CONJURING 3 : SOUS L'EMPRISE DU DIABLE (2021) de Michael Chaves [Critique]

Évaluation du dossier : 4/5 []


Dans cette affaire issue de leurs dossiers secrets, l'une des plus spectaculaires, Ed et Lorraine commencent par se battre pour protéger l'âme d'un petit garçon, puis devront aider un homme soupçonné de meurtre, qui pour la première fois dans l'histoire des États-Unis, va plaider la possession démoniaque comme ligne de défense.

Moins pire qu'on pouvait le craindre, ce nouvel opus de la saga Conjuring, sans James Wan à la réalisation, s'en sort finalement plutôt bien et offre un épisode aussi marquant que ses prédécesseurs.

Difficile d'imaginer que quelqu'un d'autre conviendrait au moins autant que James Wan au poste de réalisateur lorsqu'il a été question que ce dernier libère son siège à la tête de la saga Conjuring. Et pourtant, force est de constater que ce troisième volet, s'il n'atteint pas l'excellence des deux premiers films, est très loin d'être raté. Bien au contraire, il réussit l'exploit d'offrir de belles séquences d'une intensité horrifique rare au cinéma. Et la direction du projet avait de quoi inquiéter, notamment dans le choix du successeur au réalisateur australien, arrêté sur Michael Chaves.


Michael Chaves s'est fait les dents sur une web-série et quelques courts-métrages dont le dernier lui permettra d'être remarqué par les pontes de New Line et de se voir proposer la réalisation de La Malédiction de la Dame blanche sorti en 2019. C'est à ce moment que James Wan, visiblement bluffé, décide de lui céder son siège pour un troisième opus. Et malgré les failles – principalement scénaristiques – de son premier long-métrage, Chaves fait montre d'un réel savoir-faire pour foutre les pétoches à son public, soignant particulièrement sa gestion des silences et leur rupture, son habillage sonore et ses plages de très lents travellings avant qui semblent mettre le temps en suspens avant la prochaine salve de flip. Si la question est de savoir si la saga Conjuring fait toujours autant flipper, la réponse est oui, clairement. Le flip demeure l'argument phare du film, resserrant même encore plus fort le lien avec une autre saga d'épouvante, tendance train fantôme : Insidious. Mince, on en oublierait presque le maître et c'est tant mieux pour ce projet qui prenait une tournure inquiétante.


La bonne surprise est donc au rendez-vous pour ce 3e volet qui s'intéresse à un assassin qui plaide la possession pour sa défense devant le juge. On apprécie la séquence d'ouverture qui poursuit la tradition instaurée depuis le premier film, soit une mise en bouche dès les premières secondes avec une bande-son nourrie de cuivres sinistres et autres chœurs et grondements menaçants qui vous scotchent à votre fauteuil pendant que les logos défilent. Puis, la séquence d'introduction démarre. Elle s'avère intense, tant sur le fond que la forme, et imprime ses images choc durablement sur les rétines. En quelques minutes, Chaves donne le ton et fait oublier sa Dame Blanche via une puissante séquence d'exorcisme. 

Plutôt inspiré, Chaves soigne sa narration et offre quelques élégants plans-séquences qui viennent plonger le spectateur dans le cœur de l'action et nous rapprochent du travail de James Wan. Il sait aussi offrir des moments horrifiques bien torchés visuellement, d'où ressort un réjouissant sentiment de générosité. Une partie de ce plaisir est en partie dû aux influences et références invoquées ici. Appuyé ou sous forme d'un bref clin d'œil, le fan service est mis à contribution. En résulte un peu de Shining par-ci, un chouia de Cauchemar de Freddy ou de Psychose par-là, sans oublier bien sûr L'Exorciste, dont la photo ci-dessous suffit à illustrer l'hommage appuyé à un classique indétrônable du genre. D'ailleurs, bien que tout le scénario soit loin d'être parfait et passionnant, les séquences d'exorcismes demeurent particulièrement nerveuses et leur intensité technique combinée à certains maquillages, des yeux notamment, n'est pas sans évoquer un autre maître en la matière, Sam Raimi et son culte Evil Dead. Mais il serait réducteur de cantonner Conjuring 3 : Sous l'emprise du diable au simple film d'exorcisme, puisqu'il s'oriente aussi vers le film d'enquête avec une pointe de sorcellerie qui viennent apporter un nouveau souffle à la saga.


On retrouve le couple Warren plus soudé que jamais, dont le lien amoureux est exploité comme le principal barrage contre le mal. Mais on les voit aussi s'affaiblir par leurs combats et le temps qui passe. Au casting, le duo Wilson - Farmiga fonctionne toujours du tonnerre et autour d'eux, on apprécie la présence de John Noble (l'imbuvable Denethor dans la trilogie Le Seigneur des anneaux), Ruairi O'Connor (Teen Spirit) dans le rôle compliqué d'Arne Cheyenne Johnson, sans oublier le retour de Steve Coulter (Insidious : Chapitre 2Annabelle - La Maison du mal) qui enfile pour la 4e fois la soutane du père Gordon ou encore le jeune Julian Hilliard qui avait déjà bluffé son monde en 2018 dans la série Netflix The Hauting of Hill House.

Loin d'être parfait – on perçoit des essoufflements surtout dans sa 2e moitié qui vont atteindre leur pic avec l'intervention finale peu crédible de Kastner – Conjuring 3 : Sous l'emprise du mal se rattrape grâce à son solide et attachant duo Warren, ses efforts de narration, sa volonté de se tourner vers d'autres thématiques et surtout grâce au sentiment de sincérité et d'amour pour le genre qui s'en dégage, permettant quelques séquences mémorables. D'ailleurs, ce Conjuring vaut sans doute davantage pour sa charge horrifique que pour son histoire dont la véracité revendiquée semble toute relative, mais là, internet recèle suffisamment d'éléments pour que chacun puisse réaliser sa petite enquête et nourrir un éventuel avis plus ou moins définitif sur la question.
N.F.T.


EN BREF 
titre original : The Conjuring: The Devil Made me Do it
réalisation : Michael Chaves
distribution : Patrick Wilson, Vera Farmiga, Ruairi O'Connor, Sarah Catherine Hook, Julian Hilliard, John Noble...
photographie : Michael Burgess
musique : Joseph Bishara
pays d'origine : États-Unis / Royaume Uni
budget : 39 000 000 $
année de production : 2021
date de sortie française : 9 juin 2021
durée : 112 minutes
adrénomètre : ♥♥♥ 
note globale : 4/5


† EXORCISME † 
▲ Casting efficace
▲ Réalisation soignée
▲ Intensité des scènes d'action

- DÉMYSTIFICATION - 
▼ Changements par rapport à la réalité
▼ Parfois un peu tiré par les cheveux
▼ Quelques petites longueurs
 
LE FLIP 
L'apparition inopinée d'un étrange double...

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