[Critique] DOLLS : LES POUPÉES (1987) de Stuart Gordon

Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥]

Sur la route des vacances, David Bower, sa future épouse Rosemary et sa fille Judy sont surpris par un violent orage, qui les contraint à s'arrêter sur le bord de la route. Ils trouvent refuge dans une maison aux murs décrépits où vit un couple de vieillards, collectionneurs de poupées. Pendant la nuit, les hôtes découvrent avec surprise que les poupées sont vivantes...

Les années 80... toute une époque pour le cinéma fantastique, durant laquelle les projets les plus fous (et accessoirement fun) prenaient toute leur dimension. Cette petite production de Brian Yuzna (Society, Le Dentiste...), réalisée par Stuart Gordon (Re-Animator, Dagon...) en est l'une des parfaites illustrations.

Si l'on rentre très progressivement dans la partie trash du sujet, l'ambiance est, en revanche, tout de suite posée, lors d'un générique glauque dévoilant des portraits de poupons menaçants sur fond noir. Et à peine le contexte brossé, dans cette maison rustique isolée tenue par d'étrange vieillards accueillant avec une bienveillance suspecte des hôtes candidats involontaires au massacre, on retrouve cette remarquable collection de poupées sinistres, dont les sourires s'esquissent peu à peu.

 
Le tout décolle réellement juste après une première attaque assez suggestive, et la célèbre séquence qui sera reprise dans les années 90 par Les Inconnus pour leur fausse pub "Klaus Barbie". Impossible ici de faire l'impasse sur le travail aussi minutieux que remarquable sur les marionnettes dont l'expression des visages totalement bluffante, est combinée à des séquences de mouvement en stop motion des plus réussies, encore aujourd'hui, à l'ère des effets digitaux.
 

On se surprend à comparer, quasi instinctivement, ces effets numériques qui ont aujourd'hui supplanté les trucages old school, ces derniers dégageant, comme les poupées anciennes du film, une sensation de magie et de poésie, unique en son genre. C'est d'ailleurs précisément sous cet angle que Dolls développe son argumentaire, en mettant constamment en confrontation ancien et moderne. Cette ère nouvelle est illustrée ici par l'individualisme, la musique électronique ou encore la mode punk, créant un fossé culturel béant dans cette maison qui semble peu apprécier ce type de contamination. Tout comme l'artisanat, les jouets personnalisés, les pièces uniques, subissent l’industrialisation, la production à la chaine uniforme et sans âme. Forcément, le conflit générationnel n'est jamais bien loin, mettant en opposition impertinence de la jeunesse et (fausse) sagesse des anciens. De leur côté, les poupées se chargent de venger la morale quelque peu malmenée de leurs "maîtres" en ciblant uniquement les âmes emplies de cynisme, et en épargnant ceux qui ont un cœur d'enfant.


Toutefois, il serait dommage de réduire Dolls à une simple éloge à l'enfance - en conserver une part mais aussi croire en ses rêves et au pouvoir de l'imagination. Les scènes gores ne sont pas en reste, tout comme l'humour noir qui se dégage de ces poupées affreuses et parfois maladroites. On retrouve à ce titre le côté impertinent des Gremlins.
 
S'il cultive une certaine image réactionnaire, voire conservatrice, qu'il illustre très bien par son côté artisanal et son message de fond, nul doute que Dolls ravivera la flamme dans les yeux des nostalgiques qui regrettent la magie de l'horreur à l'ancienne. Et malgré son côté rétro qui pourrait faire fuir les plus jeunes, Dolls procure suffisamment de magie pour emporter dans son sillon les âmes les plus réfractaires au cinéma fantastique à l'ancienne. Rassurant, n'est-ce pas ?
N.T.

EN BREF
titre original : Dolls
pays d'origine : États-Unis
année de production : 1987
date de sortie française : 29 avril 1987 - 3 février 2015 (DVD & Blu-ray - Sidonis Calysta)
durée : 74 minutes
budget : 12 000 000 $ (source Wikipédia)
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5


† HANTISE
▲ Du fond et de la forme
▲ Du gore et de l'humour noir
▲ Les animations en stop motion

-  DÉMYSTIFICATION -
▼ Petit côté rétro
▼ Plus amusant qu'effrayant
▼ Esprit artisanal aujourd'hui disparu


LE FLIP
L'attaque de la riche marâtre par une horde de poupées enragées !

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