ANNABELLE - LA MAISON DU MAL (2019) de Gary Dauberman [Critique]


Évaluation du dossier : 3.5/5 []

Déterminés à mettre Annabelle hors d'état de nuire, les démonologues Ed et Lorraine Warren enferment la poupée maléfique dans leur "pièce des souvenirs", non sans avoir pris les précautions nécessaires. Mais en l'absence du couple, leur fille Judy, âgée de 10 ans, va devoir affronter les esprits qui hantent leur musée de l'occulte, libérés par la démoniaque Annabelle...

C'est entre les mains de Gary Dauberman qu'atterrit la poupée Annabelle, avec dans la foulée, la responsabilité de faire mieux que son prédécesseur. À défaut d'y parvenir, il offre un souffle relativement nouveau à une saga qui peine à se sortir des mécanismes qui ont fait son succès.

LConjuring-verse traitant de la poupée maléfique pour la quatrième fois, on imagine sans peine la difficulté de faire du neuf avec un concept de base usé jusqu'à la corde. C'est pourtant le challenge qui attendait l'auteur et scénariste Gary Dauberman, balancé pour la toute première fois de sa carrière au poste de réalisateur. Le premier constat est qu'outre le traditionnel roller coaster inhérent au genre, ce nouvel opus n'est plus basé sur les jump scares mais plutôt sur une inquiétante foire aux "monstres" dont la menace et la présence suffisent à saisir le public friand d'angoisses sur pellicule. Fort du succès des premiers films, il devient aussi très vite évident que le spectateur assiste, l'air de rien, à un teasing de ce que pourrait nous proposer les prochains épisodes du Conjuring-verse. On y rencontre notamment un loup probablement garou (en lice pour le prochain Conjuring), une robe de mariée maudite (dont la ressemblance troublante avec la Llorona fait déjà couler beaucoup d'encre), ou encore un passeur d'âme flippant nommé le  Ferryman... Accompagné de James Wan dans l'élaboration de son récit, Gary Dauberman insère dans la foulée des éléments bien plus étranges, flirtant avec La Quatrième Dimension et lui donnant même cette couleur si particulière à Insidious, qui se différenciait par les bizarreries surréalistes offertes par le concept du "Lointain". Mais nous n'en dévoilerons pas plus afin de conserver l'effet de surprise, idem pour les nombreux clins d’œil disséminés ça et là, évoquant Stephen King, la véritable poupée qui a inspiré Annabelle et autres éléments du Conjuring-verse.


Côté réalisation, c'est donc Gary Dauberman, loin d'être un inconnu dans le milieu du cinéma d'horreur, qui prend la relève après John R. Leonetti (I Wish : Faites un vœu, The Silence) et David F. Sandberg (Dans le noir, Shazam!). Jusqu'ici plutôt auteur ou scénariste sur des films de genre aux qualités variables allant des deux chapitres de l'adaptation cinéma de Ça et Annabelle 2 : La Création du mal pour le meilleur ou Annabelle première du nom et La Nonne pour le plus discutable, il fait preuve d'un certain savoir-faire en matière de mise en scène. Certes, n'est pas James Wan qui veut, mais on peut reconnaître à Gary Dauberman un sens du timing dans la construction d'un climat angoissant et une connaissance de la science du travelling. Ainsi il parvient à insuffler de la vie à ce qui n'est pas censé en avoir – ah, les joies de la suggestion ! – et surtout nous dispense du quota habituel de jump scares qui viennent ponctuer ce type de production, nous faisant presque oublier que l'univers Conjuring livre souvent des produits calibrés à défaut d'oeuvres du cinéma d'épouvante. Ce qui n'est pas rien...


Niveau casting, on se réjouit de retrouver le couple Warren, toujours incarné par les talentueux Vera Farmiga (Bates Motel, Dans leur regard) et Patrick Wilson (Insidious, Aquaman). Dans le rôle de Judy, leur fille tourmentée par les artefacts de la cave et par un pouvoir héréditaire, on trouve la jeune et prometteuse Mckenna Grace (Frankenstein, The Haunting of Hill House, Captain Marvel). Elle est entourée de Madison Iseman (Tale of Halloween, Chair de Poule 2) dans le rôle la nounou excessivement naïve, de Katie Sarife (Zombies and Cheerleaders) interprétant ici la copine endeuillée, reine de l'incruste et responsable du déferlement paranormal qui va s’abattre sur la maison des Warren. Sans oublier, bien sûr, le gentil prétendant à la belle naïve, Michael Cimino (Training Day). Pas de soucis majeurs à déplorer du côté des personnages puisque leur background respectif les rend suffisamment touchants, humains et attachants pour partager avec eux leur éprouvante expérience. En revanche, on regrette la présence très limitée du couple Warren sur la durée du film, même s'il faut bien admettre qu'il sont ici davantage en tant que bonus, ou en tant qu'amuse-bouches, leur saga officielle étant Conjuring.


Au final, le résultat est très loin d'être mauvais. Au contraire, pour sa première livraison Gary Dauberman fait montre d'un évident savoir-faire au poste de réalisateur. De la mise en scène à la caractérisation de ses personnages, Annabelle - La Maison du mal est traversé de belles idées et surtout sait encore nous surprendre alors qu'on en attendait pas grand chose. On navigue ici entre le film de baby-sitter avec des scènes légères et cocasses et l'épouvante pure et très premier degré une fois que la machine est lancée. Cette sortie des sentiers battus fait office de semi-libération et le rapproche plus d'Insidious que de la plupart des spin-off à la mécanique trop bien huilée de l'univers Conjuring. Son traitement plus pertinent des effets de peur permet d'aborder différemment un concept qui finissait par se ronger de l'intérieur. En effet, avec la volonté farouche de toujours vouloir faire décoller le spectateur de son siège on finissait par subir une foire aux jump scares pas toujours efficaces et souvent déjà spoilés par la bande-annonce. Ici, l'angoisse est bel et bien au rendez-vous et quitte à ne pas faire trop décoller le spectateur de son siègeAnnabelle - La Maison du mal à la ferme intention de l'y scotcher. Greffe d'ongle à prévoir en sortie de séance...
N.F.T.



EN BREF
titre original : Annabelle Comes Home
distribution : Mckenna Grace, Madison Iseman, Katie Sarife...
pays d'origine : États-Unis
budget : 27 000 000 $
année de production : 2019
date de sortie française : 10 juillet 2019
durée : 106 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 3.5/5

 † EXORCISME †
▲ Réalisation soignée
▲ Personnage développés
▲ Richesse du "bestiaire"

 - DÉMYSTIFICATION -
▼ La naïveté de la nounou
▼ Quota minimum de jump scares (selon les goûts)
▼ Peu de temps de présence pour les Warren

LE FLIP
Une éprouvante séance de piano...

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