[Critique] MUSARANAS (2014/2016 - DTV) de Juan Fernando Andrés & Esteban Roel

Évaluation du dossier : 3/5 []

Deux sœurs, dans l'Espagne d'après-guerre, recueillent un homme blessé dans leur appartement. Mais la plus âgée, agoraphobe, va bientôt révéler un comportement autrement plus agressif.

Le cinéma espagnol regorge d’œuvres qui se démarquent par leur versatilité. On remarque souvent ce mélange homogène des genres où se côtoient horreur, drame, thriller et même parfois humour sans que cela ne choque.
Introduit par Álex de la Iglesia, Musarañas tente de s’inspirer de la virtuosité de certains grands cinéastes avec plus ou moins de réussite pour un rendu final toutefois acceptable.

Si Musarañas se traduit par « musaraignes », il ne sera ici évidemment pas question d’un documentaire animalier, le rongeur étant une métaphore pour symboliser l’isolement social du personnage principal Montse, une jeune femme souffrant d’agoraphobie et paradoxalement terrorisée par la solitude. Quand la petite sœur de celle-ci va menacer de quitter le cocon sororal, la venue soudaine d’un jeune homme va apparaître à Montse comme une opportunité de bénéficier d’un peu de chaleur humaine.


Les deux réalisateurs Esteban Roel et Juan Fernando Andrés nous livrent ici leur premier long-métrage qui, malheureusement, souffre de sa trop grande ressemblance avec le Misery de Rob Reiner (Stand by Me, Princess Bride), adaptation du roman éponyme de Stephen King. C’est assez dommage, car les quelques atouts de mise en scène font de Musaranas une réelle réussite technique. Le duo de cinéastes ne se contente pas de filmer les images à la suite sans intention et chaque plan sert son propos. Citons les apparitions de Montse au second plan qui accentuent la menace qu’elle représente ou encore le travail sur le cadrage des scènes en présence du père décédé, personnification du mal-être de sa fille aînée. De plus, l’ombre d’Álex de la Iglesia (La Chambre de l’enfant, Le Jour de la bête, Les Sorcières de Zugarramurdi) plane sur le film, essentiellement sur l’enchaînement de concours de circonstances conduisant tout droit à une situation des plus extrêmes.

On ne peut pas non plus citer Misery sans parler de la psychopathe Annie Wilkes, interprétée par Kathy Bates (Apparitions, American Horror Story). À son image, c’est Macarena Gómez, dans le rôle de Montse, qui va s’approprier le potentiel flippant du métrage. Ce personnage torturé aux pratiques catholiques un peu trop rigides ne manquera pas de vous rappeler la mère de Carrie dans le classique de Brian De Palma (Furie, Pulsions). Du début à la fin, cette femme lunatique à la personnalité ambiguë crée le malaise et la moindre de ses fulgurances fait monter la tension de plusieurs crans. Le personnage du père jouit également d’un certain cachet. Fantôme, mauvaise conscience, ou tout simplement matérialisation de la schizophrénie de sa fille, cet homme pervers et détestable, joué par Luis Tosar (Malveillance), est à l’origine des scènes les plus intenses.


Pour ce qui est des autres personnages, et l’on arrive au problème majeur du film, il y a de quoi rester perplexe. Les seconds rôles de la sœur cadette et du jeune homme hôte malgré lui, interprétés respectivement par Nadia de Santiago et Hugo Silva, souffrent de gros défauts d’écriture. Leurs réactions totalement insensées ayant pour but de faire avancer le récit auront tendance à pousser l’irritation du spectateur au-delà du tolérable.

En conséquence, et ce malgré d’indéniables qualités de réalisation, les grosses facilités et les seconds rôles en carton engendrent un résultat en demi-teinte. Il arrive fréquemment que le cinéma espagnol détienne le monopole du bon goût. Si vous êtes de cette école, n’hésitez pas à laisser sa chance à ce premier essai imparfait mais toutefois plein de promesses pour l’avenir.
N.M.


EN BREF
titre original : Musarañas / Sangre de mi sangre
pays d'origine : Espagne / France
budget : Petit
année de production : 2016
date de sortie française : 6 avril 2016 (DTV -Koba Films)
durée : 91 minutes
adrénomètre : ♠
note globale : 3/5

 † EXORCISME
▲ Réalisation soignée
▲ Les personnages de Montse et de son père
▲ Jusqu’au-boutisme du scénario

- DÉMYSTIFICATION -
▼ Les seconds rôles
▼ Pas assez effrayant
▼ Trop grande ressemblance avec le film Misery

LE FLIP
Les conflits musclés entre les deux sœurs.

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