SANS UN BRUIT 2 (2020/2021) de John Krasinski [Critique]

 Évaluation du dossier : 3/5 [♥♥]

Après les événements mortels survenus dans sa maison, la famille Abbot doit faire face au danger du monde extérieur. Pour survivre, ils doivent se battre en silence. Forcés à s’aventurer en terrain inconnu, ils réalisent que les créatures qui attaquent au moindre son ne sont pas la seule menace qui se dresse sur leur chemin.

Refoulé des salles durant plus d'une année (les cinémas étaient fermés et nous avions notre propre chaos à gérer !), Sans un bruit 2 débarque enfin. Le résultat final est-il aussi bon que l'attente fut longue ? Verdict !


Force est de constater que le réalisateur (et acteur) John Krasinski semble plus à l'aise avec sa caméra. Désormais, il soigne davantage ses scènes d'action, plus nombreuses et véritables démonstrations de son savoir-faire, malheureusement au détriment de la psychologie de ses personnages qui en prend un coup, avec des actions/réactions étranges, voire parfois risibles. S'il est bien possible que cela soit fait exprès – on rit souvent jaune devant un film d'horreur après tout – le sentiment de tristesse ininterrompu surligné ad nauseam, aux limites de l'impudique, ronge un peu de cet attachement aux personnages, construit patiemment au fil du premier volet. Ajoutez à cela un effet de surprise qui se volatilise juste après l'impressionnante scène d'introduction, nous laissant face à une œuvre qui fait juste ce qu'il faut du job pour s'assurer d'activer la planche à billet, et on ne parvient plus à se défaire d'une impression de lenteur persistante, voire de vide narratif.


Et justement, son récit, l'auteur prend le parti de l'ouvrir sur le jour 1 : une étrange lueur dans le ciel qui vient perturber un match de baseball dans un trou perdu de l'Amérique. Une ouverture brillante, à la mise en scène tirée au cordeau, qui  plonge le spectateur au coeur de la catastrophe qui va suivre. Malheureusement, bien qu'il s'agisse sans doute de l'un des meilleurs moments du film, on retrouve un problème déjà rencontré avec Ça : Chapitre 2 (corrigé à coup de numérique dégoulinant) et Stranger Things : les jeunes acteurs en pleine poussée de croissance paraissent chronologiquement plus grands avant le premier volet et même après, alors qu'il ne s'est écoulé que quelques minutes entre les deux films.


Difficile, devant la difficulté insurmontable que représente l'exercice, d'être trop sévère à ce sujet, d'autant que malgré des personnages pas toujours finement écrits, les prestations sont quant à elles plutôt convaincantes. On retrouve donc Emily Blunt (Wind Chill, Wolfman) qui doit cette fois assumer seule ses choix pour la survie de sa famille. La jeune Millicent Simmonds, remarquable, devient l'héroïne du film et le choix de Krasinski de donner le rôle à une actrice réellement atteinte de surdité est payant et prend toute sa dimension dans ce volet. Non seulement il met un coup de projecteur "normalisant" sur ce handicap jusqu'à en faire ici l'unique clé à la survie, livrant dans la foulée un film d'horreur intégralement signé, mais il offre aussi, pour les entendants, de véritables plongées sensitives au cœur de ce handicap. Une noble attention qu'il serait injuste de ne pas prendre en compte dans l'équation. Noah Jupe (Titan, No Sudden Move) reprend également le rôle du petit frère et se débat avec un personnage trouillard assez caricatural, on retient toutefois la scène du piège, hautement sadique qui fait balancer le spectateur entre rire et horreur de la situation. Enfin, on souligne la présence appréciable de Cillian Murphy (28 jours plus tard, Sunshine, Batman Begins) ou encore Djimon Hounsou (Les Gardiens de la galaxie, Shazam!), mais là encore, l'écriture est assez grossière, voire anecdotique pour le second et on ne peut s'empêcher de penser qu'ils auraient mérité un meilleur traitement.


Étrange sensation en sortie de séance de Sans un bruit 2, avec un sentiment d'accumulation de choix bancals, peut-être effectués dans la précipitation, qui viennent alourdir une suite pourtant pleine de promesses dans ses possibilités d'évolution narrative mais aussi en matière d'action. Si on est loin du compte concernant les premières, les secondes sont quant à elles tenues, ne serait-ce que pour la mémorable introduction et ses violentes attaques extraterrestres. Malheureusement, l'ensemble manque finalement d'équilibre et développe une étrange dichotomie entre la technique (orientation plus spectaculaire) et le récit (régression dans le traitement des personnages) qui le rend aussi saisissant que dispensable. Un troisième volet étant d'ores et déjà en chantier, espérons qu'il viendra remettre les curseurs à niveau. 
N.F.T.



EN BREF 
titre original : A Quiet Place Part II
réalisation : John Krasinski
distribution : Emily Blunt, Millicent Simmonds, Cillian Murphy, Noah Jupe, Djimon Hounsou...
photographie : Polly Morgan
musique : Marco Beltrami
pays d'origine : États-Unis
budget : N.C.
année de production : 2020
date de sortie française : 16 juin 2021
durée : 97 minutes
adrénomètre : ♥♥ 
note globale : 3/5

† EXORCISME † 
▲ Séquence d'ouverture
▲ Plus spectaculaire
▲ Le traitement de la surdité 

- DÉMYSTIFICATION - 
▼ Personnages mal écrits
▼ Trop de pathos tue le pathos
▼ Les enfants plus grands dans les flashbacks

LE FLIP
Les fuites en voiture...

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