Évaluation du dossier : 3.5/5 [♥]
Abattu par la police et sur le point de rendre son dernier souffle, le serial killer Charles Lee Ray transfère, grâce à un rituel vaudou, son esprit dans une poupée Brave Gars, le dernier jouet à la mode. Si, baptisée Chucky, elle fait le bonheur du petit Andy qui vient de fêter ses six ans, la poupée révèle bientôt sa nature maléfique, multipliant les victimes. Prisonnier de son enveloppe de plastique, Charles Lee Ray n’attend plus qu’une chose : changer au plus vite de corps. Et Andy lui semble tout indiqué comme donneur involontaire…
Pour la première fois en France, l'increvable Chucky se voit offrir un lifting 2K de ses premiers méfaits sur support Blu-ray. Une occasion en or pour se replonger dans l'épisode fondateur d'une saga devenue culte.
L'histoire du cinéma s'est très progressivement tournée vers les pantins animés. Mettons de côté Pinocchio pour nous concentrer sur d'autres créatures bien plus sournoises, voire dangereuses. La poupée ventriloque de Dead of Night en 1945 aura probablement tracé la voie, idem pour celle de La Quatrième dimension en 1963 puis celles de Magic et, plus hystérique, de Trilogy of Terror (et son inoubliable guerrier sanguinaire) dans les années 70, sans oublier le remarquable Dolls de Stuart Gordon en 1987. Le producteur David Kirschner, traumatisé par la poupée de sa sœur durant son enfance, portait depuis des années l'envie de développer ce type de sujet au cinéma. Et l'occasion semble enfin se présenter lorsqu'il tombe sur l'histoire de Don Mancini. Il propose alors le projet au scénariste de Psychose 2 et Class 84 entre-temps devenu réalisateur (Vampire, vous avez dit vampire ?, La Peau sur les os). Il ne sait pas encore que dans le sillon de son succès, Chucky générera de nombreux ersatz, de la série des Puppet Master à Annabelle, en passant par Dead Silence et Saw.
L'un des éléments déterminants qui allait garantir à Jeu d'enfant un succès pérenne est bien entendu l'animation de Chucky, dont le look salopette et sweat multicolore s'inspire d'une poupée Hasbro de l'époque, baptisée "My Buddy". Pour lui donner vie, le réalisateur et une petite équipe d'une dizaine de personnes s'attèlent à la fabrication de neuf Chucky avec leurs spécificités propres selon les besoins. L'une d'elles est une poupée classique, l'autre à la capacité de se tenir débout, une marche toute seule, l'autre n'est qu'une paire de bras, il y en a une radio commandée, une autre contrôlée par câble et même Ed Gail, le nain qui interprétait Howard le Canard, sera mis à contribution pour entrer dans le costume. Toute la magie animatronique de l'époque permet des miracles et donne vie à l'écran à l'affreuse poupée. Mais c'est aussi l'interprétation du jeune Andy, par Alex Vincent (Le Retour de Chucky, La Malédiction de Chucky) qui pèse lourd dans la balance car malgré ses sept ans à l'époque, le gosse fait le boulot avec une conviction assez bluffante aux côtés de Brad Dourif (Pulse, Le Seigneur des anneaux), Catherine Hicks (Chucky 3) et Chris Sarandon (Vampire, vous avez dit vampire ?, Fright Night).
Démarrant tel un polar avec une poursuite digne d'un film de gangster, de nombreux plans témoignent de l'influence du film noir dans le travail du réalisateur. Plus généralement, cette cinéphilie sera régulièrement mise à contribution, les références au septième art se multipliant au fil de la saga. Jeu d'enfant propose un traitement de la violence en crescendo et bénéficie d'excellentes idées scénaristiques. La première est dans ses intentions et la thèse qu'il développe autour du cynisme mercantile des fabricants de jouet qui utilisent la télévision pour atteindre le jeune public. D'ailleurs le meurtre de la première victime qui refusait justement à Chucky le droit de regarder la télé n'est probablement pas anodin. Cette même télé qui semble fasciner et influencer le jeune Andy. Plus concrètement, d'autres bonnes idées contribuent à la réussite du projet comme celle de forcer l'affreux Charles Lee Ray (nom inspiré de Charles Manson, Lee Harvey Oswald et James Earl Ray) à sortir de la poupée avant d'y être définitivement prisonnier. Les scènes chocs ne sont pas en reste non plus, on songe, outre le final hystérique, à une séquence mémorable lors de laquelle la poupée tente de poignarder le pauvre flic aux travers des sièges de sa voiture lancée à pleine vitesse.
Avec son final interminable si caractéristique des années 80, en raison de la résistance du monstre, Jeu d'enfant semblait déjà annoncer la couleur quant à la carrière de son bogeyman, enchainant six suites directes sur une trentaine d'année. Et plus rien ne semble arrêter Don Mancini qui développe désormais une série télévisée, prompt à exploiter sa poule aux œufs d'or tant qu'elle peut encore pondre. On ne peut que féliciter l'éditeur ESC Distribution pour la qualité de cette édition ultime (autant le packaging soigné que la copie dépoussiérée tout en respectant le matériau d'origine,) qui rend hommage à l'un des films d'horreur cultes des années 80. Dans la foulée, nul doute que les nouvelles générations sauront apprécier ce lifting, en attendant la concrétisation du projet de série télévisée et la mise en production du reboot annoncé par la MGM, cette fois sans l'équipe originelle (Mancini, Dourif et Kirschner) et sans doute moins attendu...
N.F.T.
EN BREF
titre original : Child's Play
distribution : Catherine Hicks, Chris Sarandon, Brad Dourif, Alex Vincent, Alan Wilder...
pays d'origine : États-Unis
budget : 9 000 000 $
année de production : 1988
date de sortie française : 5 avril 1989 - 3 juillet 2018 en BD, DVD & médiabook (ESC Distribution)
durée : 87 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5
† EXORCISME †
▲ Animation marionnette
▲ Personnage culte
▲ Bonnes idées scénaristiques
- DÉMYSTIFICATION -
▼ Réaction parfois étonnantes des personnages
▼ Cachet old school
▼ Un projet de reboot
LE FLIP
Chucky tente de poignarder le conducteur d'une voiture lancée à vive allure...
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