais bizarrement il est difficile de lui en tenir rigueur. Peut-être grâce à sa sincérité infaillible où le cynisme n'a pas sa place, mais aussi par le risque qu'il prend lors d'un dénouement quasi prévisible mais pas moins cavalier. Il n'empêchera pas une frange du public de crier à la trahison, nous empêchant aussi de rentrer plus en détail sur son contenu ici, mais pour les autres, The Boy offrira cette petite bouffée d'air frais qui fait souvent défaut à un genre en mal de nouveauté. Surtout aux yeux des plus aguerris...
N.T.
EN BREF
titre original : The Boy
pays d'origine : États-Unis / Chine / Canada
budget : 10 000 000 $
année de production : 2016
date de sortie française : 27 janvier 2016
durée : 97 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 3.5/5

 † EXORCISME †
▲ Le manoir
▲ Esthétiquement réussi
▲ Les efforts scénaristiques

 - DÉMYSTIFICATION -
▼ Quelques poncifs
▼ Sentiment de déjà-vu persistant
▼ Impossibilité de parler du film sans spoiler

LE FLIP
Brahms téléphone maison !

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Hansel & Gretel
Dead Silence
Annabelle

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