LA CHAPELLE DU DIABLE (2021) d'Evan Spiliotopoulos [Critique]

Évaluation du dossier : 3/5 []


Un journaliste discrédité tente d'insuffler un second élan à sa carrière après avoir découvert que de nombreux miracles ont eu lieu dans une petite ville de la Nouvelle-Angleterre. Alors que des incidents se produisent, il commence à s'interroger sur l'origine réelle de ces mystères.


Précédé d'une réputation peu reluisante, La Chapelle du diable affiche pourtant de belles ambitions en s'attaquant de front au thème de la foi.

Avec Sam Raimi à la production, via sa société Ghost House Pictures, on était en droit de s'interroger sur l'intérêt réel du projet, après le très dispensable retour de The Grudge au début de l'année 2020. C'est donc ici le réalisateur (et surtout scénariste) Evan Spiliotopoulos qui a pour mission de faire oublier la précédente douche froide en adaptant un roman de James Herbert, intitulé "Sanctuaire". Il s'intéresse à une jeune fille qui prétend communiquer avec la Vierge Marie, celle-ci, dans sa grande bonté, lui fournissant la possibilité de réaliser des miracles. Elle est d'ailleurs l'objet du premier puisque sourde et muette, elle recouvre soudainement l'ouïe et la parole. Mais bientôt, la Sainte Dame réclame un minimum de foi en échange de ses services jusqu'à afficher un certain goût pour le caprice qui ne colle pas vraiment avec l'image de la sainteté. Un journaliste mytho fraichement arrivé en ville, qui n'a plus la foi en lui-même et le rend bien, mais qui ne crache pas non plus sur une rédemption, s'intéresse de près à ces étranges phénomènes qu'il va tenter de tirer au clair.


Contrairement à l'avis général, La Chapelle du diable est loin d'être mauvais. Au contraire, il constitue un thriller surnaturel assez immersif grâce à son volet "enquête" – on s'attendrait presque à voir débouler le couple Warren – qui structure et guide une bonne partie du métrage. Certes, il n'évite pas les effets de "train fantôme" de type jumps scares, mais, à moins de visionner le film sur son smartphone, la plupart fonctionnent assez bien, ce qui étonne d'autant plus que le réalisateur ne prend jamais la peine de dissimuler leur arrivée imminente. On imagine que cela est dû en partie à la photographie aux atmosphères mystérieuses et mystiques particulièrement soignée signée Craig Wrobleski (Dans les hautes herbes, Umbrella Academy).  Niveau mise en scène, bien que sans éclat particulier, elle a le mérite de faire le boulot. Evan Spiliotopoulos, pour son premier long après une longue carrière de scénariste au service de Disney, utilise sa caméra sans en faire des caisses. L'ambiance, la photographie mais aussi la musique, signée de l'incontournable Joseph Bishara, aidant à plonger le spectateur au cœur de cette histoire de combat entre le bien et le mal. Une baston qui démarre dès les premières apparitions d'un monstre situé quelque part entre Belphegor et la fée des dents dans Nuits de terreur.


S'inscrivant dans la lignée des films d'horreur qui essaient d'apporter un peu de fond, de grain à moudre, La Chapelle du diable tire la sonnette d'alarme et encourage le spectateur à ne pas prendre ce qu'on lui raconte pour argent comptant et que derrière un agneau peut se cacher un loup. Il s'attaque notamment aux miracles et aux lieux de pèlerinages dont le potentiel économique entraine les institutions religieuses sur un terrain idéologiquement discutable. Il distille ainsi un discours étrange, presque schizophrène, où d'un côté, l'Église accepte et exploite certains miracles pour convaincre encore plus de fidèles, et en même temps, met en garde contre le potentiel dessein diabolique qui peut se cacher derrière. Est-ce que ce monstre pourrait alors illustrer une certaine idée du capitalisme et du libéralisme ? Ce qui peut paraître évidemment un poil confus. Bref, on retiendra surtout que bien qu'antagonistes, chacun n'est rien sans l'autre et que fatalement des ponts se créent. De là à ce qu'un ponte y fit cas...


Autre réussite à mettre en avant, le casting impeccable de La Chapelle du diable au sein duquel nous retrouvons Jeffrey Dean Morgan (Supernatural) dans le rôle du journaliste sur la mauvaise pente, mais pas moins en quête de rédemption, William Sadler, un second couteau habitué des adaptations du King (Les Évadés, The Mist...) qui porte ici la soutane. La jeune Cricket Brown, encore peu connue, incarne à merveille la jeune Alice, en contact direct avec la Sainte Vierge, sans oublier Marina Mazepa (MalignantResident Evil: Welcome to Raccoon City) ou encore Cary Elwes (Saw, Stranger Things)

Finalement, bien qu'imparfait, La Chapelle du diable fait figure de petite série B typée fin années 90 plutôt honorable, bien loin de mériter le bashing qui le précède. Il trouvera sans doute sa place auprès d'une public qui saura fait fi de ses défauts pour s'intéresser davantage à ses qualités.
N.F.T.


EN BREF 
titre original : The Unholy
réalisation : Evan Spiliotopoulos
distribution : Jeffrey Dean Morgan, Katie Aselton, William Sadler...
photographie : Craig Wrobleski
musique : Joseph Bishara
pays d'origine : États-Unis
budget : 10 000 000 $
année de production : 2021
date de sortie française : 7 juillet 2021
durée : 99 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 3/5

† EXORCISME † 
▲ Casting
▲ Quelques moments de flip
▲ Le côté enquête surnaturelle

- DÉMYSTIFICATION - 
▼ Manque parfois de subtilité
▼ Le sort de certains personnages
▼ La fin un peu plate

LE FLIP 
Le coup du reflet dans l'eau...

LIRE AUSSI

Commentaires

En cours de lecture