[Critique] OUIJA : LES ORIGINES (2016) de Mike Flanagan

Évaluation du dossier : 3/5 [♥]

À Los Angeles en 1965, une veuve et ses deux filles montent une nouvelle arnaque basée sur une planche ouija afin de pimenter leurs séances de spiritisme truquées. Involontairement, elles finissent par réveiller un esprit maléfique bien réel. Lorsque la cadette est possédée par la créature impitoyable, la petite famille doit surmonter une terreur dévastatrice pour la sauver et tenter de renvoyer l'esprit de l'autre côté…

Réalisateur à suivre spécialisé dans l'horreur, Mike Flanagan avait pour confortable mission de mettre sur pied la suite du Ouija de Stiles White sorti l'année dernière. Une tâche pour ainsi dire gagnée d'avance tant les faramineuses recettes de ce dernier (plus de 100 millions de dollars engrangés pour un investissement de 5 millions) étaient au moins équivalentes à son degré d'inanité cinématographique

Cette fois, il serait malhonnête de contester les quelques qualités de cette préquelle. Alors oui, nous obliger à visionner le premier film n'en est clairement pas une, mais revoir Ouija est un passage conseillé pour saisir toutes les subtilités de Ouija : Les Origines. En effet, il prend pour cadre la même bâtisse, 50 ans avant et révèle les éléments à l'origine des évènements découverts en salle en 2015.


Sur l'écran, le résultat est très bon, inespéré même, au vu de la médiocrité du modèle. La réalisation de Mike Flanagan, cinéaste appliqué à qui l'on doit quelques sympathiques longs-métrages tels que The Miroir ou Pas un bruit, s'avère très soignée. Elle est au service d'un scénario certes, sans une once d'originalité, mais qui fait la part belle à la caractérisation. Idem côté photographie, assurée par Michael Fimognari, fidèle de Flanagan. Elle met en valeur la décoration vintage et chaleureuse en parfaite adéquation avec son époque. D'ailleurs, ce côté film à l'ancienne – qui pousse le vice jusqu'à l'utilisation de "cigarettes burns" pour faire bobine ancienne et authentique n'a rien à envier à Conjuring 2 : Le Cas Enfield ni We Are Still Here, excepté le fait qu'ils soient sortis avant.

Cependant une  ombre de taille vient noircir ce tableau d'apparence idyllique. La recette est respectée à la lettre. Sans doute trop. Ouija : Les Origines jusqu'ici en lice pour constituer un très bon film de genre finit par générer une étrange impression de frustration, le sentiment qu'un ingrédient a malgré tout été négligé. Pas assez effrayant pour de l'épouvante pure, pas assez gore pour de l'horreur, l'ensemble met beaucoup trop de temps à démarrer au vu de son climax somme toute mesuré. Une recette qui marchait parfaitement pour L'Exorciste mais dont la démarche jusqu’au-boutiste s’accommodait d'une longue partie d'introduction et d'exposition avant de mettre les pieds dans le plat.  Sauf qu'ici on sent bien que l'on n'y met qu'un ou deux orteils pour rester sur quelque chose d'assez lisse et donc ennuyeux pour les plus aguerris.


Du coup, l'adrénomètre n'est pas vraiment inquiété et les effets de peur, bien que savamment répartis sont pour la plupart prévisibles. Un impair en partie responsable du sentiment persistant de déjà-vu renforcé par  la présence des poncifs du genre usés jusqu'à la corde. Rien qu'au niveau de l'enfant possédée, pourtant interprétée par la jeune et pas moins talentueuse Lili Wilson (Délivre-nous du mal, Annabelle 2) on aligne les clichés. Attendez-vous ainsi à la voir courir à quatre pattes sur les murs et au plafond, écrire dans une langue qu'elle n'a jamais apprise, raconter des horreurs à un inconnu... Vous l'aurez compris, on peine à trouver une once d'originalité dans ce projet.

De son côté, le casting joue en faveur de cette suite à laquelle il confère un regain d'intérêt, d'autant que dans les productions Blumhouse, il n'est pas rare de découvrir d’excellents acteurs, peu connus du grand public. On peut citer Elizabeth Reaser (Twilight, True Detective), exceptionnelle dans le rôle d'une mère veuve  dépassée par le comportement étrange de sa cadette ou encore Annalise Basso, jeune héroïne de The Mirror, ici remarquablement à l'aise dans celui de l'aînée en proie à la crise d'adolescence. À noter aussi la présence d'Henry Thomas (E.T., l'extra-terrestre, Psychose IV) dans le rôle du père Tom Hogan.

Plutôt bon dans sa forme, Ouija : Les Origines assume parfaitement son aspect film d'époque grâce à une réalisation, une photographie et des décors soignés. En revanche et c'est bien là où le bât blesse, il semble moins accepter son appartenance au cinéma d'horreur et pêche par ses excès de prudence. Néanmoins il parvient à démontrer qu'une suite n'est pas toujours inférieure à son modèle. Dans ce domaine, il s'impose sans problème, offrant un regain d'intérêt salvateur à ce qui va sans nul doute devenir une juteuse franchise.
N.F.T.


EN BREF
titre original : Ouija : Origin of Evil
distribution : Annalise Basso, Elizabeth Reaser, Lulu Wilson, Henry Thomas, Doug Jones...
pays d'origine : États-Unis
budget : 9 000 000 $
année de production : 2016
date de sortie française : 2 novembre 2016
durée : 99 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3/5

† EXORCISME †
▲ Réalisation
▲ Photographie
Casting

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Peu effrayant
Peu horrifique
Quelques clichés

LE FLIP
Une apparition spectrale dans la petite loupe du curseur du ouija.

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Ouija
Conjuring 2 : Le Cas Enfield
We Are Still Here

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