LE BAZAAR DE L'ÉPOUVANTE (1993/1994) de Fraser C. Heston [Critique]

Évaluation du dossier : 4/5 []


Leland Gaunt, vieux monsieur apparemment inoffensif, vient d’ouvrir une boutique à Castle Rock. Un endroit incroyable où chacun peut trouver, pour un prix dérisoire, ce dont il a toujours rêvé. Mais les intentions de Leland Gaunt ne sont pas aussi bienveillantes qu’il l’affirme, et bientôt la petite ville va sombrer dans le chaos.

Énième adaptation d'un roman de Stephen King, qui plus est, au concept vraiment excitant, Le Bazaar de l'épouvante a assez bien vieilli. Cette édition Blu-ray, la première en France, éditée par Rimini Editions (à qui l'on doit notamment la sortie HD en 2019 de l'excellent Trauma), en apporte la preuve flagrante.


Ce n'est que justice pour un film qui lors de sa sortie en salle en 1993 n'a rencontré ni son public, ni la critique, ni même Stephen King qui désavouait ce montage de 2 h parce qu'il laissait beaucoup de scènes intéressantes sur le carreau. Autant dire que les carottes étaient quasiment cuites. C'était sans compter sur un nouveau montage diffusé le 22 mai 1996 par la chaîne américaine TBS sous forme de minisérie de deux épisodes d'une heure trente chacun. Stephen King reviendra alors sur son jugement et reconnaîtra enfin les qualités d'une version allongée qu'il jugera plus conforme à sa vision. Fraser C. Heston (fils de Charlton), de son côté, assumait pleinement le montage de la version cinéma auquel il n'aurait pas ajouté plus de 20 minutes. Il faut dire aussi que dès la préproduction, il avait été décidé d'éviter coûte que coûte de faire du Bazaar de l'épouvante une minisérie. Ironique lorsque l'on sait qu'il devra son rattrapage financier justement à sa mutation télévisuelle...


L'histoire du Bazaar de l'épouvante tourne autour d'un marchand de rêves, un vieux brocanteur nommé Leland Gaunt, interprété avec brio par Max von Sydow (Games of Thrones, L'Exorciste) dont l'aptitude pour la manipulation va pleinement s'épanouir dans un petit bourg paumé américain (mais qui pourrait très bien être en France). Face à lui, le shérif Alan Pangborn, joué par un Ed Harris (Mother, Abyss) au top de sa forme, qui tient bon face aux petits délits du quotidien de Castle Rock et s'interroge sur les intentions de ce nouvel habitant mystérieux. Le récit s'intéresse, sur fond de satire consumériste, à l'avidité poussée à son paroxysme jusqu'à la haine de l'autre. Leland Gaunt étant le chef d'orchestre d'une guerre jusqu'ici larvée, à base d'hypocrisie et de rancœurs, qui va conduire un bourg d'apparence tranquille vers le chaos. Stephen King en profite pour dépeindre dans la foulée, les années reaganiennes ultraconsuméristes et qui ont vu mettre en place une certaine forme d'hypocrisie assumée, désormais bien ancrée dans le vivre-ensemble.


Leland Gaunt, au magnétisme malsain, attire dans ses filets toute une brochette de personnages incarnés par un casting brillant, Ed Harris en premier lieu, mais aussi Bonnie Bedelia (Les Vampires de Salem, Piège de Cristal) dans le rôle de Polly, fiancée de Pangborn, Amanda Plummer (Sept jours à vivre, Pulp Fiction) dans celui de la timide Nettie, J.T. Walsh dans celui du magouilleur "Buster" Keeton, Ray McKinnon (Chaos Walking, Le Fléau) dans celui de l'adjoint un peu maladroit, sans oublier Duncan Fraser (L'Exorcisme d'Emily Rose, La Mouche 2), Don S. Davis (Twin Peaks), Shane Meier (Impitoyable) ou encore William Morgan Sheppard  (La forteresse Noire, Elvira, maîtresse des ténèbres).


Techniquement, le Blu-ray propose une version cinéma HD de bonne facture avec piste son française ou originale en stéréo ou 5.1 au choix et une version télé SD de 3 h (attention il faut aller la chercher dans les bonus !) uniquement en VOSTFR. Cette version télé constitue indubitablement l'argument principal de vente pour les amateurs du King et plus particulièrement de son roman "Bazaar". Le format 1.33, adapté aux télévisions 4/3 de l'époque offre plus d'image en haut et en bas, mais rabote un peu sur les côtés par rapport à une version cinéma en 1.85 qui rabote en haut et en bas, mais offre plus d'image sur les côtés et donne davantage d'ampleur à la photographie particulièrement réussie de Tony Westman (Dead Like me, Les 4400) bercée par le score inspiré, envoûtant et inquiétant signé Patrick Doyle (Frankenstein, Thor) qui illustre à merveille ce subtile mélange d'excitation et de danger qu'inspire Leland Gaunt aux habitants de Castle Rock.


Au rayon des ajouts, une heure donc, on peut évoquer une introduction bien plus longue où une voiture au rythme infernal va entraîner une première rencontre entre Pangborn et Gaunt. Bien qu'on soit étonné que cette rencontre ne soit plus évoquée par la suite, elle inscrit immédiatement le vieux brocanteur comme un être surnaturel. Ensuite, davantage de séquences décrivent la vie quotidienne des habitants de Castle Rock. On note notamment une présence accrue de Cora Rusk, mère célibataire du jeune Brian et fan d’Elvis Presley, quasi disparue dans le montage cinéma et l'accent est mis sur la descente aux enfers de "Buster" Keeton ainsi que sur toute une ribambelle de personnages et d'actions davantage développés qui apportent une plus grande intensité à l'histoire jusqu'à son climax explosif.


Tout comme au roman, il sera reproché à son adaptation de ne pas être véritablement effrayante. Mais si l'on cherche à savoir la part de vérité dans cette histoire et à déterminer dans quelle mesure le chaos larvé à Castle Rock est tout autant applicable n'importe où, l'ambiance devient toute autre. De plus, Stephen King expliquait face aux critiques américaines tièdes qu'il ne souhaitait pas utiliser l'élément fantastique pour faire peur, mais simplement comme un prétexte pour construire une satire. Et le résultat est là, cette sortie évènement étant non seulement l'occasion de redécouvrir cette adaptation sous-estimée de l'un des meilleurs romans du King en HD, mais aussi de lui faire gagner en intensité dans sa version allongée d'une heure supplémentaire, incontournable. Sans oublier, évidemment, la brillante interprétation du regretté Max von Sydow, unique incarnation possible du diabolique Leland Gaunt...
N.F.T.

EN BREF 
titre original : Needful Things
réalisation : Fraser C. Heston
scénario : W.D. Richter d'après le roman de Stephen King
distribution : Max von Sydow, Ed Harris, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer, J.T. Walsh, Don S. Davis, Lochlyn Munro...
photographie : Tony Westman
musique : Patrick Doyle
pays d'origine : États-Unis / Canada
budget : N.C.
année de production : 1993
date de sortie française : 13 juillet 1994 - 22 novembre 2021 (Digipack BD/DVD - Rimini Editions) 
durée : 120 minutes (version cinéma) / 180 minutes (version télé)
adrénomètre : ♠ 
note globale : 4/5

† EXORCISME †
▲ Casting en béton armé
▲ La version longue plus immersive
▲ Musique

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Difficile de condenser un pavé de 1500 pages
▼ Format 4/3 de la version longue
▼ Un peu trop lisse dans l'horreur

LE FLIP 
Leland Gaunt s'invite à votre insu... 

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Commentaires

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