[Critique] MAMA (2013) de Andrés Muschietti

ADRÉNOMÈTRE  ♡ 
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À la mort de leurs parents, deux petites filles disparaissent dans les bois. Leur oncle Lucas et sa petite amie, Annabel, entreprennent des recherches jusqu'à ce qu'elles soient retrouvées vivantes dans une cabane délabrée. Tandis que le couple les accueille dans leur foyer, Annabel tente de les initier à une vie normale. Mais elle est de plus en plus convaincue d’une présence maléfique dans leur maison, qui pourrait être liée à leur survie durant toutes ces années dans la forêt...

Les productions Guillermo Del Toro, contrairement à la filmographie du cinéaste, ne sont pas toujours de brillantes réussites. On se souvient du remake de Don't be Afraid of The Dark, un brin ennuyeux et pas toujours inspiré niveau casting, et une poignée d’œuvres éloignées, en terme de qualité, d'un monument comme L'Orphelinat de Juan Antonio Bayona, pour lequel le réalisateur Mexicain avait coiffé la casquette d'exécutif.


Mamá, premier long-métrage d'Andrés Muschietti, fait, heureusement, parti du peloton de tête au sein du parcours du producteur. Il faut dire que les choses se présentaient plutôt bien alors que Mamá n'était encore qu'un court-métrage (à visionner ci-dessous). Réalisé en 2008, effrayant et plutôt brillant, ne serait-ce que pour sa construction sous forme de long plan séquence, il n'en fallait pas plus pour convaincre le réalisateur de L’Échine du Diable d'embarquer sur la production de la version cinéma. C'est d'ailleurs lui qui appellera en 2009 la fratrie Muschietti (Andrés est le frère de la productrice Barbara) afin de leur dire tout le bien qu'il pense de leur film et leur proposer de bénéficier de son expérience et de son influence dans le milieu pour leur offrir une totale liberté d'action.


Ainsi, les conditions semblent réunies pour pondre un chef-d’œuvre. Et il est clair que peu de choses peuvent être reprochées à cette relecture plutôt flippante du mythe de l'enfant sauvage, cher à François Truffaut. Un constat d'autant plus impressionnant qu'il s'agit d'un premier long. Le casting en est l'un des principaux atouts, si l'on excepte le personnage multifacette et étrangement stéréotypé du psy de la famille, interprété par Daniel Kach (Cabal, Diary of the Dead). On retrouve ainsi la belle Jessica Chastain (The Tree of Life, Zero Dark Thirty) en tata rockeuse un peu gauche dans son nouveau rôle maternel, Nikolaj Coster-Waldau (Game of Throne, Oblivion) dans le rôle de l'oncle protecteur, sans oublier bien évidemment les deux gamines tout à fait parfaites dans leur rôle de sauvageonne, Megan Charpentier (Resident Evil : Retribution) et surtout la petite Isabelle Nélisse dont certains réflexes primaires la rendent souvent effrayante.


Cependant, n'est pas Del Toro (ni Spielberg) qui veut et on accuse tout de même quelques petites longueurs dans la dernière partie du métrage, qui semble ne pas cesser d'en finir. Un revers de médaille qui s'explique sans doute en partie par l'entretien d'un certain suspense,  avant de plonger, lors des ultimes séquences, dans un sentimentalisme mielleux. D'autant que ce dernier est en rupture complète avec l'esprit porté jusqu'ici par le film, autour d'une création de liens tumultueuse, au cœur de ce nouveau et singulier foyer. Si certains apprécieront ce beau moment d'émotion renforcé par le score magnifique de Fernando Velázquez (The Impossible, Babycall, L'Orphelinat), d'autres n'auront qu'une envie, c'est que ça se termine. Un manque d'équilibre et de subtilité, probablement dû à la jeune carrière du réalisateur, que l'on retrouve aussi dans le choix de présenter Mamá via des CGI pas toujours des plus convaincants.

Toutefois, il serait malhonnête de réellement stigmatiser ou du moins pénaliser sévèrement Mamá pour ses quelques erreurs de jeunesse. Puisqu'au regard de sa réussite en matière de scénario, de photographie et réalisation, ce premier essai d'Andrés Muschietti n'a pas grand chose à envier aux œuvres de  certains réalisateurs expérimentés. C'est sans doute pourquoi il remportera trois prix, dont le plus prestigieux, lors du festival de Gérardmer en 2013.
N.T.

Grand prix, Prix du public et Prix du jury jeune de la région Lorraine lors du 20e festival de Gérardmer 2013.
 
En bref : 
titre original : Mamá
pays d'origine : Espagne / Canada
année de production : 2013
date de sortie française :  15 mai 2013
durée : 100 minutes 
budget : 15 000 000 $ 
adrénomètre : ♥♥♥
note globale : 4/5

† HANTISE
▲ Bonne première réalisation
▲ Le scénario
▲ La photographie

-  DÉMYSTIFICATION -
▼ Problème d'équilibre
▼ CGI parfois décevants
▼ Le psy à tout faire de la famille

LE FLIP
Les déplacements "primaires" de la petite Lilly.

LIRE AUSSI
Don't be afraid of the dark
Esprit Maternel
L'Orphelinat

Mamá, le court-métrage présenté par Guillermo Del Toro.






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