A CLASSIC HORROR STORY (2021 - SVoD) de Roberto De Feo & Paolo Strippoli [Critique]

Évaluation du dossier : 3.5/5 []

Dans le sud de l'Italie, cinq inconnus font du covoiturage à bord d'un camping-car. Après un accident, ils se retrouvent prisonniers d'une forêt peuplée d'êtres étranges et dont il est impossible de sortir.

Après Le Domaine, Roberto De Feo revient avec A Classic Horror Story qu'il réalise en compagnie de Paolo Strippoli. Il propose un survival à l'ancienne, mais aussi très en phase avec notre époque.

A Classic Horror Story débute par l'habituel postulat du survival, soit un groupe de voyageurs qui va se retrouver au milieu de nulle part, confronté à des coutumes locales joyeusement meurtrières. On y retrouve de nombreux ingrédients proches de l'horreur "sylvestre" : un accident, une forêt tentaculaire, une secte au service d'un culte meurtrier, une cabane glauque et à défaut de pouvoir s'échapper, la nécessité de se cacher pour survivre.


À partir de là, le duo de réalisateurs italiens construit son intrigue avec une sensibilité esthétique évidente et appréciable. Car il faut bien l'avouer, si l'histoire ne transpire pas l'originalité, on peut néanmoins très vite se laisser apprivoiser par la mise en image et une multitude de plans souvent parfaitement stylisés. Il est agréable de voir le cinéma de genre transalpin, qui nous a offert d'inoubliables moments horrifiques sur pellicule au siècle dernier (ou millénaire si vous voulez !), revenir sur le devant de la scène. Et quand on s'appelle A Classic Horror Story, mieux vaut être raccord avec le genre. À ce niveau, il offre quelques scènes d'horreur, qui, sans trop en montrer, n'en demeurent pas moins intenses. Nous retiendrons pour unique exemple une scène d'énucléation aux inspirations fulciennes, bien qu'ici passée à la moulinette Netflix. Ce qui, néanmoins, n'enlève rien à la cruauté de la scène, suffisamment bien écrite pour offrir un climax digne de ce nom.


C'est dans ces moments que les influences italiennes de A Classic Horror Story explosent. On pense à Lucio Fulci, mais aussi à Dario Argento et Mario Bava dans l'utilisation radicale des couleurs. Spéciale dédicace au directeur photo, Emanuele Pasquet (Le Domaine), qui nous en met plein les mirettes. On décèle aussi la patte de Quentin Tarantino, notamment dans le dernier acte et puis, bien sûr, les thématiques traitées renvoient forcément à des classiques dérangeants tels que Massacre à la tronçonneuse, La colline à des yeux, mais aussi plus récemment à Midsommar, La Cabane dans les bois...

Ce mélange de références peut de prime abord inquiéter : Est-ce l'unique but du film d'étaler sa connaissance du genre jusqu'à l'écœurement ? De la même manière, on commence à angoisser sur le sérieux de l'entreprise lorsque les personnages préfèrent se taper un arbre à grande vitesse plutôt que de rouler sur une biche déjà morte. Mais le duo de réalisateurs digère, au final, plutôt bien ses influences, prend sa propre voie et tout en insufflant un côté méta à son long-métrage, sait reprendre le contrôle des opérations au moment voulu pour faire dévier son récit vers une explication finale certes un peu barrée, mais difficile à voir venir. Sur ce point, le film laisse cependant de nombreux indices qui permettent de bâtir et affiner des théories plus ou moins pertinentes.


La réussite de l'opération tient à un casting parfaitement choisi, constitué de Matilda Lutz (Le Cercle: Rings, Revengedans le rôle de la fragile Elisa, Francesco Russo (Piove) dans celui du couard un peu idiot Fabrizio, Peppino Mazzotta interprète le mystérieux Riccardo (Les Âmes noires), Will Merrick (Skins, Doctor Whocelui du boulet qui va handicaper tout le monde et c'est Yuliia Sobol qui va désespérément tenter de raisonner ses comparses.    

La bande-son composée par Massimiliano Mechelli lie parfaitement l'ensemble avec ces petits coups de violons typiques du genre, qui viennent vous chatouiller les oreilles et vous faire vibrer les os. On a même droit à la petite chanson mélancolique italienne "Il cielo in una stanza" interprétée par Gino Paoli qui n'est pas sans rappeler "Quei giorni insieme" chantée par Ornella Vanoni et que l'on entend lors d'une des scènes les plus marquantes de La Longue Nuit de l'exorcisme de Lucio Fulci.


A Classic Horror Story devrait ravir les amateurs du genre. Sur la forme, on passe un bon moment, les propositions sont là – et l'on sait à quel point cela est trop rarement le cas – et sur le fond, au-delà d'un discours voyeuriste douteux dont le genre nous abreuve régulièrement, on apprécie la volonté d'apporter une petite touche d'inattendu qui vient consolider l'ensemble et rendre ce visionnage quasiment indispensable.
N.F.T.


EN BREF 
titre original : A Classic Horror Story
réalisation : Roberto De Feo et Paolo Strippoli
scénario : Lucio Besana, Roberto De Feo, Paolo Strippoli...
distribution : Matilda Anna Ingrid Lutz, Francesco Russo, Peppino Mazzotta, Will Merrick, Yuliia Sobol...
photographie : Emanuele Pasquet
musique : Massimiliano Mechelli
pays d'origine : Italie
budget : 3 000 000 €
année de production : 2021
date de sortie française : 14 juillet 2021
durée : 95 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME † 
▲ Réalisation
▲ Photographie
▲ Retour de l'horreur transalpine

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Discours rebattu
▼ Thèmes rebattus
▼ Réactions pas toujours crédibles

LE FLIP
Témoin d'une séance de torture à l'étage du dessous...
 
LIRE AUSSI



Commentaires

En cours de lecture