CANDYMAN (1992/1993) de Bernard Rose [Critique]

Évaluation du dossier : 4.5/5 []

Helen Lyne, étudiante à l'université d'Illinois à Chicago, décide de consacrer sa thèse aux légendes locales. En se rendant dans les quartiers défavorisés de la ville, elle se passionne pour la légende de Candyman, un homme cruel et effrayant qui apparaît lorsqu'on prononce cinq fois son nom en face d'un miroir. Cartésienne, Helen choisit de ne pas croire à l'existence de ce personnage. Mais son univers bascule dans l'horreur quand une série de meurtres horribles commence et pour lesquels elle a beaucoup de peine à prouver sa propre innocence... 

Bien avant le (néo) slasher Urban Legend, un autre film s'était intéressé de près aux légendes urbaines. Réalisé en 1992 par Bernard Rose, Candyman s'applique davantage à appuyer l'aspect tragique de son histoire qu'à proposer un vulgaire enchaînement de meurtres.


Grâce à un scénario parfaitement affûté, on se retrouve, tout comme l'héroïne, très rapidement dépassé par les événements et l'on tente d'évaluer avec le peu d'indice qui nous sont alloués, l'innocence et la réelle capacité d'Helen à commettre de telles atrocités. On passe donc une bonne partie du film à hésiter entre hallucinations et manipulation, l'étudiante devenant, dans le second cas, un vulgaire pantin pour Candyman, croquemitaine romantique et sadique, qui semble prendre un malin plaisir à rendre sa proie responsable de ces crimes atroces.


La mise en scène de Bernard Rose n'a rien de tape à l’œil, mais additionnée au score culte et entêtant de Philip Glass et à un casting absolument parfait (Tony Todd et Virginia Madsen en tête), l'ensemble dégage au-delà d'un sentiment de tristesse et d'angoisse, une véritable sensation de mélancolie macabre. On partage ainsi le trouble puis la véritable souffrance psychologique d'Elen, accusée d'homicide volontaire alors qu'elle se trouve sur le lieu des drames sans se souvenir d'y avoir pris part. 

Graphiquement certaines scènes son assez gores et sanglantes, mais on ne peut s'empêcher de ressentir aussi une certaine fascination, due en partie au spleen qui se dégage des quartiers pauvre et bétonnés de Chicago. Pas simple d'instaurer un sentiment de terreur dans un endroit aussi moderne et pourtant cela fonctionne... Car une fois que le spectateur a pris la mesure de la folie du monstre qui s'y tapit, il sait que tout peut dès lors s'y passer et à n'importe quel moment.





L'ensemble s'autorise de généreuses scènes plus orientées fantastique comme celle du baiser avec Candyman soulignant la dualité de la relation qui le lie à Helen, qu'il veut garder auprès de lui en tant que légende immortelle.... Une relation qu'elle doit principalement à sa trop grande curiosité et son souci de soutenir une thèse pertinente sur les légendes urbaines, qui la pousse à se jeter dans la gueule du loup alors qu'elle pense pister une légende qui ne vit que dans l'imagination de la population. Sa situation de plus en plus désespérée va la mener doucement à la solitude et à l'abandon des siens jusqu'à finir par regarder, meurtrie, au fond du trou, face à un spectateur médusé devant un tel étalage de souffrance et d'injustice.

Car au final, toute la magie et toute la force du film se situent ici, dans sa capacité à nous faire ressentir une certaine empathie, voire de la pitié pour Elen, face aux souffrances que Candyman lui impose. Un prix à payer pour devenir à son tour une légende, certes, mais qui nous ramène également à l'injustice qui a fait de Candyman le monstre que l'on connaît. Dans les dernières minutes, la terrible épreuve que lui font subir ses congénères devient même bouleversante, lui faisant atteindre le statut de martyr, au sens large, de la vindicte populaire. Rarement le cinéma d'horreur n'a proposé une fin aussi réussie. Touchant, intelligent, interprété avec talent, on sort difficilement indemne de ce véritable chef-d’œuvre de l'horreur urbaine.
N.F.T.


EN BREF
titre original : Candyman
pays d'origine : États-Unis
année de production : 1992
date de sortie française : 20 janvier 1993 - 19 février 2019 (Mediabook - ESC Editions)
durée : 98 minutes
budget : 6 000 000 $
adrénomètre : ♥
note gloable : 4.5/5


† HANTISE
▲ Sombre et poétique
▲ Intelligent
▲ Chef d’œuvre de l'horreur urbaine

-  DÉMYSTIFICATION -
▼ Lent
▼ Petit coup de vieux
▼ ...


LE FLIP 
Une visite glauque dans l'antre du croquemitaine...

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