[Critique] FRAGILE (2005) de Jaume Balagueró

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Dans un hôpital pour enfants sur le point de fermer définitivement ses portes, une nouvelle infirmière, traumatisée par une mauvaise expérience professionnelle, tente coûte que coûte de protéger ses jeunes patients d'un mystérieux mal qui leur causerait des fractures, sans aucune raison apparente.

Injustement écarté de salles de cinéma de l'hexagone, et hormis une programmation à l'occasion du festival de Gérardmer en 2006, où il raflera 4 prix, dont celui du jury, Fragile a la particularité d'avoir été diffusé sur Canal + en avril 2006, avant de connaître une plus vaste visibilité lors d'une sortie DTV deux mois plus tard.
Évidemment, il est difficile de comprendre cette distribution chaotique, d'autant que ce troisième long-métrage de Jaume Balagueró concurrence sans problème les plus grands chefs-d’œuvre du cinéma fantastique.

D'ailleurs, il suffit de quelques minutes pour comprendre que l'on n'est pas face à un film d'horreur conventionnel, et que quelque chose d'immuable et dramatique va se jouer. Sans non plus tomber dans l'excès gore, quelque chose de douloureux et de marquant se met en place, alors qu'un môme, en train d'effectuer une radio, voit les os de sa jambes se briser sans raison apparente. Le générique tombe sur cette puissante scène d'ouverture, annonçant les enjeux dramatiques qui vont alimenter le film.


Après La Secte sans Nom, un premier essai prometteur, livré sous forme de thriller original et ambitieux et Darkness une œuvre tout aussi singulière, directement héritée de Shining, Fragile venait confirmer les talents de conteur de Jaume Balagueró. Instaurant, au sein d'une atmosphère fantastique, un subtile équilibre entre suspense et drame humain, le cinéaste confirme ici qu'il envisage le genre de manière ambitieuse, lui insufflant une force émotionnelle encore rare à l'époque, même si des œuvres avec des thématiques plus ou moins proches, de la trempe de L'Échine du Diable du Mexicain Guillermo Del Toro, émergeaient de temps à autre. Côté réalisation, Jaume Balagueró semble en avoir terminé avec les effets tape-à-l’œil, les montages épileptiques, et adopte ici une narration plus classique, voire même classieuse, pour raconter un drame qui n'a de toute façon pas besoin d'artifices de mise en scène pour prendre vie.

Si l'on peut déceler une certaine influence des classiques du genre, Les Innocents de Jack Clayton en tête de gondole, Fragile rejoint cette nouvelle vague fantastique Espagnol empreinte de tragédie, qui fera même école, puisqu'il annonce la grande vague de drames horrifiques Ibériques qui va déferler par la suite. À l'image d'un autre chef-d’œuvre, L'Orphelinat, de Juan Antonio Bayona, produit deux ans plus tard, et avec lequel on peut lui trouver de nombreux points communs. D'une détermination farouche qui anime les héroïnes féminines, aux liens étroits, poussés au sacrifice, que chacune va tisser avec l'enfant, – pour rappel, il est question d'adoption dans le film de Bayona. Enfin, sur la jeune Maggie condamnée par sa maladie, comme sur Simon, et plus tard sur sa mère adoptive, l'ombre de la mort est présente, leur permettant de voir des fantômes.


Évidemment on ne peut pas faire l'impasse sur le score grandiose de Roque Banos, parfois envoûtant, d'autre fois mystérieux quand il ne devient pas carrément bouleversant. Le travail du compositeur, remarquable, illustre et complète avec justesse l'univers éprouvant de Fragile.

Niveau casting, rien à redire non plus, Balagueró touche la perfection, de Calista Flockhart (The Last Shot) dans la rôle d'Amy, une femme d'apparence fragile qui va, au cours du film révéler toute la force que sa colère nourrit, sans oublier à ses côtés la non moins fragile Maggie, interprétée par la jeune et pas moins convaincante, Yasmin Murphy. Aucune fausse note non plus du côté de Richard Roxburgh (Sanctum), Elena Anaya (Van Helsing), Gemma Jones (Harry Potter) ou encore Colin McFarlane (The Dark Knight).

Fragile est une belle réussite artistique, un film à (re)découvrir qui nous rappelle qu'avec des nom comme Balagueró, mais aussi Amenábar, Bayona, De la Iglesia, Fresnadillo, Medina etc., c'est tout une nouvelle génération qui nous promet encore de belles heures au cinéma de genre...
N.T.

EN BREF
titre original : Frágiles
pays d'origine : Espagne / Royaume-Uni
année de production : 2005
date de sortie française : 14 avril 2006 (TV) -12 juin 2006 (DTV - Studio Canal)
durée : 100 minutes
budget : 4 000 000 $ 
adrénomètre : ♥♥
note globale : 4.5/5

† EXORCISME †
▲ Réussite artistique
▲ Casting parfait
▲ Le score grandiose

- DÉMYSTIFICATION -
Pas de sortie en salles !
La fin un peu mélo
▼ ...

LE FLIP
L'attaque de l'abominable fille mécanique.

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