Captifs (2010) de Yann Gozlan

ADRÉNOMÈTRE  ♡ 
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Carole est membre d’une équipe humanitaire dont la mission dans les Balkans touche à sa fin. Sur le chemin du retour, elle et ses deux coéquipiers sont brutalement attaqués alors qu'ils prenaient un raccourci dans les bois. Retenus prisonniers dans un lieu inconnu, ils vont bientôt découvrir les terribles desseins de leurs ravisseurs...

Trop intello ou carrément neuneu, joué comme des patates, scénario peu ou trop poussé, manque de moyen ou d'idées, le cinéma de genre français a pendant trop longtemps pâti d'un héritage, d'une vision du cinéma qui n'encourageait pas un certain équilibre. Pire il en est resté longtemps ankylosé, au point d'être rarement parvenu à présenter des œuvres offrant une parfaite alchimie entre accessibilité, qualité et intégrité. Heureusement ils sont aujourd'hui de plus en plus nombreux à s'extirper des griffes de cette french touch tendance vieille école.
Haute Tension est de ceux-là, tout comme Frontière(s), Sheitan, Maléfique, Martyrs, À L'Intérieur, Ils... et Captifs avec derrière, une nouvelle génération de réalisateurs doués qui manipulent avec aisance les concepts de modernité, d'auteurisant, de lisibilité, tout en apportant cette dimension de cinéma burné...

Pour en revenir à Captifs, difficile de ne pas évoquer l'interprétation remarquable du trio Zoé Félix, Arié Elmaleh et Eric Savin, ni la mise en scène nerveuse et tendue de Yann Gozlan. Le scénario au postulat de base pourtant simple, parvient à maintenir l'attention, même mieux à créer des ponts passionnants entre les genres. Épouvante, thriller, revenge movie, survival... pour un melting pot très digeste, rejoignant ce cinéma français "next gen" qui revendique en un cri libérateur sa capacité désormais à "faire des films de oufs !", et qu'est-ce que ça fait du bien...
Carole devra se libérer de ses propres peurs avant d'espérer prendre la poudre d'escampette.

Maniant le processus d'identification avec habileté, on ressent l'horreur de la situation, on partage l'angoisse des personnages et même jusqu'à cette révoltante résignation lorsque les ravisseurs viennent chercher Carole pour l'emporter vers sa destinée. Une identification amorcée très tôt dans le film lorsque la jeune femme écoute sa musique au casque, on est alors plongé en même temps qu'elle dans sa bulle sonore. Des effets de son que l'on retrouve plusieurs fois dans le film notamment lors d'une excellente scène où l'un des ravisseurs ausculte une victime. On identifie alors le niveau de stress du captif, qui tente de dissimuler quelque chose, au rythme de ses battements de cœur, de plus en plus rapides. Sans doute l'une des séquences les plus réussies du film.

Si les amateurs de gore devront se contenter de quelques rares excursions dans l'horreur graphique, les autres peuvent d'attendre à ressentir une forte tension psychologique. La peur nait souvent de l'état psychique de Carole, de ses cauchemars, mais aussi de son trauma dont est issue sa phobie des chiens. La peur de l'inconnu est aussi source d'angoisse, ici, triplement exploitée via ses personnages, leur langue et le lieu. On est donc face à un genre d'Hostel soft, qui se révèle véritablement lorsque l'on découvre ce qui se trame derrière ces rapts sauvages. 

Au final, Captifs séduit certes, mais rassure aussi quant à l'état actuel du cinéma de genre français, il serait donc dommage de ne pas en profiter.
N.T.

En bref :
titre original : Captifs
pays d'origine : France
année de production : 2010
date de sortie française : 6 octobre 2010
durée : 80 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

Le flip : Les cauchemars de Carole mêlant passé et présent...



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