[Critique] LE SANCTUAIRE (2015/2016) de Corin Hardy

Évaluation du dossier : 4/5 [♥♥]

Envoyé en Irlande par son entreprise afin d’élaborer un nouveau projet de recherche, Adam Hitchens s’installe, avec sa femme et leur bébé, en plein cœur d’une forêt mystérieusement épargnée par le déboisement industriel. Mis en garde par les habitants du village voisin contre une terrifiante menace qui pèse sur leur fils, le couple fait d’abord preuve de scepticisme, avant de réaliser qu’il sera seul à lutter contre les gardiens de ce "sanctuaire".

Rien de nouveau sous le soleil, le cinéma d’horreur a tendance à se disperser. L’innovation et l’originalité sont deux qualités auxquelles nous sommes très sensibles mais il est tout aussi réjouissant de découvrir une œuvre renouant avec un certain classicisme.
Présent dans la sélection du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg de 2015, The Hallow, rebaptisé Le Sanctuaire en France, est une série B dont la nostalgie et la sincérité font plaisir à voir.

On regrette un peu cette époque où la thématique de la « revanche de la nature » s’affichait comme un sujet en or, transcendé par certains classiques comme Les Dents de la mer de Steven Spielberg et Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock. Il faut l’avouer, voir une Mère Nature vengeresse punir l’humain pour ses abus de pouvoir avait un côté très jouissif auquel on pouvait ajouter une critique pertinente des travers de la société. Malheureusement, on connaît tous la suite et particulièrement la longue liste de nanars et mockbusters en tout genre où canards géants et carottes maléfiques viendront massacrer nos pauvres figurants à coups d’effets numériques foirés. 


Séchons nos larmes de sang et laissons ce débat de côté, Le Sanctuaire est là pour nous prouver que l’on peut encore traiter ce thème sans tomber dans le ridicule. Dans ce cas-, c’est une forêt menacée par la civilisation qui fera vivre un cauchemar à nos protagonistes. Sur fond de conte fantastique irlandais, ces créatures pullulant dans les bois nous rappelleront qu’il reste des lieux inviolables dont la portée symbolique dépasse la raison de l’homme.

Au niveau de la réalisation, on est servi. Les effets de lumière offrent un rendu sombre et poisseux, cela permet d’isoler encore plus le spectateur encerclé par les dangers provenant des bois. On ne peut d’ailleurs pas parler de ces monstres sans souligner le travail colossal au niveau des effets spéciaux de plateau. En consultant les interviews du réalisateur Corin Hardy, on ressent son désir d’authenticité et cela se traduit notamment par l’aspect organique de ses créatures. La démarche ne s’arrête pas là, le but étant de se rapprocher le plus possible du réel. Les fonds verts sont donc rangés au placard et remplacés par des scènes tournées sur le terrain dans de vraies forêts ou même un lac en Irlande. 


Assez généreux dans son contenu, le film est scindé en deux parties. La première moitié se voit immersive jusqu’à adopter un aspect plus survival tandis que la seconde aborde la dégénérescence des personnages et le sentiment maternel dans une approche de thriller psychologique, ce qui n’est pas sans rappeler le mystérieux Honeymoon de Leigh Janiak. 

Comme dans ce dernier, le casting a un rôle prépondérant dans la réussite générale du projet. L’acteur Joseph Mawle (Au cœur de l'océan, La Maison des ombres) est particulièrement impressionnant dans les deux facettes de son personnage et Bojana Novakovic (Jusqu'en enfer, Devil), interprétant son épouse, lui donne correctement la réplique. On s’attache à ce petit couple sans histoire et sa mésaventure ne laissera pas le spectateur de marbre. Le réalisateur Corin Hardy signe ici son premier long. Véritable fan d'horreur, il cite certaines de ses références comme The Thing de John Carpenter ou Evil Dead 2 de Sam Raimi … oui, rien que ça. Et peu de choses sont à redire sur cette production plus qu’appréciable. Bien évidemment le manque de moyens est présent mais ne se fait que peu sentir. On reprochera peut-être un jumpscare final inutile alors que la conclusion douce-amère, teintée d’une légère poésie, suffisait amplement.
  

En conclusion, Le Sanctuaire est une réussite et un retour aux sources de l’horreur. Prévu derrière la caméra pour le projet déjà maudit de reboot de The Crow, Corin Hardy s’affiche comme un réalisateur à suivre. On appréciera la démarche de ce jeune cinéaste rendant hommage à ses œuvres fétiches tout en laissant sa propre empreinte. Un film de passionné destiné à des passionnés en somme.  
N.M.

EN BREF
titre original : The Hallow / The Woods
pays d'origine : Royaume-Uni / États-Unis / Irlande
budget : petit
année de production : 2015
date de sortie française : 30 mars 2016
durée : 97 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 4/5

† EXORCISME
▲  Les effets de plateau
▲ Le casting
▲  Généreux dans son contenu
- DÉMYSTIFICATION -
▼ Manque de moyens
Histoire classique
Jumpscare final inutile

LE FLIP
Le bébé est un peu trop calme …

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