EVIL DEAD (1981/1983) de Sam Raimi [Critique]

Évaluation du dossier : 
5/5 []

Cinq jeunes vacanciers s'installent dans une cabane au cœur d'une sinistre forêt. En descendant dans une cave lugubre, les deux garçons de la bande découvrent un vieux magnétophone qui, une fois remis en marche, émet une incantation magique. Les forces du mal se réveillent et déclenchent une nuit d'horreur pour le groupe...


Avec la sortie en Blu-ray 4K du Evil Dead de Sam Raimi, film culte s'il en est, L'Atelier d'images offre l'opportunité ultime de (re)découvrir ce chef-d'œuvre horrifique et livre une copie qui ressuscite des saveurs esthétiques jusque-là imperceptibles sur d'autres supports. 

Objet de culte depuis 40 ans, tout a probablement été écrit ou dit à propos d'Evil Dead. De son budget rachitique à son tournage intense en passant par des effets spéciaux maison au service d'une réalisation "texaveresque" du plus bel effet, toutes les planètes étaient parfaitement alignées pour faire de cet ovni filmique surgi des années 80, un véritable monument du cinéma horrifique.


À l'écran, le cinéaste ne se perd pas en introduction bavarde. Quelque chose de menaçant se met en place rapidement, sur la route aux mille dangers, dans cette forêt étouffante et enfin à l'arrivée, aux abords de la cabane qui n'offre pour unique comité d'accueil qu'un silence de mort rompu par le claquement nonchalant d'une balancelle qui se meut toute seule. En quelques plans, on sent déjà une approche ingénieuse de la mise en scène et de l'habillage sonore pour créer une atmosphère unique, et une envie irrépressible chez Sam Raimi de transcender son récit avec force détails, jusqu'à proposer une véritable expérience. On pourrait le comparer un peu à Bad Taste de Peter Jackson qui, malgré un budget rachitique, proposera quelques années plus tard le même type de réalisation ambitieuse et inspirée.

Sam Raimi a 20 ans lorsqu'il tourne Evil Dead grâce aux fonds récoltés auprès de quelques dentistes qui, on l'espère, sont moins extrêmes que le fruit de leur investissement lorsqu'il s'agit d’appliquer leurs soins bucco-dentaires. Peu avant, il tournait le court-métrage Within the Woods qui montrait déjà les signes d'un film et d'un réalisateur prometteurs et uniques. Et pour cause, le long-métrage rassemblera près d'un demi-million de spectateurs rien qu'en France et connaîtra une brillante carrière en vidéo, notamment chez nous en VHS sous l'égide de l'éditeur aussi culte que les films de son catalogue, Hollywood Video.


L'un des secrets de cette réussite artistique tient à Sam Raimi et sa capacité à faire des économies à tous les postes : la jeune équipe se rencontre régulièrement dans la ferme et la cave de la famille du producteur Robert Tapert, Sam Raimi utilise sa propre Oldsmobile 88 Delta de 1973, il utilise la shaky cam (montée sur mobylette ou sur des madriers) pour immerger le spectateur au cœur de ce cauchemar éveillé. Même si l’interprétation du casting peut parfois sembler approximative, tout comme les prises de vue parfois trop proches des acteurs, lorsqu'elles ne sont pas carrément floues, cela apporte néanmoins ce petit truc "documentaire" déstabilisant et on sent que tout est mis en œuvre afin de mettre le public dans l'ambiance.


Non seulement le réalisateur se pose les bonnes questions pour déterminer où il va poser sa caméra afin de dynamiser (et se mettre au service de) son récit, mais en plus, malgré les prises de risques, il fait souvent mouche et parvient toujours à rendre le résultat final (monté notamment par Joel Coen) parfaitement immersif. Totalement innovant pour son époque, on peut toutefois deviner une forte influence à chercher du côté de L’Exorciste de William Friedkin, sorti quelques années plus tôt, notamment dans sa manière jusqu’au-boutiste de montrer la possession. 

L'éditeur L'Atelier d'images offre une première édition 4K française de qualité, lumineuse, qui apporte véritablement une nouvelle dimension à Evil Dead. Si l'image crade des VHS lui donnait un côté documentaire qui le rendait malsain, la copie remasterisée rend désormais hommage au travail de cadrage, de lumières, de couleurs permettant d'apprécier des détails esthétiques auxquels on ne prêtait jusqu'alors pas vraiment attention.


Ce qui ressort de tout ça, c'est le génie du jeune Sam Raimi qui, avec un budget mini et surtout un usage extrêmement brillant des trois bouts de ficelle dont il dispose, parvient à bâtir une œuvre complètement déjantée, à la mise en scène virtuose au service d'épatants effets spéciaux artisanaux. Evil Dead restera bien un classique éternel, révolutionnaire pour son époque, qu'aucun remake ne pourra jamais remplacer.
N.F.T.


EN BREF
titre original : The Evil Dead
distribution : Bruce Campbell, Ellen Sandweiss, Richard DeManincor
pays d'origine : États-Unis
budget : 375 000 $
année de production : 1981
date de sortie française : 24 août 1983 - 7 mai 2003 (reprise) - 21 janvier 2020 Remasterisation 4K coffret (L'Atelier d'images)
durée : 85 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 5/5

† EXORCISME
▲ Réalisation
▲ Maquillages
▲ Dément

- DÉMYSTIFICATION
▼ Parfois flou mais on s'en fout !
▼ Interprétation mais on s'en fout !
▼ Fauché mais Sam Raimi s'en fout !

LE FLIP :
Cheryl qui parvient à deviner les cartes sans les regarder avant de péter un énorme câble !

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