[Critique] INSIDIOUS : CHAPITRE 3 (2015) de Leigh Whannell

Évaluation du dossier : 4/5 [♥♥♥]

Parce qu’elle a l’impression que sa mère défunte cherche à entrer en contact avec elle, la jeune Quinn Brenner se tourne vers Elise, un médium qui refuse d’utiliser son don depuis la tragédie qu’elle a vécue autrefois. Lorsque Quinn est attaquée par une entité malveillante, Sean, le père de la jeune fille, supplie Elise de les aider. Secondée par deux parapsychologues, Tucker et Specs, Elise accepte de s’aventurer dans les tréfonds du "Lointain" pour protéger Quinn. Là, Elise va affronter le pire ennemi qu’elle ait jamais rencontré : un démon dévoreur d’âmes…

Après les réussites des deux premiers chapitres pilotés par James Wan (Conjuring : Les Dossiers Warren, Dead Silence), on était en droit de s'interroger sur l'avenir de la franchise Insidious alors que le réalisateur, orfèvre de l'épouvante, quittait le navire pour Fast & Furious 7 dans la stupéfaction générale...

Par chance, son remplaçant et compère de toujours Leigh Whannell, tout autant impliqué que lui dans l'aventure puisqu'il occupait jusqu'alors le double poste de co-scénariste et acteur, ne perd pas pied face au challenge. Il livre un petit film de frousse divertissant et efficace avec un budget doublé par rapport au précédent métrage. Et avec ces 10 millions de dollars alloués par les rois de l'épouvante à moindre frais, Oren Peli et Jason Blum pour ne pas les nommer, on pourrait presque parler ici de blockbuster.


Certes, le procédé est à la mode ces dernières années, on le constate avec de nombreux films d'horreur tels que Halloween, Massacre à la tronçonneuse : le commencement, Paranormal Activity 2 et Paranormal Activity 3, prochainement Rings, mais c'est bien sous la forme de préquelle que nous est proposé ce troisième opus. Pourquoi pas après tout, tant que l'histoire tient la route et respecte ce que nous connaissons déjà de la franchise. Du coup, la première bonne surprise consiste à nous sortir de l'histoire de la famille Lambert, à quelques ponts près, pour s'intéresser à un nouveau foyer. C'est cette fois chez les Brenner qu'un démon dévoreur d'âme se tape l'incruste, poussant la jeune Quinn, sans défense, au bord de l'hystérie. 

Niveau mise en scène, Leigh Whannell plutôt que se contenter du minimum syndical de type Annabelle, offre des mouvements de caméra immersifs – tout comme comme Wan, il aime les plans séquences aussi élégants qu’anxiogènes – et surtout une gestion des effets de peur assez ingénieuse. Il ne craint pas de prendre son temps pour laisser la suggestion faire une bonne partie du travail. Du coup, la peur est bel et bien au rendez-vous, renforcée par des ambiances glauques comme les intérieurs sombres et tristes de la maison de la famille Brenner frappée par le deuil, ainsi que sur les jump scares, assez nombreux et souvent efficaces.


Si les Lambert étaient au cœur des deux premiers épisodes, c'est ici le personnage d'Elise qui devient central, un peu à l'image du couple Warren dans The Conjuring. L'idée est excellente quand on voit à quel point son rôle est primordial dans les premiers épisodes d'une part, et surtout au regard du capital sympathie qu'inspire son personnage. On découvre ici une femme tourmentée par un passé douloureux qui devra puiser en elle toute la force nécessaire pour affronter ses démons et honorer ce don – ou cette malédiction – qui la rend exceptionnelle. L'approche sous forme de préquelle permet aussi d'en savoir plus sa première rencontre avec les deux chasseurs de fantômes, un peu décalés et déjà ultra geek puisqu'ils sont accoutrés de vêtements à l'effigie de Casper pour Specs et des Maîtres de l'univers, version Dolph Lundgren pour Tucker. Le top de la crédibilité...

Il est clair que Insidious : Chapitre 3, tout en usant d'un premier degré glaçant et d'un ton plus malsain que de coutume, s'amuse de ses influences et les assume parfaitement. Cette première réalisation forcément bourrée de références en bon fan de film de genre qu'est Leigh Whannell, pêche un peu par son étalage de scènes qui sentent le réchauffé, de la séquence de l’œil au fond d'une gorge vu dans La Revanche de Freddy au chasseurs de fantômes loufoques de Ghostbusters, d'autres songeront parfois à l'univers graphique déjanté de Silent Hill, ou celui inquiétant de Shining... et la liste s'allonge très vite pour ceux qui aime relever ce genre de détails purement cinéphiliques.


Côté casting, le travail est fait, on retrouve évidemment le trio originel constitué de Lin Shaye (Les Griffes de la nuit, Freddy sort de la nuit, Rosewood Lane, Ouija) Leigh Whannell (Saw, Death Sentence) et Angus Sampson (Nuits de Terreur), sans oublier Steve Coulter (Conjuring : Les Dossiers Warren), introduit dans le deuxième opus, dans le rôle de Carl, l'ami medium d'Elise. De nouveaux personnages font aussi leur apparition comme celui de la jeune Quinn, interprétée par Stefanie Scott ou encore son père joué par Dermot Mulroney. L'angoissant Michael Reid MacKay interprète le rôle du démon et Tom Fitzpatrick reprend du service dans le rôle de l’effrayante mariée en noir.

Insidious : Chapitre 3 s'avère au final réellement encourageant pour une première réalisation. S'il relance avec brio l'intérêt de la franchise, on regrettera toutefois que le "Lointain" dans lequel Elise va devoir une nouvelle fois affronter des entités coriaces et terrifiantes, paraisse un brin simplifié, autant dans sa représentation graphique que spatiale. Même si l'on y perçoit encore l'ambiance éthérée d'un Freddy, on constate un univers parallèle un peu en deça de ce que Wan nous avait offert jusqu'alors. Ce dernier est d'ailleurs toujours présent dans le projet sous la forme d'un cameo qui résonne avec son retour tant attendu au genre. En effet, James Wan prendra les rênes du prochain volet très attendu de The Conjuring. De son côté Leigh Whannell s'en sort sans trop de casse et s'affiche même comme un cinéaste bourré de qualités dont on attend la prochaine livraison avec un très vif intérêt.
N.T.

EN BREF
titre original : Insidious : Chapter 3
pays d'origine : États-Unis
budget : 10 000 000 $
année de production : 2015
date de sortie française : 8 juillet 2015
durée : 97 minutes
adrénomètre : ♥♥♥ 
note globale : 4/5 

† EXORCISME † 
▲ Flippant 
▲ Le changement de foyer 
▲ Plus malsain 

- DÉMYSTIFICATION - 
▼ Le lointain moins riche 
▼ Sentiment de déjà-vu 
▼ Scénario moins ingénieux que le deuxième opus 

LE FLIP
Une femme se défenestre...

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