[Critique] I WISH - FAITES UN VOEU (2017) de John R. Leonetti

Évaluation du dossier : 2.5/5 []

Claire Shannon et ses copines ne sont pas les filles les plus populaires de leur lycée, bien au contraire. Du coup, lorsque le père de la jeune fille lui offre une ancienne boîte à musique qui promet d'exaucer tous ses vœux, difficile de résister. Argent, popularité, petit ami, le mystérieux objet la comble mais elle ne sait pas encore que chaque vœu a un prix : celui du sang.


Si la vilaine Annabelle faisait figure de consommable qui ne laissera probablement pas une trace indélébile dans l'histoire du cinéma d'épouvante, John R. Leonetti ne semble pas décidé avec I Wish - Faites un voeu, à faire oublier cette tendance un poil arriviste qui transpire de son cinéma.
D'ailleurs cela partait déjà mal à la base, le réalisateur du spin off de Conjuring : Les Dossiers Warren revendiquant d'emblée avoir voulu réaliser un pur produit pour adolescents, tout en respectant le cahier des charges imposé par la classification PG-13. Au-delà de l'étrange grand écart que constitue ces deux critères, il paraît également hasardeux, voire grossier d'imaginer qu'un film doive adopter un langage particulier pour s'attirer les faveurs des djeun's. On aurait voulu les prendre pour des idiots qu'on ne s'y serait pas pris autrement. En résulte une multitude de clichés lourdement étalés qui, non seulement, n'atteignent pas leur cible, mais amenuisent les réelles qualités du film, retenues prisonnières sous cet inutile vernis.


Bien que précédée du logo Orion qui vient titiller la fibre nostalgique des générations biberonnées à Terminator, Robocop, Amityville ou encore Rambo, la première séquence synthétise à elle seule la lourdeur incompréhensible des choix de réalisation. On y voit une jeune femme jeter un paquet dans la poubelle. Naturellement, on se demande ce que contient cet étrange emballage, mais vu que l’œuvre s'adresse aux ados, on ajoute quelques instants plus tard un chien qui en remet une couche en aboyant non nonchalamment dans la direction de la poubelle et pour être absolument sûr de bien se faire comprendre, la caméra vient se glisser derrière la fameuse poubelle, qui bientôt occupe le centre de l'image. Le ton est donné, mais malgré tout, on caresse l'espoir que le reste sera moins ostensiblement prémâché. Et puis la brochette de jeunes héros nous est présentée, le stéréotype est de rigueur (la belle blonde populaire, le beau sportif, la copine grande gueule et la timide aux rondeurs...) et le langage djeun's aussi. Soit une série de décisions qui ne paraissent pas nécessaires, pire hasardeuses, d'autant plus incompréhensibles sur un budget de 12 millions de dollars.


Signé Barbara Marshall (Viral), le scénario est pourtant plutôt prometteur et ludique. Il nous aspire rapidement dans sa spirale et va même jusqu'à scotcher dans ses parties les plus tendues, notamment pour ce qui est de deviner la prochaine victime et la manière dont elle mourra. Certes, c'est du réchauffé, puisqu'au-delà de l'évidence Wishmaster, on pense tout de suite à Destination Finale. Mais on pourrait aussi aller chercher l'influence du côté de L'Effet Papillon (dont Leonetti a réalisé l'oubliable séquelle) ou encore The Box et sa terrible boîte qui scelle le sort de pauvres innocents, le tout naviguant dans les eaux troubles de La Quatrième Dimension.

Au casting les moins jeunes se réjouissent de retrouver des têtes familières. Sherilyn Fenn (Twin Peaks, Boxing Helena), dans le rôle de la sympathique voisine, Jerry O'Connell (Stand by me, Piranha 3D, Scream 2) dans celui d'une victime de la boîte et Ryan Philipps (Souviens-toi l'été dernier, Sex Intentions) en père de famille largué, paraissent ici passer le flambeau à Joey King (En Quarantaine, The Conjuring : Les Dossiers Warren), Shannon Purser (Stranger Things), Sidney Park (The Walking Dead) ou encore Josephine Langford, au service d'une brochette de personnages assez inégale et qui manque souvent de profondeur. D'ailleurs tout juste survole-t-on le pétage de plomb de notre héroïne qui oublie vite que le bonheur des uns fait le malheur des autres et qui sera accusée de satisfaire sa petite personne plutôt que de faire bénéficier ses proches de ce cadeau empoisonné.

Autre petit détail, les "ados" – et les autres – s'étant évaporés dès la première lettre du générique de fin, visiblement aucun ne savait qu'il y avait une séquence post-générique. Dommage, vu le prix des places, mais comme on est sympa on vous la livre ici : ATTENTION SPOILER à lire à l'envers (les autres rendez-vous au paragraphe suivant) : [finalement boîte la garde R.].


Sans jamais vraiment étoffer ses sujets ni son cinéma, John R. Leonetti, pourtant détenteur d'un bon bagage en matière de photographie, ne parvient pas à insuffler l'étincelle qui manque à ses réalisations. Difficile de ne pas voir l'ombre d'un Sam Raimi planer sur ce type de production. Et en effet lorsque ce dernier nous pond un Jusqu'en Enfer, adulte, jouissif et hystérique pour rendre la malédiction captivante, Leonetti se contente de proposer une horreur propre, de développer des relations lolilol entre ados et de fournir un petit fantastique sans âme alors que derrière existe une vraie cruauté qui ne demande qu'à exploser. D'autant plus frustrant que l'on est en droit d'attendre de l'ancien chef opérateur un cinéma qui exploite habilement le fond et la forme et pas un enchaînement lyophilisé de péripéties macabres, surtout avec un pitch aussi prometteur.
N.F.T.


EN BREF
titre original : Wish Upon
distribution : Shannon Purser, Josephine Langford, Sherilyn Fenn, Jerry O'Connell...
pays d'origine : États-Unis
budget : 12 000 000 $
année de production : 2017
date de sortie française : 26 juillet 2017
durée : 90 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 2.5/5

† EXORCISME †
▲ Scénario ludique
▲ Cruel
▲ Une partie du casting

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Manque d'âme
▼ Beaucoup de poncifs du genre
▼ Peu horrifique

LE FLIP
Les cauchemars macabres de Claire...

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