[Critique] THE BAY (2012/2013) de Barry Levinson

ADRÉNOMÈTRE  ♡ 
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La petite ville côtière de Chesapeake Bay doit sa prospérité à son exploitation aquatique. Lorsque deux biologistes relèvent un affolant niveau de toxicité de l'eau et tentent d’alerter le maire, ce dernier refuse de semer la panique dans sa paisible cité. Une épidémie mortelle ne tarde pas à se répandre, qui voit les habitants se transformer en hôtes de parasites mutants. Chesapeake Bay sombre alors dans l'horreur…

Qui ne s'est jamais demandé, et à juste titre, l'effet que ferait un documenteur horrifique, s'il était mis en scène par un réalisateur confirmé ? The Bay apporte un élément de réponse plutôt concluant à cette question.
Et c'est Barry Levinson (Le Secret de la Pyramide, Sphère, Sleepers), 70 printemps en 2012, qui vient donner une leçon de cinéma aux petits nouveaux, souvent convaincus qu'il suffit de triturer une caméra dans tous les sens pour faire un bon film d'horreur. Sans doute porté par l'expérience en la matière de la branche "Automatik" de la société IM Global, à qui l'on doit notamment Insidious, Paranormal Activity, Sinister ou encore Lords of Salem, excusez du peu, il faut bien admettre que le métrage surpasse tout ce qui a été fait jusqu'à aujourd'hui dans le domaine.

Sa première qualité est sans doute l’absence de générique en début de bobine, un choix judicieux pour aider le spectateur à oublier qu'il visionne une fiction de cinéma. D'autre part, les acteurs ne sont pas, comme souvent, en roue libre et livrés à eux-mêmes avec un jeu approximatif. L'actrice principale est extrêmement convaincante et du coup c'est tout le film qui gagne en crédibilité et en réalisme. 
  

De ce côté justement, The Bay est une belle réussite. Aucun défaut majeur ne vient remettre en cause ce que le spectateur regarde. On est immergé au cœur de la vie paisible de cette petite ville balnéaire, au travers de témoignages vidéo, de reportages, d'interviews, tout est parfaitement ancré dans le réel, de la miss crustacés, comparable ici à notre miss andouille, jusqu'au spéculations les plus ridicules qui vont naître à l'apparition des premiers signes de la catastrophe : réchauffement climatique, Al-Qaïda et complots terroristes, sectes sataniques, même notre José Bové national et ses mises en garde concernant la malbouffe sont évoqués. Finalement, l'enchainement des facteurs qui vont mener droit à la catastrophe suffit pour remplir le spectateur d'effroi tellement cela semble plausible et pourrait se dérouler dans la réalité. À ce titre, The Bay peut aussi être considéré comme un film d'anticipation horrifique, très persuasif.
 
Pour le situer, The Bay emprunte autant aux Dents de la Mer qu'à Alien. Soit le film catastrophe et l'horreur parasitaire, réunis dans un même cocktail qui s'avère de plus en plus explosif à mesure que l'intrigue avance. Si on remonte encore plus loin, difficile de ne pas lui trouver également quelques similitudes avec The Flesh Eaters (1964) de Jack Curtis dans lequel déjà, l'eau abritait des organismes mangeurs de chair. Évidemment, on n'oublie pas non plus son format documentaire dont la construction et les rebondissements de plus en plus alarmants, le rapprochent d'un autre faux documentaire, malheureusement toujours inédit chez nous, The Tunnel. À relever quelques effets spéciaux, la plupart du temps réduits à des maquillages assez repoussants, mais redoutablement efficaces. 


Niveau scénario, le film est parfaitement structuré, sans d'ailleurs prendre de risque à ce niveau puisqu'il suit peu ou prou la chronologie des faits qui vont mener au pire. Il propose un montage d'image jusqu'alors rendues secrètes, retrouvées, mises en ligne sur internet et commentées par une survivante de cette terrible journée. Nous faisons donc face à un documenteur multipliant les points de vue, mêlant found footage, commentaires et interviews, expliquant le drame depuis ses origines, les facteurs qui vont conduire cette journée du 4 juillet 2009 à la tragédie, le spectateur étant invité à découvrir jusqu'au dernières images qui auront été filmées cette nuit là. L'évolution d'une épidémie mortelle, comme si vous y étiez...



La tension se met en place très progressivement, jusqu'à ce que le premier parasite entre en jeu et montre toute l'étendue de la menace qu'il constitue. Dès ce moment, on commence à flipper, une peur de l'inconnu mêlée d'un certain dégoût pour la chose et ce qu'elle pratique à l'intérieur des corps vivants. Une peur qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler le space opéra horrifique de Ridley Scott et la fascination pour la contamination qui jalonnera une partie de la carrière de David Cronenberg.

The Bay, associant le talent de réalisateur de Barry Lenvinson à des producteurs spécialisés dans le film de trouille contemporain, est une réussite dans le domaine du documenteur horrifique. Parce qu'il fonctionne autant sur le fond que dans sa forme, mais surtout parce qu'il est un véritable film de terreur qui, à ce niveau, s’élève au niveau des plus grands films du genre. Et au-delà de son aspect divertissant, The Bay interroge, d'un discours certes radical, l'état dans lequel sont aujourd'hui nos océans, après que l'homme y ait déversé suffisamment de pétrole, de déchets toxiques et de radioactivité pour en perturber profondément l'écosystème... Ainsi, il n'est plus nécessaire de redouter la présence d'un requin quand vient l'heure de la baignade, le Mal est aujourd'hui devenu invisible, dilué dans l'eau... enfin sauf dans la paisible petite ville côtière de Chesapeake Bay on il a fini par se retourner contre l'homme...
N.T. 
EN BREF
titre original : The Bay
pays d'origine : États-Unis
année de production : 2012
date de sortie française : 19 juin 2013
durée : 81 minutes
budget : 2 000 000 $
adrénomètre : ♥♥
note lobale : 4/5


† HANTISE
▲ Mariage producteur/réalisateur réussi
▲ Sujet passionant
▲ L'approche documentaire réaliste

 -  DÉMYSTIFICATION -
▼ Manque de scènes choc
▼ Un certain temps avant de décoller
▼ Déconseillé aux détracteurs du found footage


LE FLIP
La première attaque du parasite tueur.

LIRE AUSSI
Apollo 18
The Visit
The Sacrament


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L'avis du petit Scaretrapper
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The Bay est un film qui se laisse regarder. En terme d'horreur, âmes sensibles, s'abstenir ! Car on y voit des choses vraiment dégoutantes, et côté tension ça reste très bon également. C'est le genre de film qui vous fait imaginer des choses horribles qui pourraient arriver si vous vous baignez et à vous tenir éloigné de l'eau pendant un bon moment. Et puis avec le casting et le très bon jeu d'acteur, on entre dans un tourbillon de choses terrifiantes et peu ragoutantes pour une histoire banale, mais très bien racontée.
Le scénario, justement, reste assez classique dans son genre, même si la façon dont le film se développe ne laisse pas vraiment le temps de se lancer dans des hypothèses, étant donné que tout se succède dans un ordre réfléchi et immerge le spectateur sans lui laisser aucun répit. Jusqu'à ce que les questions sans réponses prennent tout leur sens, bien que comme dit plus haut, ce ne soit pas vraiment plus original. 



J'ai toutefois été un peu déçu de ne pas avoir affaire à un blockbuster avec des tas d'infectés courir dans les rues et à une infection à la Resident Evil pour terminer comme dans The Walking Dead par exemple... Au contraire, The Bay est vraiment réalisé comme un documentaire jusqu'au bout, et donc celui qui s'attend à quelque chose avec énormément d'action, de morts-vivants et ce genre de choses, sera probablement déçu.
Mais dans l'ensemble ça reste un très bon faux documentaire, intelligent, bien réalisé et qui nous tient en haleine pendant l'intégralité de son déroulement. Ce qui nous change des pseudos films d'horreur qui sortent en ce moment.  Toutefois n'y allez pas en vous attendant à un film apocalyptique mondial dans lequel la survie est la priorité ! Ici, c'est vraiment un documentaire qui nous raconte ce qu'il se serait réellement passé dans la baie du Maryland en 2009.

Le flip : L'état des langues des infectés...
Note Globale : 4/5
L’adrénomètre : **
Deadwalker, 15 ans.

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Commentaires

  1. Super film que j'ai découvert grâce à Terreurvision !
    Film intéressant surtout la dernière demi-heure.
    Au niveau de la peur il n'y a que quelques passages qui surprennent mais c'est vrai que certaines scènes sont assez crades avec les boules qui poussent sur le corps des atteints.
    Pour moi le flip c'est dans la voiture à la fin et la première fois qu'on voit la créature morde un type sur un bateau.
    Je ne trouve pas le film aussi flippant que je m'y attendais mais c'est peut-être que ce genre de film ne me fait plus rien à force d'en voir. ^^ Toutefois le film possède vraiment une ambiance comme on dit :D
    (J'aurais quand même adoré voir une scène en camera épaule où les deux flics entrent dans la maison ^^)
    Barry Levinson très bon réalisateur qui avait déjà fait (Sphère), un très bon film de science-fiction que je recommande.
    Film à voir si vous aimez l'horreur et surtout la SF. Pour moi il mérite son 4 sur 5 et excellente critique ;D

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    Réponses
    1. Merci, nous sommes heureux, de notre côté, si l'on transmet au public notre enthousiasme et l'envie d'aller voir ces films en marge de la production classique, et que certains préfèrent descendre sans, finalement, y avoir compris (ou cherché à comprendre) grand chose. ;) Mais bon, comme on dit, les goûts et les couleurs... Sinon tout à fait d'accord pour la facette SF du film et une scène dans la maison avec les flics (ou même une série de photos post intervention) n'aurait pas été du luxe, dommage. N.T.

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  2. Le scenario de base de The Bay n'est pas sans rappeller celui d'un nanard en puissance sortit il y a quelques années ou des cafards mutants s'échappent d'un cargo en plein naufrage en se dissimulant dans le corps d'un des marins. arrivés sur une petite ile ou un nouveau residnet vient d'emmenager ils paralysent les habitants et leur reine pond en eux. surgissant du sol des murs ou des cadavres de leurs victimes ils se montrent impitoyables. Cependant comme tout nanard qui se respecte le scenario aurait pu être mieux exploité les acteurs sont de piètre qualité et le travail fort peu soigné c'est pourquoi ayant déjà vu un film similaire a The bay (dénommé éclosion) j'ai peur d'être déçu en retombant sur le même scenario le même ennemi la même solution et encore sur de mauvais acteurs. Je reste donc mitigé par rapport a The Bay et préfère réserver son visionnage a un moment ou je n'aurait vraiment rien à faire. A moins bien sur que vous ne me démontriez le contraire.

    Cordialement,

    Un de vos recent lecteurs

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