[Critique] POSSÉDÉE (2012) de Ole Bornedal

ADRÉNOMÈTRE  ♡ ♡ ♡ 

NOTE  TV TV TV TV TV 

Clyde et Stephanie Brenek ne s'inquiètent pas plus que cela lorsque leur fille cadette, Em, témoigne d'un attachement particulier envers un coffret en bois, acheté lors d’un vide-greniers. Mais rapidement, Em adopte un comportement de plus en plus agressif et son père suspecte la présence d’une force malveillante, attachée à cet objet. Isolé et suspicieux, il découvre bientôt que la boîte contenait un Dibbuk, un esprit malfaisant qui dévore son hôte humain pour l'habiter.

Avec encore en tête la sortie au cinéma du médiocre Devil Inside, difficile de ne pas s'attendre à un énième fiasco sur  le thème de la possession en allant voir Possédée, d'autant que malgré la présence de noms  flamboyants à la production comme Robert Tappert et Sam Raimi, via le studio Ghost House Pictures, on sait que cela n'a pas toujours été un gage de qualité.
On peut citer comme exemple Les Messagers, ou pire, sa séquelle, Les Messagers 2 : Les Origines du Mal, de triste mémoire. Cependant, à l'issue de la projection, et malgré ses quelques défauts, on lui reconnaît une première qualité : le choix d'intégrer cet élément fantastique dans le giron d'un drame familial, soit un divorce et l'éclatement familial que cela induit. Ce qui apporte un cachet dramatique la plupart du temps payant, d'autant plus si cela est mis en image par un réalisateur capable d'exprimer un véritable point de vue à l'écran. Autre point positif, contrairement aux films qui lâchent tout dès le début, pour ne proposer ensuite qu'un abîme d'ennui sans fond, il existe une vraie progression tout au long du film, jusqu'à la résolution finale, plutôt dynamique, qui se déroule dans un hôpital.

À ce propos, on passera sur la réflexion d'un médecin qui parle des problèmes d'effectifs, justifiant du même coup, assez lourdement, le fait que le père traverse l'hôpital avec sa fille possédée, donc bruyante et agitée, dans les bras, sans inquiéter personne, et surtout pratique un exorcisme à l'intérieur du bâtiment sans éveiller le moindre soupçon... On passera aussi sur le coutumier et racoleur carton "inspiré de faits réels" (ben voyons !), pour se focaliser sur l'une des originalités du film, qui se situe dans sa manière d'aborder son thème. Contrairement à la plupart des métrages du genre, celui d'Ole Bornedal ne s'intéresse pas tout de suite à la possession de la jeune Em et préfère s'attarder, dans sa première moitié, sur la séparation de Clyde et Stephanie, qui pèse sur leurs enfants, sur l'étrange boite, dont les premières images du film ont illustré tout le danger qu'elle représente, son influence sur la gamine, et surtout les phénomènes mystérieux et inquiétants qui s’enchainent depuis son ouverture.

L'effroi est donc au rendez-vous, et le film propose quelques moments de suspense plutôt réussis. On peut retenir cet horripilant dîner en famille, une séance d'IRM glaçante, ou encore une scène où Clyde recherche sa fille dans l'obscurité d'une morgue. Côté mise en scène, Bornedal offre un travail soigné, avec des effets de montage abrupts et une photo, qui, associée à la musique, lui donne un cachet de film d'horreur old school appréciable, quitte à entretenir un air de déjà-vu qui se fait sentir jusqu'au dernier plan du film, aussi prévisible que regrettable, pour un métrage qui essaye d'apporter du sang neuf au genre.

Niveau casting, cela passe par l'improbable, avec Tzadok, un personnage de rabbin branchouillard, interprété par Matisyahu, auquel on peine à croire, et qui a la manie étrange de remettre ses mèches en hochant de la tête. Pour sa part, l'interprétation de Jeffrey Dean Morgan (Watchmen, Weeds), souvent juste, perd cependant un peu de crédibilité lors de la séquence à New York, face aux rabbins, et qui, globalement, ne fonctionne pas du tout. En revanche on peut relever une partition sans fausse note pour Kyra Sedgwick (The Closer, The Woodsman), dans le rôle d'un mère encore troublée par son divorce, et de la jeune Natasha Calis, qui parvient à passer d'un personnage angélique, qui accepte difficilement l'aspect immuable du divorce de ses parents, à quelqu'un de plus inquiétant, puis de méconnaissable un fois sous l'emprise totale du  Dibbuk.

Si le traitement sous l'angle du drame familial est toujours appréciable et renforce son réalisme – le divorce vu au travers des yeux des enfants évoque, par ailleurs, immanquablement le cinéma de Spielberg –, le film bénéficie également, à quelques petits défauts près, des efforts de mise en scène et de casting. Malheureusement, certains détails viennent assombrir le tableau, comme la scène de l'hôpital, peu crédible, tout comme celle des rabbins et le personnage étrange de Tzadok. Est-ce que cela en fait un navet ? Sûrement pas, car Possédée demeure malgré tout un film sympathique, doté de véritables moments de tension, ponctué d'images choc, avec une vraie histoire à raconter et essayant d'y mettre les formes. Un film à découvrir en somme, ne serait-ce que pour ses qualités...

N.T.

EN BREF

titre original : The Possession

pays d'origine : États-Unis

année de production : 2012
budget : 14 000 000 $

date de sortie française : 26 décembre 2012

durée : 90 minutes

adrénomètre : ♥♥

note globale : 3/5

† HANTISE †

▲ Efforts de mise en scène

▲ Casting

▲ Tendu

 -  DÉMYSTIFICATION -

▼ Pas toujours crédible

▼ Inspiré de faits réels...

▼ Démarrage un peu long

LE FLIP
La boite qui parle et qui chante...

LIRE AUSSI
Le Dernier Exorcisme
L'Exorcisme
L'Exorcisme d'Emily Rose