La famille Rolf emménage pour les vacances dans une immense demeure victorienne, dont les propriétaires n'exigent aucun loyer. Ils leur imposent uniquement de s'occuper de leur vieille mère, une femme mystérieuse qui ne quitte jamais sa chambre située sous les combles. Très vite, des événements étranges surviennent dans la demeure.
Inédit chez nous depuis l'ère de la VHS, Trauma s'offre enfin une sortie digitale bien méritée au format Blu-ray, confirmant dans la foulée son statut de pièce maîtresse dans le domaine du film de maison hantée.
Trauma est une adaptation du roman "Notre vénérée chérie" de l'américain Robert Marasco, publié en 1973. Pour la petite anecdote, son roman est adapté de son propre scénario à partir duquel un tournage était prévu au tout début des années 70, avant d'être finalement retoqué. Heureusement remis sur les rails quelques années après, Trauma bénéficie à l'époque d'une véritable reconnaissance dans le circuit des festivals, remportant de nombreux prix, mais paradoxalement il connaîtra une exploitation catastrophique en salle. Ce qui explique sans doute qu'il n'ait connu qu'une sortie VHS sur notre territoire. L'affront est désormais réparé grâce à l'éditeur Rimini Editions qui vient de le sortir en combo DVD/Blu-ray accompagné d'un passionnant livret signé Marc Toullec.
Burnt Offerings (en V.O.) fait partie de ces classiques du cinéma fantastique qui souffrent d'une esthétique très old school, notamment pour trois raisons : son ancrage fort dans une époque contemporaine et en 1976, c'est un festival de cheveux longs et pantalons pattes d’éléphant, d'autre part, ce petit monde évolue dans un décor plus classique, dont l’esthétique se veut fidèle à l'esprit d'une maison victorienne, et cerise sur le gâteau, durant des années, les rares copies en circulation souffraient d'un transfert légèrement flou qui lui donnaient une allure de vieux téléfilm. Comparé aux Dents de la Mer, il était difficile de croire que ces deux œuvres étaient sorties sur nos écrans la même année. Ces problèmes sont désormais résolus grâce à une copie numérique beaucoup plus propre qui rend honneur au travail du directeur de la photographie, Jacques R. Marquette (L'Attaque de la femme de 50 pieds).
Côté interprétation, le métrage bénéficie d'une brochette de comédiens carrément culte tels les regrettés Bette Davis (Qu'est-il arrivé à Baby Jane ?, Les Yeux de la forêt), Oliver Reed (Tommy, Chromosome 3), ainsi que Karen Black (La Poupée de la terreur, La Maison des 1000 Morts, Dark Blood) et Lee Montgomery (Ben, Girls Just Want to Have Fun) dans le rôle de Billy. En revanche, la V.F., aux doublages hasardeux, est à éviter dans la mesure du possible. En effet, il faut entendre pour le croire, la voix française trop grave du jeune Billy, qui dénote un peu avec sa corpulence.
Niveau frisson, Trauma ne vous flanquera pas la trouille du siècle. Très habile en revanche dans sa construction de l'angoisse, il sait rendre certaines situations extrêmement stressantes, et il faut dire qu'un climat de folie fait rapidement son apparition. À commencer par la scène de la piscine où le père, jouant d'abord avec son fils, finit par tenter de le noyer. Une réaction d'autant plus inquiétante qu'il semblerait que Ben soit poursuivi par le souvenir d'un passé traumatique. Marian, de son côté, commence à afficher une dévotion obsessionnelle envers la vieille femme du haut. Et la maison, de plus en plus organique, influence les comportements et les éléments, s'embellissant même au rythme des événements négatifs qui s'y déroulent. Jusqu'à une fin plutôt tendue et son ultime coup de pression. À l'aise pour ce qui est d'entretenir une tension psychologique, Dan Curtis pousse le spectateur à s'interroger sur ce petit monde qui commence à douter et se méfier de l'autre et surtout sur les intentions réelles de la maison. Le film enchaîne ainsi, à un rythme de plus en plus effréné rebondissements et scènes "d'action".
S'il souffre de quelques incohérences (le père cherche à déplacer un arbre par la force des bras, une voiture toujours en état de rouler et sans gros dégâts apparents après avoir percuté plusieurs fois un arbre ...) et d'une scène ou deux un peu surjouées (un quasi noyé qui ressort de la piscine tel un champion de plongée, la découverte finale du père dont les conséquences, inattendues, rendront même la voix américaine d'origine au jeune Billy qui aura probablement "démué" de stupeur), Trauma n'en est pas moins un petit film à l'ancienne, sympathique à visionner. Il est servi par un score réussi, mystérieux et entêtant, de Bob Cobert (La Fiancée du vampire, Trilogy of Terror). Il bénéficie également d'une réalisation efficace de Dan Curtis (créateur de la série Dark Shadows et réalisateur de la cultissime Malédiction de la Veuve noire...) et certains plans très travaillés, qui évoquent des classiques tels La Maison du diable ou Psychose, y sont sans doute pour quelque chose.
Certaines images demeurent fortes pour l'époque et ont sans doute inspiré des futurs classiques comme Evil Dead (la végétation tente de s'emparer de Ben), Rose Red, lorsque la maison fait elle-même ses propres travaux et bien sûr le Shining de Kubrick, notamment pour ce qui est des photographies des personnages en fin de métrage. Même la maison sera réutilisée par la suite pour y tourner Phantasm de Don Coscarelli. Un autre lien, plus troublant, s'établit très naturellement avec la maison d'Amityville dont l'influence néfaste sur ses habitants est similaire à celle habitée par la famille Rolf. Alors, Trauma aurait-il inspiré les protagonistes de cette affaire pour monter le mythe d'Amityville ? La question mérite d'être posée...
Certaines images demeurent fortes pour l'époque et ont sans doute inspiré des futurs classiques comme Evil Dead (la végétation tente de s'emparer de Ben), Rose Red, lorsque la maison fait elle-même ses propres travaux et bien sûr le Shining de Kubrick, notamment pour ce qui est des photographies des personnages en fin de métrage. Même la maison sera réutilisée par la suite pour y tourner Phantasm de Don Coscarelli. Un autre lien, plus troublant, s'établit très naturellement avec la maison d'Amityville dont l'influence néfaste sur ses habitants est similaire à celle habitée par la famille Rolf. Alors, Trauma aurait-il inspiré les protagonistes de cette affaire pour monter le mythe d'Amityville ? La question mérite d'être posée...
N.F.T.
EN BREF
titre original : Burnt Offerings
distribution : Oliver Reed, Bette Davis, Karen Black, Lee Montgomery, Burgess Meredith...
pays d'origine : États-Unis
budget : N.C.
année de production : 1976
date de sortie française : 8 novembre 2019 (Coffret DVD/BD/livret - Rimini Editions)
durée : 114 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5
† EXORCISME †
▲ Réalisation
▲ Casting
▲ Top du film de maison hantée
- DÉMYSTIFICATION -
▼ Quelques incohérences
▼ Parfois un peu surjoué
▼ Parfois aspect téléfilm
LE FLIP
Alors qu'ils jouent dans la piscine, Ben devient violent et tente de noyer son fils...
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