SIMETIERRE (2019) de Kevin Kölsch & Dennis Widmyer [Critique]

Évaluation du dossier : 2.5/5 []

Le docteur Louis Creed, sa femme Rachel et leurs deux enfants quittent Boston pour s'installer dans une région rurale du Maine. Près de sa maison, le docteur découvre un mystérieux cimetière caché au fond des bois. Peu après, une tragédie s’abat sur lui. Creed sollicite alors l'aide d'un étrange voisin, Jud Crandall. Sans le savoir, il vient de déclencher une série d’évènements tragiques qui pourraient mener sa famille à sa perte...

Sans conteste l'un des évènements ciné de l'année 2019, cette nouvelle adaptation du roman de Stephen King, Simetierre, devait fatalement se mesurer à une première version à la noirceur et à la maturité difficilement imitables...


L'adaptation de Simetierre par Mary Lambert, sortie chez nous au tout début de l'année 1990, avait jeté un tel vent de noirceur dans les salles qu'elle allait devenir un classique du genre et sans doute l'une des meilleures adaptations cinéma de l'univers de Stephen King. Traitant de la mort et du deuil de manière frontale, le scénario signé de la main du King himself à partir de son roman, ne laissait aucune échappatoire au spectateur, prisonnier de cette implacable et macabre destinée familiale. Autant dire, dès lors, que le challenge était élevé pour Kevin Kölsch et Dennis Widmyer, à qui l'on doit Starry Eyes et un segment du film à sketches Holidays.


Puisque les réalisateurs revendiquaient avoir modifié des éléments importants du récit afin de justifier ce remake (car au final il s'agit bien d'un remake du film de Lambert et King, version allégée), il était plus que recommandé d'éviter tout contact avec sa promo afin d'en savoir le moins possible. Et comme prévu, la bande-annonce finale, idiote au possible, diffusée partout, dévoile un changement majeur que nous n'évoquerons pas ici, mais que des trolls en mal de reconnaissance soulignaient fièrement sur les réseaux sociaux, pour se donner un air savant. Bien sûr, effet inverse garanti... et grosse frustration à la clé pour ceux qui avaient réussi à esquiver la bande-annonce mais ont eu le malheur de laisser traîner leur œil là où il ne fallait pas... Bref, après ce petit coup de gueule tout à fait subjectif mais assumé, revenons-en au résultat final.


L'introduction est plutôt réussie et offre de jolis plans aériens – merci Shining – d'une vaste forêt qui plongent le spectateur de suite dans une ambiance sombre – tout comme l'est l'impression en transparence du titre du film – et contextualise l'histoire qui va nous être contée. Soit un grand flash-back qui, devine-t-on, va nous expliquer pourquoi cette vaste forêt et pourquoi cet incendie qui ravage une demeure. Ensuite, on retrouve la structure du premier film, l'arrivée des Creed, la découverte du cimetière, la rencontre avec Jud Crandall, les débuts sanglants du médecin scolaire, les cauchemars de Rachel, le questionnement de la petite Ellie sur la mort, quasiment tout y est. Durant cette première heure, hormis quelques séquences réussies (sueurs froides garanties autour du monte-plats), les choses se mettent en place assez mollement et sont peu encourageantes tandis que l'on retrouve les ficelles habituelles du genre, sans ce petit grain sinon de folie, au moins d'innovation qui l'aurait détaché du tout-venant. Si la séquence avec Pascow atteint un degré de dramatisation intéressant, tout comme la procession dans le cimetière apporte son lot de bizarrerie, servies par une mise en scène plutôt volontaire, on est moins convaincus par le personnage de Zelda ou par la relation trop superficielle entre Louis Creed et le vieux Jud Crandall ou par la disparition pure et simple de personnages tels Tim Baterman (à peine évoqué au détour d'une article de journal), du père de Rachel qui renvoyait Louis à sa responsabilité de père (tout juste l'aperçoit-on ici quelques instants) ou encore de Missy Dandridge qui contribuait à l'aura sinistre de la version de 1989.


Heureusement, tout n'est pas à jeter non plus et le duo de réalisateurs parvient par exemple à retranscrire de manière efficace le danger que constitue la route proche de la propriété des Creed. Les poids lourds sont représentés comme d'aveugles rouleaux compresseurs auxquels on ne peut échapper si on a le malheur de se trouver sur leur chemin. Et c'est justement au bout d'une heure, lors de la scène du camion, brillamment réalisée et montée, que les choses prennent enfin plus de consistance et permettent au tandem de s'exprimer. L'aspect tragédie est réellement poignant – on souligne à ce titre les prestations convaincantes de Jason Clarke (La Malédiction Winchester), Amy Seimetz (The Sacrament, Stanger Things) et John Lithgow (Dexter, La Quatrième Dimension) – et la suite des événements est parfaitement orchestrée, offrant enfin à Simetierre la dimension noire et tragique que l'on attendait. Mais ne nous y trompons pas, le cahier des charges n'est pas rempli. On ne retrouve pas la maturité du premier film et l'on regrette que l'œuvre ait été édulcorée, sans doute afin de séduire un public large...

Pour apprécier ce remake, il faudra donc combattre un sentiment persistant de déjà-vu (en moins bien) et d'ennui, notamment dans sa première moitié, parce que, d'une part, les effets de peur sont assez convenus et, d'autre part, parce que cette nouvelle adaptation peine à se justifier. Heureusement, Simetierre décolle au bout d'une heure et finit par saisir fermement le spectateur pour ne plus le lâcher jusqu'à son final, certes beaucoup moins désespéré qu'à l'origine, mais dont le côté Burtonien, à défaut de révolutionner, témoigne d'une certaine audace et d'un amour évident pour le cinéma d'horreur. Pas complètement réussi donc, ni tout à fait raté, ce Simetierre cru 2019 offrira son lot d'émotions fortes au jeune public, et suffira éventuellement à ceux qui ne connaissent ni le roman, ni la première version ciné ou ne l'avaient tout simplement pas appréciée.
N.F.T.



EN BREF
titre original : Pet Sematary
distribution : Jason Clarke, Amy Seimetz, John Lithgow, Jeté Laurence...
pays d'origine : États-Unis
budget : 21 000 000 $
année de production : 2019 
date de sortie française : 10 avril 2019
durée : 101 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 2.5/5

† EXORCISME †
▲ Quelques séquences bien emballées
▲ Le volet dramatique, très juste
▲ Les modifications dans le récit 

 - DÉMYSTIFICATION -
▼ Peu flippant
▼ Disparition de personnages 
▼ Version édulcorée du film de Mary Lambert

LE FLIP
Dans la salle de bain, du bruit derrière l'armoire à pharmacie...

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