Un Jeu d'Enfants (2001) de Laurent Tuel

ADRÉNOMÈTRE  ♡ 
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Marianne, une traductrice, vit avec Jacques, son mari, et ses deux jeunes enfants, Aude et Julien, dans un vaste appartement dont elle vient d'hériter. Un soir, elle reçoit la visite d'un couple étrange qui a habité ce lieu. Après leur venue, une série d'événements mystérieux et dramatiques pousse Marianne à croire que ses enfants sont possédés. Jacques semble sombrer peu à peu dans la folie, et Marianne commence à douter de sa propre santé mentale.

Laurent Tuel, également responsable de Jean-Philippe avec notre Johnny national, signe ce film d'atmosphère empruntant aux classiques de l'épouvante tels Les Innocents, ou encore Damien, la malédiction
Exerçant l'art de la confusion avec une certaine habileté, le réalisateur parvient, par un jeu de scènes entretenant le doute sur ce qui est réel ou non, à maintenir l'attention du spectateur durant tout son métrage, alors que cela aurait pu vite devenir épuisant. Sa mise en scène, ancrée dans une tradition cinématographique française plutôt classique, expose l'intrigue patiemment, s'effaçant au profit de l'histoire. Un choix plutôt heureux pour ce type de métrage, qui du coup, insuffle une certaine puissance aux quelques rares moments d'angoisse.

Hormis ces moments de flip, très ponctuels, Laurent Tuel parvient à construire une atmosphère pesante. Alors que le couple interprété par Karin Viard et Charles Berling est victime d'une série d’événements bizarres et d'hallucinations, le spectateur est entraîné avec eux dans une paranoïa qui semble prendre sa source du côté des enfants. Arrivent ensuite les manigances, notamment du père, surpris en train de mijoter quelque chose avec ses enfants et les doutes, sur la santé mentale de tout ce petit monde, dont ce papa en burnout professionnel et une maman qui semble désormais évoluer en roue libre entre cleptomanie et nymphomanie. Laurent Tuel, de son côté,  s'attache à cultiver une véritable ambiguïté sur la situation et l'on se demande pendant un long moment s'il s'agit réellement d'une histoire de possession ou de "simples" hallucinations.

Ah, les joies du jeu du sèche-cheveux au bord de la baignoire où se trouve maman !
D'autre part, les connaisseurs l'auront vite remarqué, Un Jeu d'Enfants navigue dans les eaux troubles du Tour d’Écrou avec cette histoire de fantômes maléfiques qui semblent manipuler les enfants. Une situation qui dévoile progressivement, et amplifie, une ambivalence entre le père et la mère, avec d'un côté, celui qui prend la défense des enfants tandis que l'autre est convaincu qu'ils sont sous l'emprise du mal. Une confrontation rendue crédible par un casting qui tient globalement la route. À noter la participation de Ludivine Sagnier, et surtout la prestation des enfants Camille Vatel et Alexandre Bongibault, qui livrent une partition juste de petits anges aux desseins diaboliques.

Les amateurs de gore, quant à eux, devront passer leur chemin, puisque le métrage ne propose pas d'images choc. Plutôt subtile, peut-être même un peu trop, il mise tout sur l'atmosphère et le jeu des acteurs pour mettre en place son climat inquiétant. 

Bien évidemment Un Jeu d'Enfants n'est pas exempt de défauts. Les moins patients pourront toujours l'accuser de quelques lenteurs, ou d'un scénario un peu trop vite torché dans sa dernière partie. Mais dans la réalité, il est difficile de faire la fine bouche, surtout à une époque où la production fantastique était trop rarement de qualité. Heureusement, les choses ont bien  évolué depuis...

Enfin, un dernier mot sur la musique de Krishna Levy, entre mélodies enfantines et musique contemporaine dissonante et flippante, et dont la partition apporte sa pierre à la construction de ce climat anxiogène présent tout au long du film.
N.T.

En bref : 
titre original : Un Jeu d'Enfants
pays d'origine : France
année de production : 2001
budget : 1 300 000 €
date de sortie française : 20 juin 2001
durée : 80 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3/5



Le flip : Des gosses qui se transforment en vieux...
 

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