[Critique] KONG: SKULL ISLAND (2017) de Jordan Vogt-Roberts

Évaluation du dossier : 4/5 [♥]
Un groupe d'explorateurs plus différents les uns que les autres s'aventure au cœur d'une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu'ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong…

Après le Godzilla de Gareth Edwards (Monsters) en 2017, Kong: Skull Island est le second volet du MonsterVerse, énorme projet dont le but est évidemment de tenir tête au Marvel Cinematic Universe (MCU) qui s’étend plus vite que la malaria.
Très attendue au tournant, cette relecture du mythe de King Kong présente son lot de maladresses, mais n’est pas dénuée d’intérêt comme le laisserait présager un accueil critique parfois mitigé.

L’histoire du singe géant ne date pas d’hier. En 1933, Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack (Les Chasses du comte Zaroff) signent King Kong, un chef-d’œuvre incontesté qui restera une référence et qui inspirera un géant des effets spéciaux, Ray Harryhausen. On passe rapidement sur le remake de 1976 par John Guillermin qui n’a pas vraiment marqué les mémoires. En revanche, en 2005, Peter Jackson (Braindead, Fantômes contre Fantômes) réalise son rêve de jeunesse en remettant au goût du jour le mythe du célèbre gorille. En résulte une claque visuelle anabolisée aux effets numériques, mais dont la démesure rend le spectacle, encore aujourd’hui, particulièrement jouissif.


Tous ces films explorent des thématiques communes, à savoir l’amour impossible entre le monstre et sa belle, mais aussi la critique de la légitimité totale et absolue que l’homme s’octroie sur le monde qui l’entoure. Et c’est là où cette nouvelle adaptation surprend – ou déçoit selon le point de vue – en s’éloignant des codes instaurés par la mythologie originale. Kong: Skull Island est un pur blockbuster de Kaiju, fun et  – parfois trop –  assumé et de ce fait, s’inscrit de manière cohérente dans le MonsterVerse. Son plus grand point fort est sans conteste son île où toute une panoplie de décors différents va s’enchaîner, rendant l’expérience dépaysante. Le cadre sera évidemment le terrain de chasse d’un bestiaire très fourni, les scènes de massacre et les combats entre monstres feront de Kong: Skull Island un divertissement décomplexé, mais aussi un plaisir un peu coupable.


Coupable oui, car si cette production hollywoodienne au budget colossal de 185 millions de dollars marque des points grâce à son jusqu’au-boutisme et son univers riche, l’écriture n’en reste pas moins fragile. En effet, il est difficile de prédire qui remportera la palme du personnage le moins convaincant entre le mercenaire dur et fier au cœur d’or incarné par Tom Hiddleston (Crimson Peak), une photographe un peu  – trop – gourde jouée par Brie Larson (Room) ou le visionnaire qui avait raison depuis le début, interprété par John Goodman (10 Cloverfield Lane). Évitons ce suspens insoutenable, c’est évidemment Samuel L. Jackson (Chambre 1408, Cell Phone, Incassable) qui l’emporte haut la main grâce à son rôle du Colonel Packard, un homme aveuglé par le désir de vengeance et dont la guerre du Vietnam a visiblement grillé quelques connexions, à la Apocalypse Now. On pense tout de même aux excellents John C. Reilly et Toby Kebbell (Quelques minutes après minuit) qui interprètent des rôles un peu moins archétypaux, mais dont les présences à l’écran sont de trop courte durée. Ce ne sont bien sûr pas les performances d’acteur qui sont remises en cause, mais plutôt l’écriture de la totalité des personnages qui s’est limitée au recto d’une page A4.


Mais bien heureusement, la grande générosité du film lui permet de gagner son bras de fer contre son vide scénaristique. On ne cachera donc pas un certain scepticisme face aux personnages et à la linéarité du scénario, mais qu’importe, quand on regarde Kong se battre avec un lézard géant, on ne se soucie guère des états d’âme des pauvres américains qui se baladent au-dessous. Les effets spéciaux sont, comme attendu, bluffants et quelques jump scares et mises à mort sympas viendront relever l’intérêt. Si l’on ne peut qualifier la réalisation de Jordan Vogt-Roberts de grande révolution artistique, on lui reconnaît quelques scènes épiques même si certaines prêtent parfois à sourire.

Votre ressenti par rapport au film dépendra en grande partie de l’état d’esprit dans lequel  vous l’aurez visionné. Kong: Skull Island est un long-métrage popcorn et se doit d’être vu en tant que tel. Il a de plus le mérite de s’affranchir des œuvres précédentes, qualité que l’on ne peut malheureusement pas accorder au Jurassic World de 2015. Et finalement, un gorille destructeur de la taille d’une montagne peut même avoir un effet cathartique et vous remonter le moral lorsque la vie est moins rose. Le but n’est pas toujours de réécrire les codes du divertissement, il faut aussi savoir en profiter et se laisser prendre dans l’engrenage d’un système hollywoodien parfois à la dérive, tant que celui-ci ne prend pas trop les spectateurs pour des hommes de Cro-Magnon… pour rester poli !
N.M.


EN BREF
titre original : Kong: Skull Island
distribution : Samuel L. Jackson, Tom Hiddleston, John Goodman, John C. Reilly...
pays d'origine : États-Unis / Chine / Australie / Canada
budget : 185 000 000 $
année de production : 2017
date de sortie française : 8 mars 2017
durée : 118 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 4/5

† EXORCISME †
▲ Fun et décomplexé
▲ Effets spéciaux
▲ Diversité des décors et des créatures

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Écriture des personnages
▼ Linéarité du récit
▼Manque un peu de subtilité

LE FLIP
Un lézard sournois...

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