MONSTERZ (2014/2018 - e-cinema) d'Hideo Nakata [Critique]

Évaluation du dossier : 3.5/5 []

Un homme qui a la capacité de contrôler les gens par la seule force de son regard mène une vie solitaire. Il fait usage de son pouvoir, parfois pour rendre service, souvent pour son petit confort, tout en s'assurant que personne ne se souvienne d’avoir été manipulé. Mais sa vie monotone prend une tournure particulière lorsqu'il croise le chemin de Tanaka, qui semble être le seul à pouvoir résister à ses pouvoirs. Troublé et furieux, l’homme décide alors de l'éliminer…

Avec Monsterz, Hideo Nakata délaisse l'horreur pour la science-fiction, mais nous gratifie toujours d'un savoir-faire unique en matière d'angoisse.


Trop rares chez nous, les œuvres d'Hideo Nakata portent pourtant la marque d'un grand cinéaste de l'angoisse. Inutile de revenir sur sa filmographie où, souvent, une mise en scène tirée au cordeau se met au service d'histoires aussi tragiques que glaçantes. Dark Water, Ring et dans une moindre mesure la suite de son remake, Le Cercle 2, qu'elle éclipsait, toutes sont des œuvres majeures du cinéma d'épouvante. Un an après The Complex, qui voyait le réalisateur élever son concept horrifique à un voyage névrotique dans la psyché de ses personnages, il prenait une direction opposée avec pour matériau un pitch réduit à un duel à mort, avec lequel il semble s'amuser, bien qu'il ne puisse s'empêcher de le nourrir d'un sous-texte pas toujours inspiré, ratant même quelques scènes d'actions qui le font flirter avec le Z. Si certains pourront trouver cela rédhibitoire, d'autre lui trouveront sans doute un certain charme artisanal.


Monsterz est un remake de Haunters, écrit et réalisé par le Coréen Min-suk Kim en 2010. Yûsuke Watanabe (20th Century Boys) se charge de l'adaptation du scénario et met en confrontation permanente deux forces de la nature, deux êtres surnaturels que tout oppose. Le registre est donc moins horrifique qu'à l'accoutumée, sans faire l'impasse sur l'aspect tragique et en aménageant quelques respirations via de petites touches humoristiques dont le cinéaste est peu coutumier. Nakata associe souvent le monstre, solitaire depuis l'enfance, à un être erratique, aux réactions puériles faisant de Monsterz une œuvre sur la crise existentielle d'un mutant, forme évoluée de la race humaine, dont la vie l'oblige à assumer son fardeau : son pouvoir dont il est la première victime. Un sujet et un traitement qui ne sont pas sans rappeler Incassable de M. Night Shyamalan, que Nakata assurait à l'époque n'avoir pas vu. Mais on y trouve d'autres influences évidentes dans les comics et les mangas, dont X-men et Akira, ce dernier étant d'ailleurs le livre fétiche du monstre.


Niveau peur, sans atteindre les sommets d'un Ring, une véritable tension se met en place lorsque le monstre utilise son pouvoir. Les réactions de ses victimes imprévisibles, mais surtout involontaires, combinées à la musique hypnotique du compositeur Kenji Kawai  (Dark Water, Avalon) génèrent alors une sensation sinistre de cauchemar éveillé. Une recette éprouvée puisque The Complex jouait déjà de cette peur née des comportements imprévisibles et étranges des personnages. On retiendra aussi une scène finale mémorable et dérangeante dans un théâtre, dont l'utilisation de la caméra et la froideur macabre des évènements, qui ne sont pas sans évoquer Dario Argento, ravira les amateurs de bizarreries collectives. Dans le rôle titre du monstre, on retrouve Tatsuya Fujiwara, une tête connue des fans de Battle Royale et Death Note et dont la performance, ici assez figée et peu expressive, excepté le mode gros yeux qu'il use jusqu'à la corde, ne marquera sûrement pas l'histoire du cinéma. Loin d'être l'œuvre la plus aboutie de Nakata, Monsterz vaut quand même le coup d'œil pour son atmosphère hallucinée. Et il se glisserait à merveille dans un coffret de l'intégrale des œuvres cinématographiques du cinéaste. Avis aux éditeurs cinéphiles !
N.F.T.

EN BREF
titre original : Monsterz
distribution : Kentez Asaka, Mina Fujii, Tatsuya Fujiwara, Satomi Ishihara...
pays d'origine : Japon
budget : N.C.
année de production : 2014
date de sortie française : 23 février 2018 (e-cinema)
durée : 112 minutes
adrénomètre : ♥
note globale : 3.5/5

† EXORCISME †
▲ Angoissant
▲ Audacieux
▲ La musique de Kenji Kawai

 - DÉMYSTIFICATION -
▼ Jeu mono-expressif de Tatsuya Fujiwara
▼ Scénario assez basique
▼ La motivation puérile du "Monstre"


LE FLIP
La meurtrière opiniâtreté du monstre...

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