[Critique] SHIVER, L'ENFANT DES TÉNÈBRES (2008/2013 - DTV) de Isidro Ortiz

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Santi, un adolescent de 16 ans, est atteint d'une maladie qui le rend sensible à la lumière. Avec sa mère, ils quittent Barcelone pour s'installer au Nord de l'Espagne. Mais bientôt des phénomènes très étranges se produisent dans les bois, à proximité de leur nouvelle demeure : des bêtes sont tuées, et un camarade de Santi est retrouvé mort. Le jeune homme, sur place au moment du meurtre, est rapidement suspecté.

Sept ans après L’Échine du diable, Junio Valverde rempilait dans le rôle de Santi. Enfin presque, puisque son personnage dans Shiver, L'Enfant des Ténèbres (Eskalofrío en V.O.), n'a d'autre lien que son prénom avec le film du grand Del Toro, où il incarnait un fantôme symbole de la cruauté humaine.
Alors, pur hasard ou clin d’œil, lorsque l'on sait que le réalisateur Isidro Ortiz a soufflé le grand prix de Gérardmer à L’Échine du diable justement l'année où il était en compétition avec son lourdingue Faust 5.0, cela aurait plutôt tendance à remuer le couteau dans la plaie, mais passons. Comme nous passerons également sur la jaquette de l'exploitation française peu attrayante et spoilant une partie du film...

Peut-être moins complexe, en tout cas moins soporifique, cette deuxième livraison d'Isidro Ortiz annonce vite la couleur : un adolescent qui se rêve vampire, et pour cause, il ne supporte pas la lumière du soleil et présente des canines bien plus développées que ses congénères. Malheureusement, comme souvent, à différence prononcée, rejet prononcé et Santi peine à s'intégrer. Alors que sa maladie s'aggrave, sa mère prend la décision de tout plaquer et rejoindre un trou perdu du nord de l'Espagne. Mais les choses ne tiennent pas bien longtemps là-bas, puisqu'à l'exécution d'animaux succède bientôt le massacre d'humains.


On  reste alors, durant la première partie du film dans une phase d'interrogation, face à ces meurtres sauvages perpétrés dans le bois cernant la maison de Santi. Et puis on tombe très vite dans le thriller, voire le slasher, tendance rural, jusqu'à ce que le monstre en question semble s'intéresser de très près au nouveau domicile de Santi et sa mère. Pourquoi ? Qui est-il ?  D'où vient-il ? Ce mystérieux tueur furtif et sans pitié, de taille visiblement réduite mais pas moins sanguinaire. La plupart des gros moments de flip du films sont d'ailleurs liés à ces rencontres entre le mystérieux prédateur et Santi, qui pour le coup, a beaucoup de mal à supporter sa présence. Il faut dire que jusqu'ici à chaque fois que l'objet de ses peurs a été aperçu, il laissait des victimes derrière lui. Évidemment, menacé et aidé de sa – très restreinte – bande de copains, il va découvrir l'inimaginable, et finalement se rendre compte, dans le dernier segment du film, que le Mal n'est pas forcément la où on l'imagine...

Certes, lorsque l'on découvre l'identité de ce terrible chasseur, la surprise est de taille (enfin façon de parler), mais nous tairons ce point, préférant conserver une part de mystère (déjà bien entamée par la plupart des visuels du film). Toutefois, une telle direction nécessite un casting costaud, d'autant que la mise en scène n'est pas toujours très inspirée, et l'image épouse parfois une esthétique "téléfilm". Heureusement, c'est le cas. Du tueur sanguinaire à Santi, interprété par un Junio Valverde totalement flippé, de sa mère incarnée par Mar Sodupe (Atomik Circus, Hierro), dépassée par les événements, au gentil flic malgré les apparences campé par Roberto Enriquez, sans oublier le propriétaire des lieux joué par Francesc Orella, ni les amis de Santi, Blanca Suárez (La Piel que Habito) et Jimmy Barnatán (Le Jour de la Bête),  tout le monde apporte l'épaisseur nécessaire a son personnage pour maintenir l'intérêt du film.

Avec Shiver, L'Enfant des Ténèbres, et son personnage photophobique, on est forcément confronté aux ténèbres. La forêt y est donc plus menaçante que jamais et le mot sauvage y prend tout son sens. Si, au début, on ne connait pas l'origine du Mal, on comprend vite qu'il s'agit d'un prédateur redoutable, parfaitement dans son élément, auquel il semble difficile d'échapper. Toutefois, Ortiz ne s'arrête pas là et expose en parallèle un autre genre de Mal, celui plus mesquin, qui prend forme dans le mépris de l'autre et conduit parfois à des actes irréversibles. Sans oublier les railleries dont est victime Santi, qui le poursuivent où qu'il aille, même à la campagne, soulignant du coup que la connerie humaine n'est pas une question de géographie... 

Une vérité toujours bonne à rappeler, d'autant qu'ici, le scénario, même s'il empile quelques stéréotypes du genre, tient la route et offre une brochette de personnages attachants. On apprécie aussi quelques très discrètes pointes d'humour qui renforcent l'intérêt d'une œuvre qui évoque autant [Rec] que Dark Water en passant par Les Chiens de Paille ou L'Exorciste. Oui, il y a pire comme références...
N.T.

EN BREF
titre original : Eskalofrío
titre alternatif : Frisson
pays d'origine : Espagne
année de production : 2008
date de sortie française : 23 janvier 2013 (DTV - Antartic)
durée : 90 minutes 
adrénomètre : ♥♥
note globale : 3.5/5


† EXORCISME †
▲ Flippant
▲ Personnages attachants
▲ Humour

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Quelques clichés
▼ La jaquette française
▼ Esthétique "téléfilm"

LE FLIP 
Depuis son canapé, Santi observe la visite d'un invité imprévu...

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