[Critique] LES ENVOÛTÉS (1987) de John Schlesinger

Évaluation du dossier : 3/5 []

Cal Jamison, psychiatre au service de la police, est muté à New York après le décès tragique de sa femme. Alors qu'il tente de se reconstruire aux côtés de Chris, son jeune fils, on fait appel à lui afin d'élucider une série de meurtres rituels impliquant des enfants. Ses recherches ne tardent pas à établir un lien avec le culte ancestral de la Santeria pratiquée par une organisation aux ramifications insoupçonnées...

Sorti la même année que Angel Heart, Creepshow 2, Dolls et quelques mois avant L'Emprise des Ténèbres, on peut dire qu'en cette deuxième moitié des années 80, le vaudou, la sorcellerie et les rituels en tout genre ont la côte.
S'il s'engage dans ce même sillon, Les Envoutés adopte toutefois une approche réaliste, centrée davantage sur la psychologie de ses personnages que sur les scènes véritablement horrifiques.

Grâce à sa récente réédition chez Wild Side en DVD et Blu-ray dans une copie très convenable, Les Envoûtés de John Schlesinger s'offre une nouvelle jeunesse tout en restant très marqué par l'empreinte "eighties". Sorti dans les salles françaises en 1987, à quelques mois d'intervalle avec Angel Heart d'Alan Parker aux thématiques proches, il aborde le thème de la magie noire sous un angle essentiellement psychologique et s'intéresse à son influence au sein même de la cellule familiale. Ce thriller mystique navigue alors à la frontière du fantastique et confronte la religion et toute les croyances qu'elle véhicule au pragmatisme d'un psychologue. Ce dernier devant alors broder avec des situations mystérieuses en contradictions avec ses convictions évidemment cartésiennes. Le long métrage adopte aussi une approche dramatique souvent très juste, voire poignante, lorsque qu'il s'agit pour le metteur en scène d'évoquer les relations parfois difficiles entre Cal et son fils.



D'ailleurs il ne fait aucun doute que John Schlesinger, réalisateur oscarisé de Macadam Cow-boy, a le sens du drame. Il adapte ici le livre de Nicholas Conde, The Religion, qui s'inspire de crimes commis aux États-Unis dans les années 80. Les Envoûtés proposant alors une plongée vertigineuse dans le monde de la religion, des rituels mystiques et de la possession, tout en illustrant son propos de quelques scènes choc à base de décapitations d'animaux, de meurtres d'enfants, de suicides éprouvants...

Une mention spéciale est à décerner aux décors particulièrement soignés de Carol Spier (La Mouche, Dead Zone) et notamment les autels bien glauques sur lesquels sont commis les sacrifices. C'est aussi l’occasion de profiter d'un casting aussi fourni qu'un Tarantino avec des grosses pointures comme Robert Loggia (Scarface, Big), Jimmy Smits (Star Wars épisodes 2 & 3, Les Tommyknockers...), Helen Shaver (Amityville : La Maison du diable), Harris Yulin (Scarface, Panics, My Soul to take), Lee Richardson (La Mouche 2, L'Exorciste : La suite), Richard Masur (The Thing, Ça) ou encore Martin Sheen (Dead Zone, The Amazing Spider-man) et le jeune Harley Cross (La Mouche 2).
 

Niveau adrénomètre, si ce n'est plus le grand frisson, évolution du genre oblige, le scénario de Mark Frost, – visiblement déjà dans le mystique quelques années avant sa collaboration avec David Lynch sur sur Twin Peaks – tient en haleine du début à la fin, même si le film accuse quelques petites longueurs, toutefois facilement surmontables. 

Thriller psychologique teinté de fantastique situé quelque part entre Seven de David Fincher pour son côté polar horrifique oppressant et L'Emprise des ténèbres de Wes Craven pour son traitement réaliste des croyances religieuses, avec une petite dose de Rosemary's Baby avec son jeu de faux-semblants, son environnement anxiogène et son culte inquiétant, Les Envoûtés peut sembler bien trop sage pour un féru d'horreur mais s'impose au final comme un métrage plutôt bien emballé et qui malgré son âge et la forte concurrence, suscite encore l'intérêt.
N.F.T.   



EN BREF
titre original : The Believers
pays d'origine : États-Unis
année de production : 1987
date de sortie française : 23 septembre 1987 - (DVD & BD le 4 novembre - Wild Side)
durée : 109 minutes
adrénomètre : ♠
note globale : 3/5

 † EXORCISME
▲ L'approche psychologique
Le casting en or
▲ Les décors
 - DÉMYSTIFICATION -
Peu effrayant
▼ Très marqué par son époque
▼Thème peu original

LE FLIP
Carl Jamison est invité sur l'une des scènes de crimes...

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