[Critique] JURASSIC PARK (1993) de Steven Spielberg

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À partir d'une goutte de sang prélevée sur un moustique fossilisé, John Hammond et son équipe parviennent à faire renaître une dizaine d'espèces de dinosaures. Avec la complicité du docteur Alan Grant, paléontologue de renom, et de son amie Ellie, Hammond s'apprête à ouvrir le plus grand parc à thème du monde. Mais la cupidité et la malveillance de l'informaticien Dennis Nedry va libérer les espèces les plus dangereuses, qui vont se remettre en chasse, comme à l'ére du jurassique...

Le jour de la reprise de Jurassic Park, l'entrée en salle se fait avec une ribambelle de souvenirs liés à la découverte de l'un de plus gros cartons de Spielberg au box office mondial -le deuxième en fait, juste derrière E.T.- 20 ans plus tôt.
Le premier est bien évidemment la révolution numérique qui s'emparait définitivement du monde des effets spéciaux, pour le meilleur et pour le pire, et l'incroyable réalisme des dinosaures créés en images de synthèse, par Industrial Light and Magic et combinés pour l'occasion avec les marionnettes tout aussi saisissantes de Stan Wiston. Difficile, à ce titre, d'oublier la découverte, savamment orchestrée par Spielberg, à renfort de généreuses contre-plongées et autres plans larges, et la partition éloquente de John Williams, au travers des yeux des personnages stupéfaits, du brachiosaure, puis d'un parc rempli de ses congénères.



Le scénario, construit à partir du roman de Michael Crichton devra passer par de nombreuses phases de réécriture avant d'atteindre la maturité nécessaire à la réussite de l'entreprise et satisfaire aux exigences de Spielberg. D'autant que le réalisateur, derrière ce projet au potentiel économique juteux, souhaite surtout obtenir l'aval du studio pour son prochain film. Un projet risqué puisqu'il devra quitter le confortable schéma du divertissement-franchise-pop-corn-dollars. Mais alors comment parvenir à impliquer un maximum de spectateurs, même le moins réceptif au cinéma fantastique, dans un film qui raconte, telle une bobine de série B, voire Z, le retour des dinosaures ? La réponse est simple : la science-fiction. On nous explique alors que le retour de ces monstres de l'ère du jurassique est à la portée du premier scientifique venu disposant d'un ADN de l'animal concerné. Redoutablement efficace, du moins, pour les profanes de la génétique que nous sommes pratiquement tous...

La force de toute cette première partie, étalée sur une petite heure, qui nous prépare à la catastrophe qui va suivre, est de faire entrer le spectateur dans ce fameux parc, de manière tout à fait ludique, souvent sur le ton de la comédie, à renforts de situations cocasses (le paléontologue Alan Grant, harcelé par des enfants, alors que ce dernier les déteste) et de répliques contextuels savoureuses, souvent issues du personnage interprété part Jeff Goldblum : "Et je me retrouve tout seul, et je parle tout seul, c'est ça la théorie du chaos !". Donc l'ennui ne prend jamais le pas sur l'histoire et la première attaque du T. rex, n'en est que plus intense. Les choses deviennent alors beaucoup plus tendues, et même s'il n'est jamais réellement flippant, du moins pour les plus aguerris, le métrage conserve un certain niveau de tension jusqu'au générique de fin.


Outre ses répliques souvent drôles, le personnage de Ian Malcolm semble faire écho à l'ossature même de Jurassic Park, puisqu'en effet, la fameuse théorie du chaos et "l’imprévisibilité des systèmes complexes" énoncée par Jeff Goldblum, va guider toute la structure d'un film aux péripéties imbriquées à l'infini telles des poupées russes. En gros, une fois à Jurassic Park, plus personne ne contrôle plus rien. 

L'occasion de se demander également comment un acteur comme Goldblum soit aussi peu visible sur les écrans. De ses premiers pas dans Un Justicier dans la Ville à L'invasion des Profanateurs, en passant par La Mouche, souvent l’acteur crève l'écran, et Jurassic Park ne fait pas exception. Il serait toutefois injuste de faire l'impasse sur l'interprétation de Sam Neil (L'Antre de la Folie) et Laura Dern (Sailor et Lula) en paléontologues fascinés et bientôt terrifiés par le parc imaginé par l’inconscient John Hammond, interprété par Richard Attenborough (La Grande Évasion). Sans oublier l'avocat représentant une horde d'investisseurs cupides et joué par Martin Ferrero, ni l'apparition de Samuel L. Jackson, juste après Menace II Society et un an avant que sa carrière n'explose pour de bon avec Pulp Fiction.


Une nouvelle fois, Steven Spielberg se pose en véritable alchimiste et parvient à trouver un juste dosage pour fédérer : émotion, suspense, horreur, humour, réflexion sont mis à contribution pour appuyer le principal message du film quant aux danger de la manipulation génétique et plus largement, du progrès poussé à l'excès, lorsque ce savoir tombe entre les mains d'énergumènes cupides et malintentionnés. Au travers de cette réflexion, on décèle plus que jamais la recherche de respectabilité d'un réalisateur, auprès d'une pseudo intelligentsia culturelle qui le considère depuis toujours comme un simple faiseur de superproductions, où l'émotion prend le pas sur le cérébral et à vocation uniquement commerciale. Heureusement, les choses vont évoluer dans ce sens pour lui, dès son prochain film. Il sera d'ailleurs déjà en Pologne lorsqu'il terminera le montage de Jurassic Park, alors qu'il donne les premiers coups de manivelle à sa mémorable Liste de Schindler, véritable tournant dans sa carrière.

Cette reprise est aussi l'occasion de présenter une nouvelle copie convertie en 3D. Un travail formidable a été effectué et cette dernière présente, faute d'effets de jaillissement, excepté vers la fin où l'on voit la tête d'un T. rex crever l'écran, de superbes effets de débordement du cadre. Étendus grâce à l'effet de profondeur, la surface visuelle est souvent impressionnante. On peut s'indigner, voire s'inquiéter de la conversion 3D, alors que même certaines pellicules tournées en natif impressionnent peu, mais il paraît difficile de refuser à cette nouvelle version en relief, le statut de réussite. Comme quoi...
N.T.

EN BREF
3D
titre original : Jurassic Park
pays d'origine : États-Unis
année de production : 1993
date de sortie française : 20 octobre 1993 / Reprise en 3D le 1 mai 2013
durée : 121 minutes
budget : 63 000 000 $
adrénomètre : ♥
note gobale : 4/5 


† HANTISE
▲ Culte
▲ Conversion 3D réussie
▲ Casting aux petits oignons

-  DÉMYSTIFICATION -
▼ Impression de blockbuster de base
▼ Sélection restrictive de dinosaures
▼ Parfois mielleux

LE FLIP
La première attaque du T. rex.

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