MERCY BLACK (2019/2020 - SVoD) d'Owen Egerton

Évaluation du dossier : 3.5/5 []


Après 15 ans passés au sein d’un institut psychiatrique à la suite d’un grave épisode de confusion mentale, une jeune femme tente de se reconstruire. Mais le démon de son enfance semble toujours à l’affût…


Sans prétention, Mercy Black va chercher l’angoisse, la vraie, celle qui colle aux basques et attend son heure pour laisser jaillir le mal. Une bonne petite surprise de terreur, poétique et old school à découvrir.

Une promenade avec deux copines, une comptine et une mystérieuse entité des bois du nom de Mercy Black, c’est tout ce dont Marina se souvient du drame à l’origine de son internement 15 ans plus tôt alors qu’elle n’était qu’une fillette. Considérée enfin guérie, elle s’installe chez sa sœur Alice et son neveu Bryce, dans la maison même de son enfance. Très vite, la jeune femme encore fragile doit affronter des émotions à peine cicatrisées, en même temps qu’un nouveau monde extérieur pas toujours accueillant.


En 3 minutes et quelques plans simples, le réalisateur Owen Egerton plante le décor et sème le doute d’entrée de jeu. Tout va consister pour lui à nous balader entre la question de l’existence réelle de Mercy Black, dont personne n’a jamais trouvé la trace, et la paranoïa de Marina. Et à ce petit jeu, Egerton s’y entend plutôt bien.

En adoptant le point de vue de Marina, le scénario permet au spectateur d’évoluer à son rythme. Marina ne retrouvera une vie normale qu’en répondant à la question qui la hante : qui est Mercy Black ? Avec comme seuls indices des flashs de souvenirs, entachés de déni et d’amnésie, nous la suivons et essayons, comme elle, d’assembler les pièces du puzzle qui jonchent sa mémoire. Le film tient grâce à l’habileté de l’auteur à faire pencher la balance tantôt du côté de la maladie mentale de la jeune femme, tantôt de celui d’une présence maléfique. L’histoire progresse dans un jeu ténu de touches successives, brouille les signaux et détourne l’attention en permanence, dans une tension croissante jusqu’au dénouement.


En esprit malfaisant qui se respecte, Mercy Black sait choisir ses proies, celles sur lesquelles son emprise sera implacable. C’est à travers trois gamines qu’elle a surgi, c’est donc assez logiquement par l’intermédiaire de Bryce, le jeune neveu de Marina, que l’horreur va réapparaître 15 ans après. L’enfance, période trouble teintée à la fois d’innocence et de méchanceté, terreau préféré de toutes les figures du mal depuis des siècles, est au centre du récit. On pense évidemment au contes des frères Grimm, de Perrault, aux romans de Stephen King, etc. Mais Egerton ne se contente pas seulement d’exploiter le filon. Il fait évoluer sur fond de manipulation latente ses personnages et met en valeur cette question à plusieurs niveaux. Il aborde notamment le chapitre des réseaux (dits) sociaux, et leur potentiel de dangerosité, qui propagent très vite et à qui veut l’entendre toutes les légendes urbaines. Il dénonce également les croyances, véritable fléau pour un esprit d’autant plus fragile qu’il est seul, démuni et désespéré. Enfin, il met en lumière l’ampleur destructrice et les ravages d’une simple influence malveillante à titre personnel.


La mise en scène d’Owen Egerton ne révolutionne pas le genre mais fonctionne a minima, alternant flash-back et présent à mesure que Marina s’approche de la vérité. Sans aucun doute la fin du film laisse beaucoup à désirer. La réalisation s’emballe et manque de cohésion, altérant l’équilibre qui caractérisait l’ensemble jusque-là. Pour autant le récit tient bon.

Côté comédiens, Daniella Pineda (The Detour, Jurassic World: Fallen Kingdom) incarne une Marina hélas beaucoup trop lisse et terne pour un personnage écorché. S’en sortent bien mieux Austin Amelio (The Walking Dead) dans le rôle de William, beau-frère pervers, et Lee Eddy (I Don't Feel at Home in this World Anymore, Blue Ruin) dans celui de la bibliothécaire.


Disponible uniquement sur Netflix outre-Atlantique depuis 2019, c’est l’excellente plateforme Shadowz qui permet à ce film de survivre sur nos écrans. Loin d’abuser des effets numériques fatigants habituels, Mercy Black évite la surenchère, préfère "le fait maison" et s’affiche comme une honorable bobine d’épouvante. Sans dévoiler l’issue, on peut affirmer qu’Owen Egerton démontre sans conteste, s’il restait encore quelques perplexes dans la salle, que les monstres existent bel et bien. Avis donc aux sceptiques. Les autres ne sont pas exempts d’une piqûre de rappel.
M.V.



EN BREF 
titre original : Mercy Black
réalisation : Owen Egerton
distribution : Daniella Pineda, Austin Amelio, Lee Eddy, Elle LaMont, Janeane Garofalo, Jamy Lentz, Elke Boucher-Depew, Miles Emmons...
photographie : Ellie Ann Fenton
musique : Kazimir Boyle
pays d'origine : États-Unis
budget : N.C.
année de production : 2019
date de sortie française : 8 mai 2020 (Shadowz)
durée : 88 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME †
▲ Scénario
▲ Modestie
▲ Poésie

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Fin bâclée
▼1er rôle insipide
▼ Réalisation sans éclat

LE FLIP 
Une visite chez son ex-meilleure amie...

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