Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥]
Autrefois siège en plein essor du géant pharmaceutique Umbrella Corporation, Raccoon City est aujourd'hui à l'agonie. Depuis le départ de la société et des plus riches, la ville est en friche. Tout empire lorsque les habitants sont en proie à des accès de fureur meurtrière et cannibale. Un petit groupe va devoir découvrir la vérité sur Umbrella pour espérer survivre à cette nuit d'horreur.
Attendu comme le messie par une horde de joueurs de la première heure qui n'ont jamais trouvé leur compte dans la saga de Paul W.S. Anderson, le reboot cinématographique de la saga Resident Evil bien qu'imparfait, respecte enfin l'essentiel de ce qui faisait le charme envoûtant et angoissant des jeux.
À la tête d'une filmographie en dents de scie ou le meilleur (le saisissant 47 Meters Down) côtoie le très moyen (le flippant The Door, ou encore The Strangers: Prey at Night) voire le très discutable (son premier long-métrage, Storage 24), le réalisateur Johannes Roberts s'empare à son tour de l'univers cinématographique Resident Evil. Est-il réellement utile de parler de son prédécesseur qui aura clairement divisé l'opinion en réinterprétant à sa sauce l'univers du jeu vidéo culte, au point qu'il n'en conservera, au final, qu'une infime partie ? Si avec le temps et une bonne dose de recul, on peut apprécier la saga (dont le madmaxien Resident Evil: Extinction, ironiquement le seul que n'a pas réalisé Paul W.S. Anderson, et sans doute le plus réussi) qui s'affichait au final dans un esprit série B friquée (entre 35 et 65 000 000 $ le film), bourrée de tics de mise en scène et décidée à s'inscrire dans son époque, il n'en reste pas moins que les fans de la première heure attendaient toujours une adaptation fidèle, et non pas un actioner catastrophe zombiesque post Matrix qui va picorer ce qu'il veut dans la mythologie initiée par l'équipe de Shinji Mikami, histoire de justifier son titre.
Difficile tâche, donc, qui relève même quasiment de l'exploit, pas seulement de passer derrière Paul W.S. Anderson qui, malgré ses infidélités, aura quand même engrangé au total plus d'un milliard de dollars de recettes, mais plutôt de s'attaquer à une nouvelle adaptation, 25 ans après l'apparition du jeu évènement qui a offert d'effroyables nuits blanches à toute une génération de joueurs sur Playstation, première du nom. En effet, il faut dire qu'en 25 années, la franchise Resident Evil (déclinée sous toutes ses formes et supports) a eu le temps de s'inscrire aussi profondément que durablement dans la pop culture, influençant à son tour les générations suivantes, et fatalement, lancer une nouvelle adaptation veut dire se frotter au danger de l'auto-rabâchage...
Sur ce sujet, effectivement, le récit de Johannes Roberts s'inspire essentiellement des deux premiers jeux et un poil du troisième (Nemesis), dont il mixe les personnages et les scénarios (certains évènements subissent toutefois des variations afin de conserver un effet de surprise). Les connaisseurs retrouveront alors parmi les personnages les plus emblématiques, aux caractères parfois un peu modifiés, Claire et Chris Redfield, Jill Valentine, Leon Kennedy, Albert Wesker, William et Sherry Birkin... Le casting, souvent issu du monde de la série, ou de la série B, ne brille pas spécialement, mais fait toutefois le boulot. À ce titre, visionner la V.O. est quand même préférable. Malheureusement, donc, 25 années se sont écoulées depuis la naissance de la franchise et avec au programme des infectés, un licker, un poste de police envahi, un manoir flippant, des scientifiques en roue libre et des chiens tueurs, difficile d'échapper à un goût tenace de déjà-vu. Le plus frustrant étant peut-être qu'on ne puise pas assez dans les éléments à fort potentiel : par exemple, qui n'a pas frémi, voire totalement flippé devant ces araignées géantes qui arpentaient certaines pièces du jeu ? Et bien vous ne les retrouverez pas ici !
On peut cependant trouver de véritables sources de satisfactions à Resident Evil : Bienvenue à Raccoon City comme le travail sur les décors, fidèles, qui replongent le joueur nostalgique au cœur du jeu, ou encore les clins d'œil à ce dernier, par exemple au détour d'un gros plan sur la poignée au moment d'ouvrir la porte du manoir (qui dans le jeu venait accompagner les temps de chargement), sans oublier la bande-son inspirée par les tubes de l'époque, mais aussi celle composée par Mark Korven qui convoque autant les nappes musicales envoûtantes de Thom Yorke pour Suspiria que les chants enfantins flippants des Goblin dans Les Frissons de l'angoisse. Du côté des effets spéciaux, ça tient plutôt bien la route, même si le numérique est encore une fois, un peu trop sollicité et cela se voit. Avec un résultat final malheureusement peu effrayant malgré un véritable travail sur la photographie, signée Maxime Alexandre (Oxygène, Come Play) qui nous plonge dans cet univers glauque et sombre à souhait, parsemé de quelques tentatives de jumps scares avortées, dommage.
Bien loin d'être une catastrophe, le reboot de l'adaptation vidéoludique se laisse même regarder avec plaisir. Les amateurs d'action kitsch regretteront peut-être les excès formels de la première saga qui tournait quasi-exclusivement autour de l'actrice Milla Jovovich, mais cette fois, ce sont bel et bien les gamers de la première heure qui sont la cible de cette relecture plus fidèle au matériau de base. Johannes Roberts se concentre ici davantage sur les atmosphères qu'il veut sombres, sinistres, peut-être trop d'ailleurs, au point d'en oublier un peu son casting en roue libre et certains personnages peu convaincants, à l'image du shérif démissionnaire souvent dans le rouge en matière de jeu. Il s'agit toutefois de quelques points noirs qui n'altèrent en rien le plaisir de se replonger dans l'horreur d'un Raccoon City en proie aux conséquences de ses recherches médicales douteuses. En pleine ère de Covid, ça pouvait difficilement tomber mieux...
N.F.T.
EN BREF
titre original : Resident Evil: Welcome to Raccoon City
réalisation : Johannes Roberts
scénario : Johannes Roberts
distribution : Kaya Scodelario, Robbie Amell, Hannah John-Kamen, Neal McDonough, Tom Hopper, Donal Logue, Avan Jogia, Avaah Blackwell...
photographie : Maxime Alexandre
musique : Mark Korven
pays d'origine : Allemagne / Canada
budget : 40 000 000 $
année de production : 2021
date de sortie française : 24 novembre 2021
durée : 107 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5
† EXORCISME †
▲ Décors
▲ Réalisation
▲ Récit plus fidèle aux jeux
- DÉMYSTIFICATION -
▼ Elles sont où les araignées géantes ?
▼ Privilégier la V.O. !
▼ Demeure moins flippant que le jeu
LE FLIP
Une voisine énervée qui débarque sans frapper...
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