[Critique] INCASSABLE (2000) de M. Night Shyamalan

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Elijah Price souffre depuis sa naissance d'une forme grave d’ostéogenèse et ses os se brisent comme du verre au moindre choc. Depuis son enfance, il se passionne pour les super-héros et devient, plus tard, propriétaire d'un magasin spécialisé dans les bandes-dessinées. À ses heures perdues, il épluche  les vieux articles de journaux à la recherche de survivants lors des plus grands désastres qui ont frappé les États-Unis. Un jour, un terrible accident ferroviaire fait 131 morts. Un seul des passagers en sort indemne, David Dunn, qui entre dans une crise identitaire, s'interrogeant sur la raison de sa survie. C'est dans sa quête de réponse qu'il rencontre Elijah...
Et si les super-héros existaient et qu'eux-même ne le savaient pas, n'ayant pas pris conscience de leur pouvoir ? Et si les bad guy disposaient d'un même pouvoir qui les prédestine à commettre leurs méfaits ?
C'est en gros la ligne directrice adoptée par M. Night Shyamalan pour nous conter l'histoire d'Elijah Price et des Dunn, un foyer en rupture, qui va enfin pouvoir renaître alors que le chef de famille, découvre contre toute attente, sa place dans le monde et un but à sa vie...


Après une double scène d'ouverture remarquable et suffisamment marquante, durant laquelle on fait connaissance avec le fragile Elijah Price et l'incassable David Dunn, le film prend ensuite son temps pour dresser le portrait de ces deux personnages diamétralement opposés. Et on découvre en effet que si l'un de ne s'est jamais vraiment inquiété de sa propension surnaturelle à traverser les pires accidents sans aucun bobo, l'autre a passé toute sa vie à souffrir de sa grande fragilité et à plonger inéluctablement dans l'aigreur.

Alors que les mécanismes du métrage s'enclenchent de manière limpide, dévoilant progressivement les enjeux d'un scénario parfaitement huilé, on sent derrière la caméra,  tout le talent de conteur de M. Night Shyamalan. Il livre aussi, après le personnage de Cole Sear dans Sixième Sens, un film très "spielbergien", dans son traitement de l'enfance, en ce sens où, à l'instar de Rencontres du Troisième Type, E.T. l'Extraterrestre, ou Empire du Soleil, l'enfant s'avère bien plus clairvoyant que les adultes. À ce titre, la scène où David annonce finalement à son fils, Joseph, brillamment interprété par Spencer Treat Clarke (Mystic River, La Dernière Maison sur la Gauche, Le Dernier Exorcisme Part II), qu'il est bien le héros évoqué dans la presse, fait assurément partie, avec la séquence finale, des moments les plus mémorables d'Incassable.  

Bâti sur un scénario une nouvelle fois brillant, notamment dans son originalité et son efficacité, on a même droit, comme souvent avec le cinéaste, à un twist final, ici bouleversant, et des effets narratifs pour le moins inhabituels, mais pas moins forts en fin de métrage. À relever aussi la photo de Eduardo Serra (Harry Potter et les Reliques de la Mort) particulièrement soignée et la puissante partition de James Horner qui vient donner encore plus d'ampleur au drame qui se joue sous nos yeux.


Après la grosse claque Sixième Sens deux ans plus tôt, M. Night Shyamalan effectuait un doublé brillant avec Incassable. Un scénario en béton armé et diablement original, une écriture nette et précise, une mise en scène, comme souvent, inspirée, un  casting sans fausse note au sein duquel figurent Bruce Willis, de retour, toujours en sobriété, auprès du jeune réalisateur après Sixième Sens, Samuel Jackson parfait en fan de Comics névrosé, sans oublier la belle Robin Wright bien déterminée à son sauver son mariage (Forrest Gump, The Pledge). Pour ce qui constitue probablement l'un des films de super-héros les plus intelligents que le cinéma nous ait offert. Il navigue alors entre le drame familial, le film d'auteur, le thriller, le tout teinté d'un très subtil voile fantastique. Un coup de maître d'autant plus fort qu'il se situe a des années-lumière de la surenchère en effets spéciaux que l'on connaît aujourd'hui dans ce cinéma. Incassable, n'est donc pas uniquement un film remarquable, mais également un véritable tour de force dans la carrière en dents de scie du réalisateur.
N.T.

EN BREF
titre original : Unbreakable
pays d'origine : États-Unis
année de production : 2000
date de sortie française : 27 décembre 2000
durée : 104 minutes
budget : 75 000 000 $
adrénomètre : ♥♥
note gloable : 5/5


† HANTISE
▲ Le casting
▲ Scénario brillant
▲ Réalisation inspirée

-  DÉMYSTIFICATION -
▼ Rythme en dents de scie
▼ Attention, mélange de genres
▼ Barre placée (trop) haut pour la suite de la carrière de Shyamalan

LE FLIP
Les visions de David Dunn lorsqu’il entre contact avec un bad guy !

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