SLENDER MAN (2018 - VOD) de Sylvain White

Évaluation du dossier : 2/5 []

Dans une petite ville du Massachusetts, quatre adolescentes s'intéressent au mythe du Slender Man et exécutent un rituel pour l'invoquer. Mais les choses prennent une tournure dramatique lorsque l'une d'elles disparaît mystérieusement...


Ce n'était qu'une question de temps pour que le Slender Man, la plus célèbre Creepypasta d'internet débarque au cinéma. Cependant, au vu du résultat, peut-être aurait-il été plus judicieux d'attendre encore un peu et approfondir une histoire bien trop faiblarde...


Aux manettes de cette adaptation cinématographique de la célèbre légende née sur internet, on trouve le réalisateur Sylvain White, issu du monde de la série et à qui l'on doit l'oubliable Souviens-toi... l'été dernier 3. J'entends déjà des voix s'écrier "Pas étonnant !" cependant, ce serait oublier qu'il a aussi dirigé des épisodes de The Originals, Following ou encore Empire et bientôt un segment d'Histoires Fantastiques. On ne peut donc pas parler de débutant et pourtant... difficile de comprendre un tel naufrage avec un tel concept.

D'autant que ça partait plutôt bien, si l'on aborde le film sous l'angle du teenage movie, comprenez avec les raccourcis et la simplicité que cela implique. Et en effet, le scénario de David Birke, connu notamment pour 13 Sins et Gacy s'en tire plutôt bien pour ce qui est de la caractérisation des personnages. Dans une atmosphère proche du Cercle de Gore Verbinski, auquel Slender man peut être comparé sur plusieurs points, il nous présente un groupe de jeunes filles, pour une fois pas stéréotypées à l'excès, dont la trop grande curiosité face à la légende du Slender Man, va finir par se retourner contre elles.



Alors que la soirée pyjama entre copines bat son plein, l'ambiance vire à l'expérience surnaturelle lorsqu'elles découvrent une vidéo sur internet permettant d'invoquer l'effrayant géant. Jusqu'ici encore, les évènements ont plutôt tendance à rassurer dans sa mise en image, témoignant d'une volonté évidente pour le réalisateur d'installer une ambiance inquiétante afin de mieux cueillir son spectateur. Et pour cela, il ne lésine pas sur les moyens dès les premières secondes, bande-son anxiogène, atmosphère mystérieuse, forêt sombre et menaçante, symboles mystiques... On sent que le danger se fait de plus en plus grand et l'habillage sonore aide beaucoup à mettre le public dans une position particulièrement inconfortable. En effet, des trois fameux coups de cloche aux infra-basses puissantes accompagnant les apparitions du Slender Man, on ne peut pas dire que le sound design ne met pas dans le bain. Mieux, certains moments deviennent effrayants et prometteurs quant à la suite des évènements.

Malheureusement, les beaux espoirs s'envolent assez rapidement, lorsque le spectateur comprend le vide scénaristique désespérant qui anime l'ensemble. Les choses deviennent très lentes, trop de dialogues simplistes et surexplicatifs et les filles prennent des décisions plutôt étranges (pourquoi squatter la chambre de leur copine avec le père en bas qui risque de les trouver plutôt que juste prendre son ordinateur portable et repartir ? D'ailleurs si la police la recherchait, n'aurait-elle pas confisqué son appareil ?). On finit par ne plus trop comprendre où veut en venir le réalisateur en fin de bobine. Certains personnages masculins sont sous-exploités et les motivations du Slender Man demeurent aussi bancales que celles des personnages.



Au casting, essentiellement féminin, on retrouve des têtes connues dans le genre comme la jeune Joey King (Conjuring : Les Dossiers Warren, I Wish - Faites un vœu) ou Annalise Basso (The Mirror, Ouija : Les Origines), mais aussi Kevin Chapman (Projet 666) et surtout l'incontournable Javier Botet dans le rôle-titre et qui, de [Rec] à Ça 2, ne compte pas moins de 14 films chroniqués sur notre site internet, s'il ne s'agit pas là d'un record, on n'en est pas loin...

Si Slender Man demeure un film d'épouvante honorable dans sa capacité à vous coller les miquettes – ce qu'oublient bien trop souvent les films d'épouvante actuels – sa réussite est bien plus discutable du point de vue technique. La réalisation de Sylvain White est pourtant travaillée et quelques belles idées viennent traverser cet océan du vide, comme l'utilisation de flous artistiques afin de créer le malaise, mais l'histoire, en revanche manque de rythme et de consistance, lorsqu'elle ne frise pas le ridicule. Cela se ressent dans l'utilisation de fake scares à outrance et dans la lenteur exagérée du déroulement de l'intrigue, qui ne font, au final, qu'imprimer maladroitement sur pellicule le potentiel effrayant d'un monstre qui nous a tous traumatisés dans sa version jeu vidéo (si ce n'est pas encore fait, testez-le seul(e) dans la nuit !). C'est pourquoi il pourra à la rigueur animer une soirée halloween entre ami(e)s à la recherche de frissons à condition de ne pas être regardant sur la qualité.
N.F.T.

EN BREF
titre original : Slender Man
distribution : Joey King, Julia Goldani Telles, Jaz Sinclair...
pays d'origine : États-Unis
budget : 10 000 000 $
année de production : 2018
date de sortie française : 13 août 2018 (VOD)
durée : 93 minutes
adrénomètre : ♥♥♥
note globale : 2/5

† EXORCISME †
▲ Angoissant
▲ Le Slender Man au cinéma
▲ L'habillage sonore efficace

 - DÉMYSTIFICATION -
▼ Scénario peu abouti
▼ Bancal
▼ Adaptation ratée

LE FLIP

Une vision effrayante lors d'une soirée flirt...


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