Darkness (2002/2003) de Jaume Balagueró

ADRÉNOMÈTRE  ♡ 
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Il y a quelque chose dans cette maison. Quelque chose d'ancien et de sombre qui demeure immobile, caché, silencieux depuis plus de quarante ans. Seule l'obscurité peut l'aider à se matérialiser et à bouger. Une famille avec un petit garçon et un père instable au bord de la crise de nerfs vient de s'installer dans cette maison qui abrite un terrible secret, un passé abominable où il est question de sept enfants, de gens sans visages...

Amateurs d'apparitions monstrueuses et terrifiantes, passez votre chemin. Ici pas de cadavre décomposé. Non, Jaume Balaguero invite plutôt le spectateur à un voyage dans les tréfonds de l'esprit humain, jouant davantage sur l'esthétique de son film et le malaise crescendo que sur le sursaut à base de jump scares. 

Distillant une angoisse qui s'immisce au fil du métrage dans la vie des personnages et du spectateur, il faut toutefois attendre bien 45 minutes pour que la sauce commence à prendre. On finit ainsi par redouter les coupures de courant et les flashbacks "surprises". Le montage épileptique déjà utilisé dans son précédent métrage, La Secte Sans Nom est remis à contribution et fait apparaître fantômes et images du passé de manière suffisamment surprenante pour maintenir une atmosphère angoissante. 


Techniquement, la photographie de Xavi Giménez (Fragile, La Secte sans nom) s'avère extrêmement léchée, jouant à merveille des effets d'obscurité et apporte un cachet esthétique classe. Le contexte psychanalytique s'avère également passionnant, reliant l'un des personnages centraux, Mark, et l'éveil de ses souvenirs à celui de la maison, dont le passé émerge peu à peu, alors que le noyau familial se disloque. Côté flip, sans faire dans la surenchère, les idées, principalement destinées à créer une atmosphère de malaise persistant, sont très convaincantes. Certaines seront d'ailleurs reprises, volontairement ou non, dans d'autres futurs classiques tels qu'Insidious et son "further", puissance 1000 dans Darkness lors de la dernière bobine, ou encore L'Orphelinat où l'on retrouve ces enfants qui surgissent du passé pour tourmenter cette famille. 

Si certains pourraient lui reprocher un sentiment de longueur, toutes les qualités du cinéaste Jaume Balagueró sont pourtant mises au service de cette histoire de cocon familial disloqué, sur fond de sorcellerie et autres sacrifices d'enfants. Darkness s'affirme au final comme une vraie réussite artistique, une véritable contribution au genre, pour peu que l'on apprécie les films qui prennent leur temps et aussi attachés à soigner leur fond que leur forme.
N.T.

En bref : 
titre original : Darkness
pays d'origine : Espagne / États-Unis
budget : 10 600 000 $ 
année de production : 2002
date de sortie française : 18 juin 2003
durée : 102 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 4/5 

Le flip : La révélation finale.

Lire aussi :
L'Orphelinat
Fragile
Insidious


Commentaires

  1. Ce film me paraît souvent sous estimé.
    Pour l'avoir revu à plusieurs années d'intervalle, son efficacité n'a pas diminué voire s'est bonifiée. Sentiment d'autant plus étrange que l'histoire n'a rien de transcendant (Shining versus La Maison Du Diable, avec cependant un aspect psychanalytique très intéressant) et que la réalisation ne se démarque pas plus.
    C'est peut-être cette simplicité à tous égards, ces ingrédients plus ou moins ressassés mais distillés dans des proportions quasi parfaites qui en font un film aussi réussi que discret.
    Transposé au domaine du rock, une sorte de Brian Jonestown Massacre du genre.

    remi duvoilont.

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  2. Je viens de visionner une nouvelle fois le film, et je me suis dit exactement la même chose que toi. Il se bonifie avec le temps. Son côté un peu "en retenue" le préserve des effets de mode, et sa réalisation faussement sobre (Balaguero joue beaucoup de son montage pour créer des ambiances flippantes) rend l'atmosphère globale glaçante, ce qui est plutôt raccord au vu du sujet du film. Comme tu le dis, c'est paradoxalement sa discrétion qui le rend aussi percutant et efficace plus de 10 ans après sa sortie.

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