BRIGHTBURN - L'ENFANT DU MAL (2019) de David Yarovesky [Critique]

Évaluation du dossier : 4/5 []

Tori Breyer a perdu tout espoir de devenir mère un jour, quand arrive dans sa vie un mystérieux bébé. Le petit Brandon est tout ce dont elle et son mari, Kyle, ont toujours rêvé : c’est un petit garçon éveillé, doué et curieux de tout. Mais à l’approche de la puberté, quelque chose d’aussi puissant que sinistre se manifeste chez lui. Bientôt, Brandon n’agit plus que dans son unique intérêt, mettant en danger son entourage et les habitants de sa petite ville, jusqu'ici sans histoire...

Nouveau venu dans le sous-genre horrifique des enfants maléfiques, Brightburn - L'Enfant du mal n'a pas à rougir face à sa bonne centaine de prédécesseurs. Mieux, il s'affiche comme un sérieux challenger au sein des candidats aux meurtres en culottes courtes les plus cruels et imaginatifs.


Brightburn - L'Enfant du mal débarquant en salle entre un Child's Play : La Poupée du mal et une Annabelle - La Maison du mal, difficile de ne pas suspecter un été 2019 particulièrement maudit, bien que très généreux (comme rarement, d'ailleurs !) en sorties dans le domaine qui nous intéresse. Et si l'on attend de voir les nouvelles aventures d'Annabelle pour juger sur pièce de ses qualités, on est déjà conquis par le reboot 2.0 de Chucky et, roulement de tambour... tout autant par Brightburn - L'Enfant du mal. Et comment ne pas défendre une œuvre qui rappelle les plus belles heures de la série B horrifique que l'on découvrait  souvent par hasard dans les vidéoclubs des années 80. Comprenez avec une sincérité et une passion profonde pour le genre, sans la moindre note de cynisme et sans chichis faute d'argent et de temps. Ici les 7 millions de budget se voient à l'écran et le scénario de Brian et Mark Gunn (respectivement frère et cousin du James Gunn des Gardiens de la galaxie et Super, ici au rang de producteur) ne se perd pas en arcs narratifs superflus et va droit au but. Ce qui explique sans doute sa durée de 90 minutes chrono durant lesquelles le spectateur n'a pas le temps de s'ennuyer.



Néanmoins, il est important de préciser que si les amoureux de la série B bien ficelée et généreuse en hémoglobine ont de fortes chances de prendre leur pied, en revanche, les fans de DC Comics et Marvel risquent de déchanter en constatant qu'ici, il n'est pas question de procurer au spectateur son traditionnel viol oculaire accompagné d'une grosse tartine de bons sentiments mais plutôt de livrer un film d'horreur véritablement à l'ancienne. Radical, froid, au final inéluctable et qui ne craint pas les scènes gore (attention avec l'interdiction - de 12  un peu cavalière devant certaines séquences, celle de l'œil notamment, aux limites du supportable). La bonne idée étant ici d'associer le sous-genre de l'enfant maléfique à celui de super-héros – en réalité plutôt de super-vilain – en posant une question simple et pourtant prometteuse : "Et si Superman avait utilisé ses pouvoir à des fins tellement égoïstes qu'il vire sociopathe ?". Les scénaristes se sont visiblement fait plaisir en imaginant les pouvoirs de super-héros utilisés cette fois pour faire le mal, et, même si toutes les réponses ne seront pas données, on imagine que la fin ouverte constitue la parfaite transition vers un projet plus vaste.



On se rapproche donc davantage de l'esprit anticonformiste, nihiliste et artisanal de Super que de celui, plus mainstream et au budget confortable, des pourtant rebelles Gardiens de la galaxie (dont le deuxième opus offre une séquence d'enterrement en état de grâce, loin de celle d'Avengers: Endgame qui ne lui arrive même pas à la plante des pieds). Des œuvres qui ont pour dénominateur commun l'acteur Michael Rooker (acteur fétiche de James Gunn), ici en théoricien du complot qui illustre son propos via une série d'images dont l'une représente le justicier de Super, Éclair cramoisi, dans son célèbre costume rouge. Sûrement pas un hasard... On se met alors à rêver à un univers plus vaste, qui va bien au-delà du simple thème de l'enfant maléfique exploité depuis des décennies, depuis La Quatrième Dimension et son très marquant segment "It's a Good Life", aux Innocents mais aussi tout un cahier d'appel rempli de prénoms plus ou moins connus : Damien, Esther, Joshua, Mikey sans oublier plus récemment la petite dernière, Stéphanie.

Niveau casting, le boulot est fait, le jeune Jackson A. Dunn (Avengers: Endgame, Killers Kid) est plutôt convaincant dans le rôle du Superman sociopathe, entre naïveté et caprices meurtriers... Ce sont à David Denman (Spirits, After Earth) et Elizabeth Banks (Les Intrus, Power Rangers) que revient la lourde tâche d'assumer, désemparés, dans les larmes et le sang, la crise d'adolescence de leur rejeton.



Brightburn - L'Enfant du mal s'en sort avec les honneurs grâce à un concept innovant s'inspirant de Superman, de La Malédiction avec un soupçon de Chronicle, le rapport avec ce dernier étant renforcé par l'emploi de la caméra à l'épaule pour plonger le spectateur au cœur du récit. On pourra toujours s'insurger qu'on recycle de vieilles recettes, sauf qu'ici ce ne sera pas complètement vrai et surtout, à l'heure où l'on en sort beaucoup trop rarement, il faut savoir reconnaître un vrai film de genre de qualité fait avec les tripes quand il débarque en salle. En tout cas c'est que l'on a décidé de faire...
N.F.T.


EN BREF
titre original : Brightburn
distribution : Elizabeth Banks, David Denman, Jackson A. Dunn
pays d'origine : États-Unis
budget : 7 000 000 $
année de production : 2019
date de sortie française : 26 juin 2019
durée : 90 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 4/5

† EXORCISME †
▲ Gore
▲ Efficace
▲ Vrai film de genre

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Thème a priori rebattu
▼ Pas un film de super-héros
▼ Construction simple

LE FLIP
La vitesse à laquelle Brandon fond sur ses proies...

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