[Critique] INCARNATE (2016/2017 - DTV) de Brad Peyton

Évaluation du dossier : 3/5 [♥]

Lindsay, mère célibataire, est le témoin de très inquiétants phénomènes entourant son fils de 11 ans Cameron. Persuadée qu’il s’agit d’un cas de possession démoniaque, Lindsay et une envoyée du Vatican font appel au scientifique Seth Ember pour s’en débarrasser. Cloué dans une chaise roulante après la disparition tragique de sa famille, il est capable de s’introduire dans le subconscient de la personne possédée. Mais en pénétrant celui du jeune Cameron, Ember se retrouve confronté à un démon de son passé…

Au vu de son budget light  – les fameux "low budget high concept" à 5 millions de Jason Blum –  et des ambitions affichées – dépasser le fantastique et l'horreur pour flirter avec la science-fiction – on a d'instinct envie d’exprimer une certaine indulgence à l'attention d'Incarnate.

Parce que mine de rien, combien de films ont l'audace de revisiter le mythe de l'exorcisme en s’octroyant la liberté de ne pas le traiter sous l'angle de la religion ? Aussi oubliez les crucifix, les incantations en latin et autres défilés de curés, en choisissant de chasser le démon directement dans l’esprit des possédés pour les libérer, le film de Brad Peyton lorgne davantage du côté d'Inception que de L'Exorciste. La remarquable entrée de  scène à la Matrix de Seth Ember ne laisse aucun doute à ce sujet.


Jusqu'alors plutôt associé à des productions action et aventure, on lui doit notamment San Andreas et Voyage au centre de la Terre 2 : L'Île mystérieuse, le réalisateur ne cache pas son enthousiasme à la lecture du script de Ronnie Christensen. Il ne manque pas de relever son approche originale du film de possession mais surtout de son personnage principal, Ember, interprété ici par Aaron Eckhart (The Dark Knight : Le Chevalier noir, I Frankenstein). Cependant, l'introduction passée, on remarque très vite un décalage entre l’emballement de Peyton et ce que reflète Ember à l'écran, sans doute excessivement caractérisé et dont le côté clodo rescapé du Vietnam, pourrait prêter à sourire. Heureusement, le jeune David Mazouz, aussi présent au cinéma (The Darkness) qu'à la télévision (Gotham), remonte le niveau en adoptant une sobriété glaçante et dont la voix trafiquée suffit à provoquer des sueurs froides au spectateur. Idem pour Carice van Houten (Intruders, Game of Thrones) qui campe une mère de famille de caractère mais désemparée et entretient une troublante ressemblante avec Vera Farmiga. Globalement chacun fait ce qu'il peut avec des personnages peu ou mal écrits et parfois bien caricaturaux (les duos de geeks branchés à la technique, le héros torturé...).


Cependant, il serait trop facile – et injuste – de pointer les faiblesses d'Incarnate tout en ignorant ses qualités. Car de qualités il n'en manque pas. La première étant, comme dit plus haut, de proposer quelque chose d'innovant, de la possession sans curé ou presque, et en misant sur un concept proche d'Inception, ou dans une certaine mesure, Insidious ou The Cell. La force du scénario de Ronnie Christensen tient aussi dans ce démon qui manipule l'esprit de ses victimes, joue avec leurs rêves et les tient prisonnier de leur monde fantasmé. Toutefois, on relativisera l'impact de l'entité puisque le réalisateur choisit de n'en dévoiler qu'une partie, plutôt que de le montrer ou le dissimuler complètement, ce qui a plutôt tendance à susciter un sentiment de frustration qu'un réel moment de flip pour le spectateur.

Tourné en 23 jours dans une urgence idéale pour obtenir de la part des acteurs un état d'anxiété  qui transpire à l'écran et malgré un côté série B constant, accentué par une mise en scène peu inspirée, Incarnate mérite un petit coup d’œil, ne serait-ce que pour son dernier tiers rythmé et captivant, en résonance – mieux vaut tard que jamais – avec le fameux début si prometteur. Pour certains ce ne sera pas suffisant et bien trop long mais pour les plus "tolérants", ils bénéficieront d'une petite péloche modeste mais honorable, évoluant dans un fantastique tendance SF plutôt bienvenu.
N.F.T.


EN BREF
titre original : Incarnate
distribution : Aaron Eckhart, Carice van Houten, Catalina Sandino Moreno, David Mazouz...
pays d'origine : États-Unis
budget : 5 000 000 $
année de production : 2016
date de sortie française : 26 avril 2017 (DTV - Wild Side Video)
durée : 91 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3/5

† EXORCISME †
▲ Le début
▲ La fin
▲ Approche nouvelle de l'exorcisme

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Manque de budget
▼ Réalisation molle
▼ Le démon à moitié dévoilé

LE FLIP
Une présence nocturne dans la cuisine...

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