[Critique] LE SOUS-SOL DE LA PEUR (1991/1992) de Wes Craven

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Le jeune Fool vit dans le ghetto de Los Angeles. Lorsque sa famille est sur le point de se faire expulser, il se laisse convaincre par deux truands de cambrioler une maison à l'étrange réputation. La nuit, soupirs et gémissements s'en échappent, et un couple inquiétant semblent ne jamais laisser personne y entrer. Après une première tentative infructueuse, le gamin et ses complices parviennent à s'introduire dans la demeure. Bientôt, la vraie question pour eux sera de savoir comment en ressortir, vivant...

Que l'on aime ou pas Wes Craven, on ne peut lui reprocher son aptitude à aborder ses thématiques à sa manière, s'affranchissant des modes et des usages, voire revendiquer une certaine folie, qui fait par ailleurs écho à sa passion évidente pour les héros névrosés et psychopathes.
Dans Le sous-sol de la peur, cette folie est incarnée par un couple de tordus qui enferme ses propres enfants dans les caves et les murs. Bonjour l'ambiance à la maison ! Mieux, ces deux affreux personnages alignent les pires travers : égocentriques, racistes, incestueux, cannibales, et surtout, avides d'argent, c'est d'ailleurs ce dernier point qui va constituer le principal facteur de l'effondrement de leur petit univers malade qu'ils croyaient suffisamment hermétique, jusqu'à ce qu'un petit grain de sable viennent enrayer la machine.

C'est justement au travers de ce petit grain de sable, le jeune héros, Fool, que l'on découvre cet affligeant spectacle. Un gamin déjà confronté à des problèmes d'adulte et notamment à la maladie, celle de sa mère mourante qui ne peut se payer son traitement, et pour couronner le tout, sa famille est en passe de se faire expulser par des propriétaires avares et peu scrupuleux. Fool et sa famille vivent dans le dernier appartement encore occupé d'un immeuble insalubre, destiné à la démolition... Le gamin d'abord réticent, finit par accepter de participer à un cambriolage, d'autant que l'objet du délit, qui abriterait une grosse réserve d'or, appartient justement à ses propriétaires...

Au casting du Sous-Sol de la Peur, on retrouve le petit prodige de l'époque, Brandon Adams, vu plus tôt dans le Moonwalker de Michael Jackson et plus tard dans la comédie Disney Les Petits Champions. Autour de lui gravite d'autres têtes tout aussi connues telles Ving Rhames (L'Armée des Morts, L’Échelle de Jacob, Piranha 3D...), Bill Cobbs (Le Grand Saut, Le Monde Fantastique d'Oz) sans oublier la performance brillante du couple Everett McGill (Peur Bleue, Dune), et Wendy Robie (Un Vampire à Brooklyn) qui fonctionne ici à merveille. Un duo déjà réuni à l'écran, à la même époque, dans la série Twin Peaks où ils interprétaient respectivement James et Nadine Hurley.

On retrouve dans Le sous-sol de la peur de nombreuses références aux contes classiques, on songe alors aux frères Grimm, à Andersen, dont la morale peut sembler aujourd'hui redondante, mais Wes Craven les adapte à nos sociétés modernes. Il est ainsi question, de manière peut-être un peu manichéenne mais pas du tout en contradiction avec les figures que l'on retrouve dans ces vieilles histoires, de permettre au peuple de reprendre à ce couple égoïste, enrichi sur le dos des pauvres, l'argent injustement gagné. Un duo, malade de l'intérieur, qui traite ses locataires comme un fardeau embarrassant, à l'image de sa progéniture illégitime, négligée et abandonnée à son triste sort, hors de sa vue. Et alors que leurs enfants sont condamnés à errer à la périphérie des pièces, dans les murs, la cave... leur principale source de revenue est quant à elle, entassée à la périphérie de la ville, dans des bâtiments insalubres. Le couple étant, finalement, uniquement préoccupé par son bien-être psychotique, et ses loisirs, refusant d'endosser sa responsabilité de propriétaire, au même titre que celui de parents, auprès de ses compatriotes. Par ailleurs, le titre original, The People under the Stairs, littéralement : le peuple sous l'escalier, qui perdra toute sa portée polysémique avec son titre d'exploitation française, donne aussi un indice sur cette ascension sociale refusée par ceux qui ont eu la chance de situer du bon côté de l'escalier pour en gravir les marches.... Une situation intenable qui conduit inexorablement cet univers voué à l'échec, vers un final en apothéose, totalement hystérique, dans lequel tout le monde part en sucette, les uns pour conserver leur inutile et monstrueux bas de laine et les autres pour vivre, au moins, de manière décente.



Forcément moralisateur et idéaliste, Wes Craven fait surtout du Wes Craven, et s'interroge ici, deux ans après l'étonnant Shocker, sur les travers de nos sociétés, prenant plaisir à gratter le vernis d'une bourgeoisie américaine apparemment au dessus de tout soupçon, tout en y allant de son petit message humaniste basé sur le partage et la générosité. Toutefois pas de Bisounours ici, c'est parfois glauque et sombre, l'horreur graphique est bien présente, l'angoisse bien réelle, et quand bien même Le sous-sol de la peur prête parfois à sourire, devant ce couple de plus en plus hystérique alors qu'il est en passe d'être découvert, l'inusable réalisateur et créateur de Freddy Krueger traite de son sujet avec sérieux, et surtout avec la liberté de ton qu'on lui connaît, et c'est tout à son honneur...
N.T. 

EN BREF
titre original : The People Under the Stairs
pays d'origine : États-Unis
année de production : 1991
date de sortie française : 15 janvier 1992 - 4 novembre 2014 (Blu-ray - Universal Pictures)
interdit - 16 ans
durée : 97 minutes 
budget : 6 000 000 $
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5


† HANTISE
▲ Casting
▲ Liberté de ton du réalisateur
▲ Sujet percutant

 -  DÉMYSTIFICATION -
▼ Pas toujours crédible
▼ Inspiré de faits réels...
▼ Un peu manichéen

LE FLIP
Le couple !

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