Évaluation du dossier : 4/5 [♥♥]
Une femme tente d'innocenter son frère, accusé de meurtre, en démontrant que le crime est dû à un phénomène surnaturel impliquant un miroir maléfique.
Difficile de déterminer qui, du chat surgi de nulle part, ou du miroir après une scène anormalement prolongée face à la glace, est aujourd’hui devenu le stéréotype le plus caractéristique du jump scare sans subtilité. Cependant, pour ce dernier, il est bon de rappeler que cette relique du cinéma d’épouvante fut parfois utilisée avec discernement, notamment dans Candyman de Bernard Rose ou dans le mitigé Mirrors de Alexandre Aja. C’est dans une optique, non pas similaire mais voisine, que va s’inscrire Oculus, retitré chez nous "The Mirror".
Tout comme dans cette tendance en vogue qui consiste à adapter des courts-métrages horrifiques au cinéma. Ainsi, après Mamá et le court homonyme par la fratrie Muschietti, The Babadook d'après l'effrayant court de Jennifer Kent, Monster, c'est cette fois The Mirror qui s'offre un ticket vers le long métrage en développant Oculus : The Man with the Plan de Mike Flanagan.
C’est parfois avec un concept de base assez simple qu’on crée une magie. Dans The Mirror, tout se déroule dans une maison avec deux personnages et l’antagoniste principal, qui n'est autre qu’un miroir maléfique. Il est évident que le scénario s’éloigne de l’aspect 2.0 qu’on retrouve dans les productions actuelles, néanmoins, il remplit à merveille son rôle, mettant ici en exergue la distorsion psychologique imposée aux héros : ainsi, le temps, l’espace et par conséquent les sensations, sont modifiés, allant crescendo depuis un surréalisme presque anecdotique vers une angoisse oppressante. Le film se construit également par l’intermédiaire de sauts dans le passé, finissant par se confondre avec le présent, un peu à l'image de Intruders de Juan Carlos Fresnadillo, une autre œuvre dédiée aux terreurs nocturnes. De cette manière, le spectateur navigue entre les points de vue des personnages et leurs souvenirs grâce à un montage, aussi ingénieux que déroutant, qui accentue le trouble et la perte de soi-même.
Mike Flanagan réalise ici son deuxième long-métrage après Absentia en 2011. Le casting est constitué de jeunes stars encore montantes comme Karen Gillan (Les Gardiens de la galaxie) et Brenton Thwaites (The Signal) interprétant respectivement la sœur et le frère. La discrétion de ces acteurs méconnus - pas pour longtemps - est l’un des piliers soutenant la bonne surprise qu’est The Mirror. On pourra également citer Katee Sackhoff dans le rôle de la mère malmenée, présente dans The Haunting in Connecticut 2: Ghosts of Georgia, la suite du film de Peter Cornwell, Le Dernier rite.
Présenté au festival de Toronto en 2013, The Mirror reste une réussite critique et commerciale alors que sur le papier, il aurait pu tomber dans l’oubli. Il a le mérite d’économiser les jump scares et les effets abusifs en favorisant une ambiance maussade mais élégante. Ce malaise constant est renforcé par le fait que les personnages sont ensemble mais à la fois seuls face à leurs cauchemars qui remontent à la surface. L’immersion s’accroît donc à mesure que leurs mauvais rêves se rapprochent. La suggestion est de bon goût et les courtes apparitions démoniaques sont préférées à des scènes d’horreur à rallonge.
Si l’on devait vraiment chercher la petite bête, on lui reprocherait peut-être quelques grosses ficelles scénaristiques distillant un sentiment déjà-vu et une allure un peu trop sage rappelant les limites de cette petite production indépendante, au sein de laquelle figure désormais l'incontournable studio Blumhouse (Sinister, The Lords of Salem). Le film se serait rapproché de la perfection s’il avait fait preuve de davantage d’audace et suscité une peur un peu plus prononcée, mais c’est un parti pris respectable qui donne un résultat sobre et bien au-dessus de la moyenne en termes de qualité.
Car dans un genre où les thématiques habituelles tendent à s’essouffler, The Mirror fait réellement figure de vague de fraîcheur. Il n’est pas à qualifier de chef-d’œuvre, mais peut-être, qui sait, finira-t-il par acquérir un statut de culte ?
N.M.
EN BREF :
titre original : Oculus
pays d'origine : États-Unis
année de production : 2013
date de sortie française : 15 avril 2015 (DTV / TF1 Video)
durée : 104 minutes
budget : 5 000 000 $
adrénomètre : ♥♥
note globale : 4/5
† HANTISE †
▲ Concept de base simple mais efficace
▲ Bon casting
▲Vague de fraîcheur dans la production actuelle
- DÉMYSTIFICATION -
- DÉMYSTIFICATION -
▼ Un peu trop sage
▼ Impression de déjà-vu
▼Quelques grosses ficelles scénaristiques
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