LA MALÉDICTION DE LA DAME BLANCHE (2019) de Michael Chaves [Critique]

Évaluation du dossier : 3/5 [♥♥♥]

Au XVIIe siècle, la Llorona a noyé ses enfants dans un accès de folle jalousie, puis, dévastée par le chagrin, elle s'est jetée dans le fleuve déchaîné. Désormais, son spectre s'attaque aux enfants, cherchant désespérément à remplacer les siens. Los Angeles, dans les années 1970, ignorant les avertissements d'une mère soupçonnée de violence sur mineurs, une assistante sociale et ses enfants sont confrontés à la fureur mortelle de la dame vêtue de blanc...

Nouveau venu dans le Conjuring-verse, La Malédiction de la dame Blanche permet au producteur James Wan d'introduire son nouveau protégé, Michael Chaves, futur réalisateur du prochain Conjuring.


Repéré par les pontes de New Line grâce à son court-métrage d'épouvante "The Maiden" dans lequel un agent immobilier vend une maison hantée, Michael Chaves est très vite devenu un réalisateur à suivre de près. En confiance, le studio à l'origine de la saga des Griffes de la nuit ou encore de l'univers Conjuring, lui confie coup sur coup La Malédiction de la dame Blanche et rien moins que le troisième volet de Conjuring. Un choix inspiré ? La réponse tend plutôt vers le oui puisque le nouveau venu veut clairement flanquer les miquettes à son public et semble connaître les techniques pour y parvenir. Encore faut-il que le scénario soit à la hauteur des ambitions affichées, et c'est plutôt de ce côté que ça pèche...


Pourtant le pitch, bien que simple, est prometteur et l'idée d'étoffer davantage l'univers de Conjuring en reliant les histoires entre elles, en l'occurrence, ici à celle d'Annabelle, a au moins le mérite d'attiser la curiosité. Si concrètement, ce lien tient surtout au personnage du père Perez, déjà en prise avec la sale poupée quelques années plus tôt, on constate que cet univers étendu couvrira à terme une période qui va des années 50 (pour le moment) à nos jours. Malheureusement ici, les erreurs sont nombreuses et le manque d'inspiration flagrant. À commencer par l'association de la légende mexicaine de la Llorana à celle plus européenne de la dame Blanche, bien que présente aussi, dans une moindre mesure en Amérique du nord. Si l'on peut concevoir qu'il est difficile de traduire une légende mexicaine et son bagage culturel, il n'était pas judicieux de la remplacer par une figure aussi populaire et implantée dans l'inconscient collectif. Le scénario, signé par deux quasi débutants, Mikki Daughtry et Tobias Iaconis, bien que jouant de l'ironie lorsque l'assistante social en protection de l'enfance est à son tour visitée par une collègue de travail, est en revanche jonché de réactions peu crédibles des personnages : des enfants effrayés qui, sans motif réel, ne disent rien à leur mère, une gamine qui tente de récupérer sa poupée dehors alors qu'on lui a expliqué que l'objet de sa peur l'attrapera si elle franchit la porte... Toutes ces petites maladresses font que l'on peine à croire aux personnages. Et la Llorona n'est pas épargnée puisque le physique improbable de la dame et ses cris donnent plus envie de lui coller un uppercut au visage que de s'enfuir en courant...


Niveau réalisation, Michael Chaves, hormis un sursaut d'inspiration lors d'un court travelling en début de film, ne révolutionne en rien une recette méticuleusement respectée. Ce n'est donc pas un souffle nouveau qu'il faudra chercher ici. Il ne faudra sans doute pas s'attendre à une révolution non plus lors du prochain Conjuring dont la réalisation passe entre ses mains. Cependant, on ne peut lui retirer un certain talent, une générosité même, pour faire flipper. De ce côté, c'est réussi, d'autant que l'habillage sonore, la plupart du temps minimaliste, contribue à amplifier l'intensité des assauts visuels, mais aussi musicaux via la partition glaçante et dissonante signée une nouvelle fois Joseph Bishara (InsidiousConjuring : Les Dossiers Warren). Émotions fortes garanties donc, mieux encore, les moments de flip sont ici plus nombreux que la moyenne. Prévisibles souvent, mais le job est fait.

Le casting aussi fait le boulot, et surtout comme il peut avec des personnages pas toujours bien écrits. On y trouve Raymond Cruz qui passe de trafiquant de drogue allumé dans Breaking Bad à curé badass non dénué d'humour. Anck Su Namun de La Momie devient ici Patricia Velasquez sous les traits de Patricia Alvarez. Sean Patrick Thomas débarque tout droit d'Halloween: Resurrection et Linda Cardellini (Avengers: Endgame, Super) porte l'essentiel du film sur ses frêles épaules à l'inverse de Tony Amendola (The Devil's Candy, Dexter, Annabelle) dont la présence limitée vient justifier l'appartenance du métrage à l'univers Conjuring.


Bien que l'on soit loin de la purge décriée, La Malédiction de la dame Blanche fait le taf, celui de faire peur, mais cela se fait au détriment d'une histoire véritablement solide, et de personnages suffisamment caractérisés, des défauts fréquents dans le Conjuring universe, d'Annabelle à La Nonne. Faute de véritable relève à James Wan, les réalisateurs se suivent et se ressemblent, baignant la plupart du temps dans un académisme ennuyeux, mais qui, au final rappelle que la substantifique moelle de ces œuvres ne se situent pas dans leur réalisation... et il n'était peut-être pas besoin de le préciser.
N.F.T.


EN BREF
titre original : The Curse of La Llorona
distribution : Linda Cardellini, Raymond Cruz, Patricia Velasquez...
pays d'origine : États-Unis
budget : 9 000 000 $
année de production : 2019
date de sortie française : 17 avril 2019
durée : 94 minutes
adrénomètre : ♥♥♥
note globale : 3/5

 † EXORCISME †
▲ Flippant
▲ Le Conjuring-verse
▲ Casting

 - DÉMYSTIFICATION -
▼ Récit peu étoffé
▼ Réalisation académique
▼ Personnages peu crédibles

LE FLIP
La Llorona débarque dans la maison...

LIRE AUSSI
Mamá
Fragile
Intruders



Commentaires

En cours de lecture