LA POUPÉE DE LA TERREUR / TRILOGY OF TERROR (1975/1986 - VHS) de Dan Curtis [Critique]

Évaluation du dossier : 4/5 []

Dans une constante escalade de l'angoisse, La Poupée de la terreur raconte l'histoire de quatre femmes, toutes différentes, mais interprétées par la même actrice. Karen Black y incarne une enseignante de littérature à l'université qui déchaîne la passion d'un élève, une blonde extravertie et une brune paranoïaque engagées dans une guerre psychologique mortelle et une femme vulnérable assaillie par une poupée vaudou meurtrière. 


Pilote d'une série commandée par la chaîne ABC et produite en 1975, Trilogy of Terror n'a eu chez nous que la VHS pour écrin au milieu des années 80. Dommage car son réalisateur Dan Curtis, sur la base d'histoires de Richard Matheson, y manie les ingrédients de l'angoisse avec une remarquable dextérité.


Après l'envoûtant Trauma et avant La Malédiction de la veuve noire qui allait traumatiser à vie des générations de téléspectateurs avec son arachnide géant, Dan Curtis collaborait avec l'écrivain Richard Matheson (Hypnose, La Quatrième Dimension) pour monter ce projet alors voué à marcher dans les pas de la série culte de Rod Serling.



La particularité étant ici que chaque segment est interprété par la regrettée Karen Black. Elle y incarne des femmes tour à tour envoûtantes ou frigides, venimeuses ou timides, persécutrices ou persécutées avec une conviction qui justifie son exceptionnelle carrière et filmographie. Pour mémoire, on la retrouve cinq décennies durant, dans des œuvres qui ont marqué leur genre ou leur époque d'Easy Rider à La Maison des 1000 morts de Rob Zombie en passant par Complot de famille d'Alfred Hitchcock ou Trauma de Dan Curtis.

Dans la première histoire, intitulée Julie, Chad développe une obsession malsaine pour sa professeure de littérature. Il va mettre en place un stratagème dérangeant pour l'attirer dans ses filets et plus tard la faire chanter. Ici, on démarre en douceur, mais la mise en scène suffisamment soignée suscite un véritable intérêt. On veut autant percer les desseins de l'étudiant que connaître le fin mot de cette histoire qui semble prête à partir dans des directions bien inattendues. Dan Curtis en profite pour nous proposer une séance de Drive in en abyme puisqu'y est projeté l'une de ses propres réalisations, The Night Stalker, qui semble elle-même avoir une certaine influence sur Chad, alors montré tel un vampire prêt à mordre sa proie. Puis arrive la séquence finale et son dénouement inattendu achevant de donner une certaine saveur ironique à l'ensemble.



Dans Millicent and Therese, Millicent est persuadée que sa sœur la déteste et s'est acoquinée avec le diable pour la détruire. Ce deuxième segment, sans doute le moins passionnant des trois, met l'accent sur la psychologie des personnages et s'avère au final excessivement bavard. De plus, son pitch veut jouer la carte d'une surprise dont on devine très vite la nature. Il vaut toutefois pour la performance de Karen Black qui interprète ici pas un mais deux personnages, les sœurs Larimore, avec la même conviction qu'il s'agisse de la sœur coincée et paranoïaque ou l'autre sans gêne aux mœurs plus légères.



Dans Amelia, une jeune femme manquant cruellement de caractère face à une mère tyrannique, achète un fétiche vaudou en guise de cadeau pour l'anniversaire de son homme. À ses dépends, elle réveille l'esprit de Zuni, une poupée guerrière sanguinaire qui va lui faire passer un sale quart d'heure. De très loin le meilleur plat du menu, Amelia vaut à lui tout seul le visionnage de La Poupée de la terreur. Dans la réalisation et la mise en image de la poupée, on jubile du grain de folie inhabituel pour un format téléfilm. De Evil Dead à Dolls, en passant par Chucky, tous semblent devoir une partie de leur héritage à cette petite production télévisée mais surtout à Dan Curtis, pionnier méconnu du genre dont le talent n'est plus à démontrer.


Bien qu'inégal dans son intérêt, il ne fait aucun doute que ce film à sketches vaut surtout pour son dernier segment, véritable leçon de terreur fauchée mais pas moins fun. Trilogy of Terror (en VO) et sa "suite" sortie plus de 20 ans après, ne connaissent malheureusement pas les joies d'une distribution française depuis l'avènement des supports numériques. Avis aux éditeurs : un coffret dédié aux pépites du fantastique signées Dan Curtis ne serait pas de refus, ni volé pour ce réalisateur injustement méconnu...
N.F.T.

EN BREF
titre original : Trilogy of terror
titre français alternatif : Poupée Zombie
distribution : Karen Black, Robert Burton, George Gaynes, John Karlen, Jim Storm, Kathryn Reynolds, Tracy Curtis...
pays d'origine : États-Unis
budget : N.C.
année de production : 1975
date de sortie française : 1986 ( VHS chez Challenge Productions)
durée : 72 minutes
adrénomètre : ♥♥
note globale : 4/5 (pour le segment 3)

† EXORCISME †
▲ Souvent surprenant
▲ Le segment Amelia
▲ Flippant (Amelia)

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Court
▼ Prévisible (Millicent and Therese)
▼ Pas distribué chez nous

LE FLIP
La poupée...

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