Massacre à la Tronçonneuse (2003/2004) de Marcus Nispel

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1973, Texas, lors d'une perquisition à la ferme de Thomas Hewitt, ancien employé d'un abattoir voisin, la police découvrait les restes de 33 êtres humains. Arborant un grotesques masque constitué de morceaux de visages de ses victimes et brandissant une tronçonneuse, le tueur fut vite surnommé Leatherface. Le film raconte le calvaire de cinq personnes qui, souhaitant se rendre à un concert de Lynyrd Skynyrd ont roulé droit vers leur pire cauchemar...

Vendu dès le départ comme le retour sur une tragédie réelle ayant pris pour cadre la maison Hewitt, le film débute par un déballage d'images d'archives, suffisamment trafiquées pour leur donner un côté vieillot et authentique.
Coups de flashs, photographies granuleuses en noir et blanc, ponctuée des mêmes sons glaçants entendus dans le film original de Tobe Hooper, sont accompagnés d'une voix off qui pose le contexte de l'histoire, alors que cet étalage de pièces à conviction en tout genre, stimule insidieusement l'imagination... d'autant que tout cela aurait vraiment existé. Sauf que non, ça n'a pas plus existé (ATTENTION SPOILER) que le père Noël. Thomas Hewitt est un personnage de fiction inspiré en revanche d'un autre véritable tueur, Ed Gein, qui s'est finalement fait arrêter en 1957 à cause de sa fâcheuse tendance conserver les cadavres chez lui...

Alors que la bande de hippies, passablement défoncée à la beuh, prend en stop une jeune femme visiblement sous le choc, arrive l'image par laquelle on reconnait les œuvres qui s'inscrivent longtemps dans la rétine du spectateur. Un suicide à l'arrière du van d'une balle dans la tête, suivi d'un généreux travelling arrière montrant les visages déconfits des passagers et qui, ensuite, va traverser le trou provoqué par la balle dans le crâne de la victime pour quitter le véhicule par la vitre arrière. Un plan presque rassurant quand on connait le film original, tellement imprégné par son époque d'un point de vue technique et artistique, qu'il aurait pu sembler impossible à retranscrire avec le même type d'énergie. C'était sans compter sur une mise en scène brillante, une image offrant un teint légèrement sépia, et des acteurs, brillants, et fringués comme à l'époque, et grâce à qui la magie opère... le cauchemar peut alors (re)commencer.

Le remake de Marcus Nispel (alors issu du clip et dont on taira ici les collaborations artistiques pas toujours très inspirées) s'appuie beaucoup sur la suggestion pour commencer, et il est vrai que l’association tête coupée plus croc de boucher, où même rien que trouver un appareil dentaire avec des dents encore coincées à l'intérieur, génère forcément une certaine tension, et des doutes quant à l'avenir de nos tristes héros. Toutefois, les amateurs de gore ont aussi par la suite quelques moments bien à eux, au détour d'une jambe découpée net lors d'une tentative de fuite, de petits morceaux de cervelle tenaces repoussés à la main sur la banquette arrière du van, ou lorsque l'héroine découvre le visage découpé de son petit ami alors que Leatherface se retourne vers elle... Le traitement est froid, sans concession, Nispel, dans le proche sillon décomplexé d'un Rob Zombie, parvient, en nous laissant observer Leatherface s'appliquer méticuleusement à la tâche, partager l'effroi que peuvent ressentir les personnages, témoins impuissants de leur propre mise à mort. Un climat généré entre autre par l’interprétation plutôt convaincante d'Andrew Bryniarski dans le rôle de Leatherface. Du coup, même lorsque ce dernier fait de la couture, on flippe.. enfin il faut voir aussi avec quel genre de tissu il travail, le simple d'esprit...

Leatherface à la recherche de tissu humain pour son atelier couture...

Doté d'un scénario assez surprenant, et d'un caractère suffisamment fort pour ne pas être comparé à l'original (tout comme L'armée des morts, remake pourtant très réussi du Zombie de Romero), Massacre à la Tronçonneuse apporte une véritable plus-value à son concept, ce qui n'est pas automatique en regard des remakes décevant de Vendredi 13 ou dans une moindre mesure des Griffes de la Nuit. L'ensemble se révèle également beaucoup moins bruyant, un véritable plus, même si les cris de la version originale étaient l'un des principaux générateurs de stress. L'expression de la peur est ici suggérée par les violents tremblements d'une brochette d'acteur, au demeurant brillante, ce qui nous amène à une autre grande réussite du film : son casting. Redoutablement efficace, pas un acteur n'est à côté de la plaque : la craquante et combative Jessica Biel (Les Lois de l'Attraction, The Secret), mais aussi Erica Leerhsen (Blair Witch 2, Détour Mortel 2) et sa mémorable crise d'hystérie, Jonathan Tucker (Virgin Suicides, Pulse) remarquablement terrifié lors d'un cultissime face à face avec le personnage interprété par R. Lee Erney, l'incontournable sergent instructeur Hartman de Full Metal Jacket.

Au final, Massacre à la Tronçonneuse parvient à imposer une légitimité qui n'était pas gagnée d'avance, et fait carrément plaisir à voir. Avec un film profondément guidé par une énergie toute aussi poisseuse et morbide que son modèle, Marcus Nispel réussit à insuffler le dynamisme nécessaire pour justifier le remake du chef-d’œuvre de Tobe Hooper. Ce qu'il ne parviendra pas à réitérer en revanche quelques années plus tard avec le très médiocre remake de Vendredi 13.
N.T.

En bref :
titre original : The Texas Chainsaw Massacre
pays d'origine : États-Unis
année de production : 2003
budget : 9 200 000 $
date de sortie française : 21 janvier 2004
durée : 98 minutes
adrénomètre : ♥♥♥
note globale : 4/5


Le flip : Morgan entreprend la fouille d'une voiture à première vue abandonnée...



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