OXYGÈNE (2021 - SVoD) d'Alexandre Aja [Critique]

 Évaluation du dossier : 4/5 []

Une jeune femme se réveille seule dans une unité cryogénique. Elle ne sait plus qui elle est, ni comment elle a pu finir enfermée dans une capsule de la taille d'un cercueil. Tandis qu'elle commence à manquer d'oxygène, elle va devoir recomposer les éléments de sa mémoire pour sortir de ce cauchemar.


Après la réjouissante série B à l'ancienne – et assumée – Crawl, Alexandre Aja revient avec une première collaboration très convaincante avec la plateforme SVoD Netflix.

On ne présente plus le frenchie Alexandre Aja, l'un de nos plus talentueux représentant du genre au-delà de nos frontières. Est-il encore utile de citer, parmi ses brillantes réussites, le remake La Colline a des yeux, et l'exploit de faire encore mieux que le maître, Wes Craven, ou encore Horns, adaptation inspirée du roman de Joe Hill, Cornes. Avec Oxygène, et surtout une brillante carrière internationale en background, le réalisateur, désormais quarantenaire, nous revient avec une production sophistiquée et par-dessus tout, en français. Ambitieux lorsqu'on sait combien le genre peine souvent à trouver son équilibre dans la langue de Molière.


Néanmoins, la déception n'est pas au rendez-vous, bien au contraire. Malgré ces 1 h 40 (déroulement en temps réel) d'enfermement, le scénario de Christie LeBlanc créée l'immersion et l'évolution du récit permet d'esquiver l'ennui. On est immédiatement enfermés aux côtés de la jeune femme dans ce huis clos étouffant qui mêle avec maestria thriller et science-fiction. Il est bien sûr impossible de ne pas le comparer à Buried, référence assumée et auquel il emprunte d'ailleurs un plan marquant lorsque la caméra s'éloigne et que le caisson médicalisé rappelle à notre mémoire le cercueil plongé sous terre. Cependant, la comparaison s'arrêtera là puisque Oxygène suit son propre chemin, son propre rythme ainsi que son propre discours.


L'histoire se dévoile au compte-gouttes puisque dès les premières secondes, le spectateur en sait autant (c'est-à-dire très peu) que le personnage principal, interprété par Mélanie Laurent (Insaisissables, Inglourious Basterds), qui recouvre peu à peu la mémoire, l'horreur de la situation prenant progressivement toute sa dimension. L'ensemble fonctionne à merveille, notamment grâce à la réalisation ingénieuse d'Alexandre Aja, aux soins apportés au cadre, à l'image – sublime photographie de Maxime Alexandre (Come Play, The Haunting of Bly Manor, Resident Evil: Welcome to Raccoon City) – aux décors et aux effets spéciaux, sans oublier la prestation incroyablement volontaire et convaincante de Mélanie Laurent. Loin d'être ridicule, son interprétation, véritable performance, transmet avec un naturel qui fait souvent défaut en français, toute la détresse de sa situation, livrant une partition riche et sans fausse note.


S'il n'est pas question ici de dévoiler le moindre élément du film, on peut toutefois préciser qu'au-delà de la combinaison parano et claustro, c'est sur la psyché de son héroïne que l'intrigue se construit. En effet, avant de pouvoir s'extirper de sa capsule, celle-ci doit d'abord quitter sa prison psychique en recouvrant la mémoire, afin de l'aider à comprendre ce qu'elle fait ici. De cette manière, Alexandre Aja propose, dans la foulée, une belle métaphore sur le confinement (le film a été tourné juste après le premier confinement), le moment d'introspection qu'il a imposé à tous rendant nécessaire, presque vital, de revenir à quelque chose d'essentiel : se souvenir qui nous sommes, d'où nous venons pour comprendre où nous allons. Unique moyen de supporter l'enfermement et d'apprivoiser un environnement extérieur, sur lequel nous n'avons plus aucun contrôle.
N.F.T.

EN BREF 
titre original : Oxygen
réalisation : Alexandre Aja
distribution : Mélanie Laurent, Mathieu Amalric, Malik Zidi...
photographie : Maxime Alexandre
pays d'origine :  France / États-Unis
budget : N.C.
année de production : 2021
date de sortie française : 12 mai 2021 (SVoD - Netflix)
durée : 100 minutes
adrénomètre : ♥ 
note globale : 4/5

† EXORCISME † 
▲ Du genre français de qualité
▲ La performance de Mélanie Laurent
▲ L'incursion SF

- DÉMYSTIFICATION - 
▼ Unité de lieu forcément réduite
▼ Pas de sortie en salle
▼ Risque d'être comparé à Buried

LE FLIP 
Une vue inattendue de l'autre côté de la capsule...

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