[Critique] STARRY EYES (2014/015 - VOD) de Kevin Kolsch & Dennis Widmyer

Évaluation du dossier : 3.5/5 []

Sarah Walker occupe un job sans avenir sous le joug d’un patron qui la prend de haut. Elle subit des amitiés superficielles avec des acteurs concurrents et participe à des castings qui n’aboutissent à rien. Après plusieurs auditions humiliantes face à un duo pour le moins bizarre, elle décroche le rôle principal dans leur nouveau film. Malgré le fait qu’ils lui demandent de faire des choses de plus en plus étranges, elle sera prête à tout pour réussir, aveuglée par son fantasme de célébrité.

Pour une première réalisation, le duo constitué de Kevin Kolsch et de Dennis Widmyer ose une relecture assez poisseuse du rêve hollywoodien. Starry Eyes, téméraire dans son propos et singulier dans son esthétique, est un objet filmique non-identifié comme l’on en voit trop peu dans les productions horrifiques actuelles. 

Le déroulement de la première partie du film est lent et pesant, on y suit la jeune comédienne Sarah, un personnage aseptisé inspirant très peu de sympathie. Le métrage, centré sur son protagoniste, dresse une critique plus ou moins subtile du show business. De la manipulation aux déboires les plus infâmes, Starry Eyes pointe du doigt un système volontairement exagéré mais parvient ainsi à faire ressentir le trouble émotionnel que vit la jeune actrice. Avec une deuxième partie nettement plus rythmée, le métrage bascule dans le fantastique où scènes de meurtres et rituels de secte viennent rajouter une couleur encore plus noire au récit. 


Si l’écriture du personnage principal est exemplaire, le reste du casting est, quant à lui, plutôt inégal. Les amis de Sarah sont davantage des bouche-trous scénaristiques que des personnages réellement pertinents. Ainsi, on découvre sans surprise la bonne copine, la chipie et le pote au grand cœur dissimulant des intentions tendancieuses. Un développement plus prononcé des personnages aurait été appréciable.

Niveau références, on ne peut s’empêcher de penser à Black Swan. Le personnage interprété par Natalie Portman, attiré par les strass de la célébrité, nous inspirait le même malaise. Une influence du style « body horror » se fait également remarquer, la dégénérescence du corps de la jeune fille nous rappelle le chef-d’œuvre La Mouche de David Cronenberg. Cette déperdition anatomique va de pair avec la perte d’intégrité que subit l’actrice en devenir, allant toujours plus loin pour arriver à ses fins. 


Comme son personnage central, Starry Eyes se permet un certain jusqu’au-boutisme en termes de gore. Avec un petit côté nauséeux, les scènes de violence, arrivant en fin de bobine, sont très graphiques et humainement cruelles. Les spectateurs les plus friands de ce genre de séquences pourront profiter d’une scène de musculation effroyablement jubilatoire.

Voilà donc une œuvre bien particulière : difficilement comparable à d’autres films, Starry Eyes possède une identité bien marquée. On regrettera une héroïne peu appréciable et une mise en veille de l’adrénomètre. Son message critique et son approche graphique en font un œuvre inclassable mais qui ravira les amateurs de nouvelles expériences dans le cinéma d’horreur.
N.M.

EN BREF
titre original : Starry Eyes
pays d'origine : États-Unis / Belgique
budget : 50 000 $
année de production : 2014
date de sortie française :  20 juin 2015 - VOD (Netflix)
durée : 98 minutes
adrénomètre : ♠ 
note globale : 3.5/5 

† EXORCISME
▲ Critique du système hollywoodien
▲ Histoire originale
▲ Scènes gores
 
 - DÉMYSTIFICATION -
Démarrage lent
Personnages secondaires peu développés
Peu de frissons

LE FLIP 
Votre colocataire vous embrasse… 



Commentaires

  1. Zéro bémol selon moi, j'ai adoré ce film, sans aucune réserve !

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