THE GRUDGE (2020) de Nicolas Pesce [Critique]

Évaluation du dossier : 2/5 []

En 2004, l'infirmière Fiona Landers quitte une maison à Tokyo, perturbée par les événements dont elle a été témoin à l'intérieur. Elle informe sa collègue Yoko qu'elle retourne en Amérique avant de rencontrer le fantôme de Kayako Saeki... 

Dernier rejeton de la saga initiée en 1998 par Takashi Shimizu, The Grudge version 2020 est surtout le fruit d'un development hell de 7 ans, qui aboutit à ce volet malheureusement très dispensable.

Les différentes trames de The Grudge nous baladent entre 2004 et 2006, en parallèle aux premiers remakes. Elles nous sont toujours racontées de manière non chronologique et nous baignent dans une atmosphère sombre, grâce à un récit ambitieux ou s'entrecroisent plusieurs destins confrontés à la redoutable malédiction. La famille Landers ouvre les festivités lorsque Fiona, jeune infirmière, quitte son job et rentre aux États-Unis de manière précipitée après avoir croisé le chemin de Kayako. On devine très vite qu'elle a apporté la malédiction dans ses valises jusqu'au 44 Reyburn Drive puisqu'on retrouve plus tard le couple Spencer, chargé de la vente de la maison située au même endroit. Nina vit une grossesse aux complications éprouvantes et Peter va tenter d'obtenir le fruit de cette vente, frappé à son tour par le fléau qui se loge désormais à cette adresse. Finalement, c'est un couple de vieillards, les Matheson, qui prend possession des lieux. William doit prendre soin de son épouse Faith, atteinte de démence en phase terminale. L'instabilité de son épouse le pousse à appeler une assistante en suicide. Une nouvelle fois, le mal affectera tout ce petit monde, tout comme il happera la détective Muldoon, fraîchement affectée par le décès de son époux et qui s'entête à enquêter dans la bâtisse malgré les avertissements de son collègue.


Les différentes intrigues de The Grudge 2020 s'entrelacent assez naturellement, c'est un fait, et Nicolas Pesce parvient à rendre l'ensemble plutôt fluide malgré les confusions que ces allers et retours temporels pourraient susciter. Malgré cela, se propage rapidement le sentiment persistant que ce retour ne sert pas à grand-chose, tout au moins, n'apporte rien à la mythologie créée par Takashi Shimizu en 1998 et n'a, au final, pas d'autre fonction que d'occidentaliser toujours un peu plus une œuvre qui n'a jamais été aussi saisissante que lorsqu'elle était traitée dans sa culture d'origine. L'autre véritable argument du film aurait pu être son potentiel horrifique, et sur ce point, bien que brefs, les plans gore viennent régulièrement conclure des mises à morts violentes. Suffisant ? Pas vraiment, car du côté de l'adrénomètre, on assiste à un défilé de jump scares inefficaces tout aussi prévisibles les uns que les autres et minés par le fait que Nicolas Pesce ne parvient jamais à créer une atmosphère, bien que sinistre, véritablement angoissante.


Heureusement, le casting est plutôt inspiré et semble faire le maximum pour donner vie à l'histoire. On relève et apprécie notamment la présence d'Andrea Riseborough (Oblivion), Demián Bichir (La Nonne, Alien: Covenant), Lin Shaye (Insidious, Les Griffes de la nuit), John Cho (Solaris, Harold & Kumar chassent le burger), Jacki Weaver (Bird BoxHaunt, The Voices), William Sadler (The Mist, Dans leur regard) ou encore Frankie Faison (Maximum Overdrive, Un prince à New York). Mais là encore, tous sont au service d'une brochette de personnages mal écrits, auxquels on s'identifie difficilement. Par ailleurs, on ne laisse pas suffisamment de temps au spectateur pour s'attacher à certains d'entre eux, créant alors un décalage étrange alors que l'on est censés partager leur peine. Forcément, cela n'aide pas à rentrer dans le film...


Alors, la question qui ressort de cette production chapeautée par Sam Raimi – comme quoi un des réalisateurs les plus inventifs de sa génération ne fait pas forcément un producteur inspiré – via sa société de production Ghost House Pictures (fondée avec Robert Tapert et dont la première sortie était... le remake de Ju-On: The Grudge), pourrait être : "Pourquoi relancer cette franchise avec aussi peu d'arguments scénaristiques et sans la moindre idée nouvelle ?" Évidemment ici, l'appât du billet vert n'aura jamais été aussi mal dissimulé derrière un semblant de scénario et quelques effets choc syndicaux. En attendant, le bâillement guette à chaque séquence du film, au point d'en faire probablement chuter un certain nombre dans les bras de Morphée. Et ceux-là, même quelques jump scares particulièrement bruyants ne parviendront pas à les faire remonter à la surface, ce qui est quand même un comble pour un film d'horreur, non ?
N.F.T.



EN BREF
titre original : The Grudge
distribution : Tara Westwood, Junko Bailey, David Lawrence Brown, Andrea Riseborough, Demián Bichir, Lin Shaye, John Cho...
pays d'origine : États-Unis / Canada
budget : 10 000 000 $
année de production : 2020
date de sortie française : 15 janvier 2020
durée : 94 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 2/5

† EXORCISME †
▲ Quelques plans gore
▲ Le "morcelage" narratif
▲ Casting inspiré

 - DÉMYSTIFICATION -
▼ Personnages sans relief
▼ Franchise qui n'a rien à dire de neuf
▼ Jump scares téléphonés

LE FLIP
Un intrus vous observe au bout de votre lit...

LIRE AUSSI
The Grudge
The Grudge 2
The Grudge 3



Commentaires

En cours de lecture