Évaluation du dossier : 4/5 [♠]
Au cœur de la campagne lituanienne, au 17e siècle, bien que dévastés par la mort de leur enfant, Hanna (Hani Furstenberg) et son époux Benjamin (Ishai Golan) tentent de vivre une vie de couple normale. Les choses sont d'autant plus difficiles que la petite communauté juive isolée dans laquelle ils évoluent est guidée par le Talmud et la Kabbale, une pratique fervente de la religion qui ne tolère pas qu'Hanna ne soit pas en capacité d'offrir un enfant à son époux. Lorsque l'impitoyable Vladimir, issu du village goy voisin vient attaquer la communauté qu'il accuse de leur avoir envoyé la peste, Hanna, qui a étudié les textes anciens dans le plus grand secret, décide, contre l'avis de tous, d'invoquer un golem. Elle découvre que cela s’avère être plus dangereux qu’elle ne l’aurait jamais imaginé.
Il est parfois des œuvres fortes que l'on n'attendait pas, qui ne payent pas de mine et parviennent à vous saisir pour ne plus vous lâcher. The Golem, troisième long-métrage des réalisateurs du found footage Jeruzalem est de celles-ci.
Si le found footage Jeruzalem n'avait pas fait l’unanimité, The Golem, tourné dans un relatif secret l'année dernière par Yoav et Doron Paz, relève sensiblement le niveau grâce à un budget un peu plus confortable et surtout une approche plus mâture d'un sujet inspiré du célèbre monstre d'argile issu de la mystique et du folklore juif.
Le scénario signé Ariel Cohen (Take Mama) prend le temps de nous plonger au cœur de la campagne lituanienne au 17e siècle. Il nous compte l'histoire de ce couple égaré, qui tente de se remettre du décès de leur enfant et, en parallèle, celle d'un peuple injustement accusé des maux de son voisin et dont la seule solution trouvée par l'épouse endeuillée est l’invocation d'une arme de destruction massive. Voilà grosso modo l'idée de The Golem que tout un chacun pourra ou non, selon les sensibilités, relier à l'actualité. Il peut être placé entre Frankenstein puisqu'on retrouve cette création purement humaine, sa morale et l'idée qu'à se prendre pour Dieu, on finit par s'attirer des ennuis et, plus ancien, le mythe de Prométhée qui créait les hommes à partir d'eau et de terre. Le Golem prenant ici la forme d'un enfant, autant l'unique espoir de sauver une communauté malmenée que l'incarnation des désirs sombres de sa créatrice insoumise et traumatisée par la perte de son enfant...
The Golem est l'occasion pour les frangins Paz d'aborder des thèmes propres à cette époque et particulièrement celui de la place peu enviable de la figure féminine dans ce milieu excessivement pieux et misogyne. Ce contexte historique est particulièrement réussi et la direction artistique d'Ingra Skrypnyks vous saisit du début à la fin. Ce travail esthétique pointu le rapproche d'œuvres similaires comme The Witch, dont on retrouve d'ailleurs l'expression d'un fanatisme religieux aliénant, qui ne permet pas de résoudre les problèmes auxquels est confronté le groupe. Ajoutez à cela un peu du Village de Shyamalan pour l'immersion complète dans la vie d'une communauté pacifiste qui tente de se préserver mais aussi un soupçon de Simetierre ou Wake Wood pour le thème central du Golem, souvent considéré comme séminal dans l'écriture de ce qui allait devenir la célèbre créature de Frankenstein.
Bénéficiant d'une réalisation et d'une photographie particulièrement soignées, on devine au détour d'un plan ou d'une séquence l'influence du bis italien, Fulci en tête ou encore la poésie vénéneuse de Guillermo del Toro. Ambiguë, l'opposition des deux clans ne tombe jamais dans la description manichéenne et surtout le film sait se montrer assez gore lorsque que cela est nécessaire. The Golem s'affirme à ce titre comme une œuvre horrifique soucieuse de respecter le genre auquel elle appartient, ce qui est suffisamment rare pour le souligner. Le score non plus n'est pas étranger à cette réussite grâce à l’envoûtante partition de Tal Yardeni.
Avec cette histoire touchante de deuil impossible pour une mère, sur fond de guerre de clans particulièrement brutale, Yoav et Doron Paz visent juste. Grâce à une mise en scène inspirée et une reconstitution historique crédible, ils plongent le spectateur au cœur d'un 17e siècle plausible, alors dominé par l'obscurantisme religieux. The Golem est la preuve qu'on peut faire une proposition modeste et pas moins généreuse, démontrant une fois de plus que l'audace paye au cinéma.
N.F.T.
EN BREF
titre original : The Golem
titre original : The Golem
distribution : Hani Furstenberg, Ishai Golan, Brynie Furstenberg...
pays d'origine : Israël
budget : N.C.
année de production : 2018
date de sortie française : 26 juin 2019 (SVoD - Netflix)
durée : 94 minutes
adrénomètre : ♠
note globale : 4/5
† EXORCISME †
▲ Réalisation
▲ Réalisation
▲ Claire progression des Paz Brothers
▲ Récit captivant
- DÉMYSTIFICATION -
- DÉMYSTIFICATION -
▼ Pas effrayant
▼ Pas de sortie en salle
▼...
...
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Frankenstein
La Momie
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