[Critique] NE T'ENDORS PAS (2016/2017 - SVOD) de Mike Flanagan

Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥♥]

Un jeune couple adopte un petit garçon orphelin dont les rêves et cauchemars prennent vie chaque nuit, lorsqu'il dort.


Devenu un nom à retenir désormais, Mike Flanagan revient avec une nouvelle œuvre horrifique dédiée aux terreurs nocturnes, avec toutefois une approche différente de celle de The Mirror sorti en 2015.
Tourné antérieurement à Pas un bruit, Ne t'endors pas ou Before I Wake en VO, en dépit de ses nombreux atouts, se voit infliger une distribution très tardive et timide chez nous sur Netflix. Un report regrettable qui fait écho à sa date de sortie aux États-Unis repoussée à plusieurs reprises par sa boîte de production, entraînant par conséquent la frustration de son réalisateur.


Pourtant, ce conte fantastique n’a en rien à rougir face aux productions actuelles. Il distille un parfait mélange entre imaginaire de l’enfance et fulgurances cauchemardesques et maintient la tension tout le long. Le thème principal abordé est le deuil d’un enfant que viennent de perdre Jessie et Mark, interprétés respectivement par Kate Bosworth (Illusions) et Thomas Jane (The Mist, The Veil, Peur Bleue). Ces derniers vont voir dans le don du petit Cody une échappatoire à leur souffrance en l’influençant pour orienter ses rêves vers des visions de leur fils décédé. Ce petit garçon aux capacités surnaturelles est interprété par Jacob Tremblay, nouvelle coqueluche d’Hollywood révélée par le film Room et dont les traits d’ange vous rappelleront sans conteste Haley Joel Osment (Sixième Sens, A.I. Intelligence artificielle). Si les conséquences de la perte d’un proche furent traitées maintes et maintes fois dans l’horreur et notamment dans Simetierre, Mister Babadook ou plus récemment dans The Door, on peut souligner ici une certaine originalité dans la façon de développer le sujet. 


Dans un métrage où les rêves constituent la ligne directrice, il n’est pas étonnant que les efforts de réalisation soient axés sur l’esthétique générale pour former une œuvre tantôt féerique tantôt effrayante. De cette manière, on peut citer les papillons comme symboles de paix et finalement comme des protecteurs que Cody matérialise pour faire face à ses démons, ou plutôt son démon, car le « Canquère », le boogeyman de Before I Wake a une fâcheuse tendance à venir obscurcir les songes de l’enfant. Flanagan parvient à insuffler une véritable présence à cette créature à l’apparence laiteuse et au visage  –  repris pour créer le masque du tueur dans Pas un bruit, pour l’anecdote  –  inexpressif qui, bien loin d’être un simple croque-mitaine lambda, symbolise la peur, de fait, mais aussi une colère enfouie de manière plus subtile. Assez logiquement, l’image est chaleureuse et riche de couleurs dans un premier temps, mais bascule dans des teintes plus ternes quand la menace du « Canquère » se fait plus oppressante. Côté référence, on vous le donne en mille, Before I Wake ne manquera pas de vous rappeler l’ami des enfants Freddy Krueger de la franchise des Griffes de la nuit.



Si le synopsis de Before I Wake pourrait être prétexte à une rafale de jump scares, Mike Flanagan ne choisit pas la facilité et traite son sujet avec une certaine poésie privilégiant la dimension dramatique, à l’image d’un grand nom du cinéma de genre, Guillermo del Toro. La conclusion, comme d’ailleurs l’entièreté du métrage, relève plus du thriller fantastique que de l’horreur pure et dure et a le bon goût ne pas opter pour un semi-happy-end mielleux comme nous l’avait proposé Andrés Muschietti dans son premier long Mamá

Finalement, on attend toujours que Mike Flanagan ajoute une vraie prise de risque à son talent de mise en scène pour nous mettre la gifle horrifique qui nous fait languir, et c’est peut-être le seul bémol à retenir. En dehors de cela, vous l’aurez compris au fil des lignes, Before I Wake est un coup de cœur, tant sur le fond que sur la forme.
N.M.


EN BREF
titre original : Before I Wake
pays d'origine : États-Unis
budget : 10 000 000 $
année de production : 2016
date de sortie française : 28 avril 2017 (SVOD - Netflix)
durée : 97 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME
▲ Réalisation soignée
▲ Originalité du traitement
▲ Jacob Tremblay

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Léger manque d'audace et de prise de risque
▼ Thriller davantage fantastique que d'épouvante
▼ Personnages adultes un peu trop lisses

LE FLIP
Cody est certain d'être éveillé...

LIRE AUSSI
Sixième Sens
Godsend, Experience Interdite
The Door

Commentaires

En cours de lecture